CHRONIQUES CONCERTS
Demon's Claws + The
Fatals + The Hulks, Gambetta, Paris, 23.11.05:
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Le Gambetta, c'est un peu
comme le Mc Do. Quand on n'y a pas mis les pieds depuis un moment et même
si on n'apprécie pas trop l'endroit, on est quand même content d'y aller de
temps en temps. Problème, on en ressort toujours un peu
dégouté. Et souvent en se disant qu'on n'est
pas prêt de revenir. La comparaison s'arrête là. Parce qu'il n'y a qu'un seul
Gambetta. Et que c'est visiblement le seul endroit où l'asso
Get Action peut
programmer ses shows (d'ailleurs souvent bien choisis), à défaut de trouver
mieux. Ah le Gambetta, ce rade poisseux et puant, enfumé à s'en péter les
poumons, qui vend de la bière dégueu et dont le patron désagréable monte la
garde sur son tabouret à l'entrée tel un bon roquet... Putain,
les clubs en Belgique (4AD à Diksmuide, Pit's à Courtrai),
ça a vraiment une autre allure. Mais passons...
Le live débute vers 21h30, les Hulks montent
sur scène, tout de vert vêtus. Euh non, tout de vert peints avec le short en
jean qui va avec! A la Hulk quoi! Je ne sais pas ce qu'ils se mettent sur le
corps mais j'espère pour eux que ça part bien au lavage! On a là affaire à un
power trio, c'est le cas de le dire. Leur musique est assez indescriptible.
Un savant mélange de crust, hardcore, doom, stoner,
garage, punk minimaliste. Ca rappelle Lightning Bolt. Ils hurlent dans
leurs micros, les premiers morceaux sont assez brouillons. Mais ils prennent peu
à peu plus d'assurance, tâtent du public et la seconde partie du set est
largement plus construite. Le long morceau final à base de "hou, hou" est même,
n'ayons pas peur des mots, excellent! A suivre donc.
Viennent ensuite les Fatals. Difficile de les revoir dans ces conditions après le show fulgurant (leur meilleur à ce jour) qu'ils ont donné au Nouveau Casino en septembre dernier. Cela va sans dire qu'ils assurent toujours en diable, Marco s'égosille, Piero est habité comme à son habitude, Vince enchaîne les accords sans sourciller et Stef martèle sec au milieu de cet apparent bordel parfaitement maîtrisé. Efficace, bruitiste comme il faut et plaisant. On leur reprochera juste une setlist un peu bancale qui gagnerait à être réduite de 2 ou 3 morceaux pour que le show gagne en puissance dans sa globalité. Mais bon, au stade où ils en sont, difficile de toujours faire mieux. Un très bon show tout de même! Cela dit, péter les rares spots du Gambetta à coups de basse, aucun intérêt, what's the point?
La tête d'affiche, Demon's Claws, s'illustre dans un registre moins brutal. Toujours garage, un peu trash, beaucoup plus blues. L'album de ces canadiens sorti sur P-Trash (LP) et Dead Canary (CD), sans être révolutionnaire, n'est pas mal du tout. On pense paradoxalement à un one man band, la puissance en plus. Et l'originalité aussi. Car dieu sait que le style peut parfois être redondant, soporifique, voire poussif. Ce n'est pas le cas ici. Leur son live est moins clair que celui du disque et ça passe plutôt bien. Malheureusement, le micro continue à faire des siennes, le show sera donc en partie quasi instrumental. Le set avance tranquillement, ça monte doucement, on tape du pied mais au bout d'une trentaine de minutes, j'atteins mon quota de 3 paquets de clopes fumées malgré moi au cours de la soirée, c'en est trop, direction la sortie pour une bonne bouffée d'air pur. Fuckin' Gambetta... LL.
The Satelliters + Les Terribles, Point Ephémère, Paris, 18.11.05:
La soirée commence avec
Les Terribles, de retour d'une tournée allemande et vêtus pour
l'occasion de costumes traditionnels siglés Oktoberfest!
Et de chapeaux pointus pour parfaire la panoplie! Rien à dire, trop fort,
d'entrée de jeu. C'est dans cet accoutrement qu'ils livrent un set de 45
minutes, entre compos et reprises, 60s yéyé en
veux-tu en voilà. les morceaux seront ponctués de divers "danke schön" et
"wunderbar". Normal quoi. On ne s'ennuie jamais avec Les Terribles, c'est
toujours aussi fun et dansant!
Suivent les allemands The Satelliters. De
vrais allemands ce coup-ci! En habits de ville. Quoi que... Le batteur ressemble
à Antoine période 1967, au niveau de la coupe et de la chemise c'est du
copié-collé. Le bassiste à la Vox arbore plutôt un look de marin. Quant au
chanteur, euh, il a dû croire qu'il jouait dans Frustration, veste kaki, chemise
beige, cravate etc., disons que ça ne colle pas vraiment à la musique des
Satelliters. Voilà pour le tableau! Musicalement, rien à dire, c'est vachement
bien, impossible de rester en place, ils ont le chic pour
faire bouger le public. A base de sons fuzz, de farfisa, de maracas, leur set
est impeccable et très au point. Et ça reste 60s, bien sûr!
Une fort sympathique soirée que le public venu en nombre semble avoir bien
apprécié. LL.
Dum Dum Boys + Les Playboys + Marc Minelli, Nouveau Casino, Paris, 09.10.05:
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Les soirées
french-o-rama ont pour objet de faire jouer des
artistes français de qualité qui ont peu l’occasion de se produire et
mettraient une bonne branlée sur scène à d’autres plus connus, anglo-saxons
notamment. Pari réussi pour cette 4ème édition qui se déroulait un dimanche
d'octobre au Nouveau Casino.
Tout d’abord, le havrais Marc Minelli. Il
chante des textes parfois bien barrés sur une musique à la
fois electro, pop et jazzy. Une bonne surprise d’autant que le bonhomme
possède une certaine présence.
Puis la soirée vire niçoise! Les excellents Playboys
ont tous les atouts pour faire danser le public. C’est
60s à fond, yeah! Le chanteur arbore une chemise
aux couleurs psychés, des lunettes noires de circonstance et mène la danse avec
son tambourin, le souriant bassiste balance des vannes et leurs camarades
tentent de rester concentrés. Ils dégagent une sacrée
bonne humeur et sont contents de jouer. On en profite bien!
Cerise sur le gâteau, les Dum Dum Boys qu’on
n’avait pas vus depuis un bout de temps. Leur twist fuzz
intergalactique n’a jamais dégagé autant d’énergie! Une vraie baffe! En
parfait show-man, Karim carbonise le micro, un effet ajouté à sa voix caverneuse
installe une tension incroyable, il fume clope sur
clope et ira même jusqu’à se rafraichir au gin (à moins que ce ne soit du
martini!). Bratch est également déchaîné, entre guitare et maracas.
Un show terriblement palpitant, comme on en
aimerait en voir plus souvent. Reverberation, yeah baby! LL.
The Chap + Felix Kubin, Festival Sous La Plage, Parc André Citroën, Paris, 17.07.05:
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Deuxième dimanche de l'été pour le festival Sous La Plage et avec la chaleur le
Parc André Citroën était bien sûr blindé. C'est au bout du parc, sur les pavés
du Quai de Seine qu'on retrouve le camion-scène. Pas d'ombre à proximité de la
scène si ce n'est sous une rampe de RER un peu en retrait. L'allemand
Felix Kubin est donc déjà bien en sueur quand nous
arrivons et c'est sous un soleil de plomb que quelques fans et curieux suivent
son concert. Peu familier avec l'univers de ce grand déjanté - si ce n'est
récemment via la découverte d'un de ses anciens groupes Die Egozentrischen Zwei
- j'ai été bien bluffé! De l'electro punk minimaliste et
ludique, souvent aux frontières de l'expérimental mais néanmoins très dansant à
l'occasion et un son stridant qui tape bien! Complètement dada le Kubin a
une dégaine de faux-goth sorti de l'asile et quand sur le rappel il se maquille,
met une perruque et sort un couteau qu'il agite frénétiquement, je suis ravi
mais à peine surpris vu l'impression de déviance permanente qu'il donne sur
scène...Un très bon concert! Après quelques rafraîchissements c'est au tour des
anglais de The Chap de monter sur scène. Un groupe
dont j'avais bien apprécié le premier album sorti il y a deux ans sur Lo
recordings (label surlequel on retrouvait aussi Red Snapper) mais que je n'avais
encore jamais vu sur scène. Que des super musiciens (clavier, guitare, basse,
batterie), chant et choeur soignés, bref un groupe bien appliqué...et fun!!
Une sorte de Stereolab qui aurait bizarrement viré funk
punk ou quelques musiciens perdus de George Clinton s'essayant au kraut rock ou
à la disco mutante des premiers groupes no wave new yorkais...Rajoutez à ça une
sorte de flegme bien british et vous obtenez un groupe au son vraiment original,
aux compos variées et parfois bien barrées (surtout sur la deuxième moitié du
set avec quelques étonnant "larsens" au violon et au violoncelle!) et qui est
susceptible de provoquer quelques belles suées. A noter aussi des paroles
finement ciselées (sur "Woop Woop" notamment où à coup de "Garage Rock/Album
Launch" ils dissèquent de manière hilarante les sorties de disques "hype" et
tout ce qui s'en suit). Avec l'asso parisienne discobabel dans leurs basques,
gageons qu'on reverra bientôt les Chap par ici et c'est tant mieux!! Nico.
Festival Feedback, Parc de la Villette, Paris, 9 et 10.07.05:
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Nouvelle édition de ce festival gratuit et en plein air à la Villette. Une
programmation dotée de quelques têtes d'affiche bien choisies et d'une poignée
d'artistes electro/pop/rock moins connus. Le 9, une "pelouse labels" présentant
"le travail graphique d'une dizaine de labels indépendants" était également
organisé et nous y participions. J'ai tout de même pu guetter une partie des
concerts de la journée. Le premier, situé dans une sorte de jardin suspendu avec
quelques gradins, était celui de l'allemande Michaela
Melian. Elle joue du violoncelle pendant que son accolyte triffouille ses
machines et le résultat, une sorte d'electro-folk délicat a de quoi rappeler
certains titres de Fourtet. Plus tard, j'ai fait un tour au concert des anglais
de Kano, un groupe de rap anglais dit "grime"
(style influençé par l'électro et le "uk garage" qui semble correspondre au
mouvement créé par Dizzee Rascal, Miss Dynamite...). Sur une pelouse bien verte
devant un bâtiment bien gris et sous un ciel bien bleu, quelques b-boys
s'échauffent doucement. Grime ou pas, ça ressemble un peu à du rap à l'ancienne:
deux gaillards qui tiennent la scène et un DJ pousse-disque. Pas mal. En tout
cas largement mieux que le soporifique Sébastien Schuller
et sa pop vaguement electro qu'on retrouve ensuite devant une foule apathique.
Heureusement là-dessus arrivent les Wolf Eyes et
ils ont fait siffler les oreilles des pseudo-hippies electro-baba hype. Un bon
look de crust punks et un son sans concession! Un mur de
bruit sale et des musiciens à fond dans leur trip. Tentons de décrire ces
individus. Sur la gauche de la scène une sorte de repris de justice tatoué et
bras nus tripote une guitare-manche maison réduite au minimum (une corde!) quand
il ne sort pas - brièvement - un saxophone ou une sorte de mini didjeridoo. Si
le médiator disparaît, une canette de bière fait tout aussi bien l'affaire. A
l'autre extrémité de la scène un barbu à la veste de jeans criblé de patchs de
hardos multiplie les poses et mouvements capillaires strictement "metal" en
extirpant le plus de bruit possible de sa basse deux cordes! Je crois qu'il
avait aussi un Korg ou un Moog sous la main. Entre ces deux gus, le chanteur,
souvent deux micros en main, tournoyant gravement sa tignasse au point que son
visage n'est visible que par éclair, pitonnant ses machines de temps à autres ou
traînant une sorte de ruban magnétique. Une présence peu commune.
Malgré le plein air on suffoque devant la brutale
intensité de ce hold-up sonore. Joli coup. Là-dessus suivent
The Brooks et une electro fatiguante. Fatigué et
avec d'autres idées en tête j'ai pris le large, manquant donc également le show
des Liars surlequel j'ai eu quelques bons échos.
Victoire des Wolf Eyes par K.O.
Le lendemain tous les concerts sont concentrés sur une seule grande scène, de
l'autre côté du Canal au milieu des familles en vélo qui s'achètent des glaces.
Quand j'arrive l'ambiance bab' est à son comble avec la "pop atmosphérique" des
Flotation Toy Warning. Radiohead n'est plus très
loin, un illuminé dans la public se lance dans des vocalises de chanteur lyrique
et la quasi totalité du public est avachie sur l'herbe. Reste plus qu'à picoler.
Les jeunôts anglais d'Amusements Parks On Fire
prennent le relais avec une noisy-pop bien verte qui tirent au mieux sur du
Bloody Valentine et au pire sur un enième groupe nostalgique du "rock
alternatif" US des années 90. Plus tard c'est le belge DJ
Elephant Power qui nous fait son petit numéro de "turntablist" breakbeat
jonglant avec tout et n'importe quoi à l'instar de Jason Forrest, le célèbre DJ
de WFMU. Longuet.
Quand vient enfin le moment tant attendu, l'arrivée de The
Fall, l'excitation est à son comble, la fosse bien remplie de b-girls en
tenues colorées et une bonne partie des faux-plagistes ont daigné se lever. Le
groupe (guitariste, bassiste, batteur, Ms. Smith au Korg) entre en scène suivi
au bout de quelques minutes par MES (Mark E Smith pour les
intimes) himself. Une dégaine pas possible, grand cuir et chemise bleu
bureaucrate sur véritables grimaces à l'ancienne, gourmette à vie et mèche
hirsute en bandouillère...et une démarche encore plus nonchalante que Miroslav
Mecir en demi-finale de Wimbledon '88. Pourtant ça faisait presque 10 ans
depuis que MES n'avait foulé une scène parisienne. Rien à taper le gars. Malgré
tout, ça joue! Le groupe attaque sur "Sparta FC", extrait de leur dernier album
en date et enchaîne tête baissée sur "All Clasp Hands". MES scrute le public
avec sa tête de vilain petit canard et commence doucement
à foutre le bokson sur scène, s'amusant avec les micros et pieds de
micro...autant qu'avec les réglages des amplis de ses musiciens! Hilarant.
Suivent ensuite deux titres que le groupe semble jouer régulièrement en concert,
"Bo Doodak" et "Ride Away" qui font bien monter la pression avant un superbe
enchaînement de "Wrong Place, Right Time" et "I can hear the grass grow" qu'on
peut retrouver dans le coffret "Complete Peel Sessions" récemment sorti.
"What about us" fait éclater la tension, une vague d'enthousiasme parcourt la
foule comme un frisson le long du dos. C'est de plus en plus le chaos sur
scène, MES tente parfois de tapoter sur un bongo rouge mais ça reste
complètement inaudible. A noter aussi plusieurs lançés de pommes rouges sur
scène!! Mais après "Moutain Energei", extrait du dernier album "Country On The
Click", MES quitte brusquement la scène suivi par son groupe qui paraissait un
peu surpris de ce départ au bout d'une quarantaine de minutes de concert. Pas de
panique, the Fall revient vite sur scène avec le célèbre "Mr Pharmacist" puis
deux titres assez récents, "Assume" (qui devrait se retrouve sur le prochain
album studio "Fall Heads Roll") et "Blindness". Le groupe quitte de nouveau la
scène sous les clameurs du public et revient finalement pour un
magistral "Carry Bag Man" (extrait de "Frenz Experiment")
qui a ravi les fans vu que c'est un titre rarement joué. Au final un
concert inoubliable - en particulier pour les fans qui n'avait jamais vu le
groupe en concert ou pas depuis longtemps - qui j'espère en annoncera d'autre
dans l'hexagone...PS: Pour des vidéos du concert et une foule d'infos
formidables sur le groupe, visitez donc le
site officiel!
Nico.
Githead + Chloé Mons,
Cité de la Musique, Paris, 29.06.05:
Dans le cadre d'un festival "carte blanche" à...Alain
Bashung ce dernier a eu la bonne idée d'inviter
Colin Newman de Wire avec qui il avait fricoté dans les années 80. Newman
en a profité pour placer son nouveau groupe, Githead, formé avec sa femme (ex
Minimal Compact) ainsi qu'un chevelu batteur et l'artiste
electro-devenu-guitariste Scanner. Ce beau petit monde a sorti récemment un très
bon premier album et je me réjouissais de les voir en concert. Cité de la
Musique oblige, le concert a lieu dans un petit amphithéâtre - difficile de ne
pas penser à une version réduite de celui du Centre Pompidou - et vu qu'il
s'agit de place assises, c'est évidemment loin d'être un
endroit idéal pour un concert de rock. Mais bon, passons, l'excitation avait le
dessus. Excitation encore tempérée par une première partie bien ennuyeuse
puisque c'est la femme du dit Bashung, Chloé Mons
et son guitariste hardos à la guitare electro-acoustique qui s'y collent. La
dame se veut sans doute une grande poétesse trash, alternant lectures et
envolées lyriques, chansons bancales et cigarettes devant une rangée de cierges.
Mais rien n'y fait. Baillements. Arrivent enfin les
Githead et le couple Newman arpente déjà la petite scène joliment
éclairée dans une tenue des plus relax. La salle est loin d'être entièrement
pleine mais une petite troupe d'anglais en goguette qui apparemment avaient
sympathisé avec Newman avant le concert se font vite remarqué. A la demande de
Newman ils vont même devenir "photographes officiels", l'un d'eux multipliant
les clichés sous tous les angles. Un peu fatiguant le bonhomme mais
l'enthousiasme est là et le concert est des plus sympathiques.
Quelque part entre l'atmosphère "loose" et les grosses
lignes de basse de Minimal Compact et d'autre part le chant et le son de guitare
de Wire, Githead déroule des ambiances inédites, des chansons qui respirent et
prouvent que la créativité de Newman et de ses petits amis est au beau fixe.
Nico.
Moller Plesset + Lawrence
Wasser + Ruby Redgun, Les Voutes, Paris, 24.06.05:
Première soirée du festival Echafaudages. Je constate rapidement un très fort
contingent breton et plus particulièrement rennais. Tout un groupe, pas loin
d'une quarantaine de personnes au moins qui semblent tous se connaître, se
retrouver, s'apprécier. Etrange impression à mille lieux de la majorité des
concerts auxquels j'ai pu me rendre cette année dans lesquelles s'incrustent
toujours des visages familiers. En fait, ce n'est pas pour me déplaire: ça
change un peu, le lieu est sympa, il fait beau et la bière est bon marché. Le
duo noise instrumental Ruby Redgun entame les
hostilités avec un son qui nous ramène quelques années en arrière mais qui n'a
rien perdu de son tranchant. Je veux parler d'ambiances à la Shellac/Don
Caballero, voire même si on reste par ici Belly Button ou Chevreuil. Un batteur
qui n'hésite pas à prendre les chemins de traverse, un guitariste à la recherche
des sonorités les plus râpeuses et coupantes et un duo qui
fonctionne et redonne vigueur à une scène noise bien peu médiatisée mais
toujours vivace dans l'hexagone. Les belges de Lawrence
Wasser étaient précédés d'une flatteuse réputation. Quelques minutes
avant le début de leur concert j'ai appris que leur guitariste avait joué
auparavant dans Billy Surf, un des groupes présents sur la très recommandable
compile 45T du label Killed By An Axe. Les membres du groupes semblent assez
polyvalents, changeant parfois d'instrument. La fille du groupe passe ainsi du
clavier à une sorte de batterie primitive et bricolée, un autre passant de la
guitare à une batterie "traditionnelle", certains abaissant à l'occcasion sur
leurs visages de drôles de masques. Leur musique prenante
et dansante évoque un croisement étrange entre l'indus bricolo hors-norme des
Neubauten et la disco mutante des premiers groupes no wave new-yorkais. Un
ensemble vif et sauvage, surprenant comme un animal inconnu croisé en pleine
brousse. A suivre de près!! La soirée s'est terminé avec les rennais - ça
ne s'invente pas! - de Moller Plesset et leur
noise-hardcore aux accents jazzy qui même s'il paraissait un peu linéaire sur la
durée avait de quoi remettre en mémoire les belles heures de The Ex ou
Victim's Family. Nico.
The Dirtbombs,
Maroquinerie, Paris, 17.06.05:
Scotché au bar par une chaleur assez écrasante, j'ai malheureusement loupé la
première partie de ce concert assurée par les parisiens de
Mad River. Les Dirtbombs entrent en scène en
plusieurs vagues sur le démentiel "Kung Fu" (si je me souviens bien...). Riche
idée. Et ce n'est que le début. Le groupe est en pleine forme. Ko Melina et Troy
Gregory semblent avoir bel et bien trouvé leur place et l'enchaînement
des chansons est sans faille. Impossible une fois de plus de ne pas tomber dans
leurs griffes à l'écoute des ces chansons tout en fuzz, en soul et en sueur. Le
meilleur de leur "répertoire" est revisité comme au premier jour avec fougue,
attitude et passion. Tous les musiciens sont au top: Mick Collins est une
fois de plus incroyable au chant et à la guitare, Ko fait des merveilles à la
basse, le duo de batteur est inarrêtable et Troy n'est pas en reste. Le groupe
vient de sortir une compilation de singles comprenant certains inédits qu'ils
ont joué durant le concert. Une bonne surprise, tout comme ce
"Granny's Little Chicken" d'anthologie sur la fin du show
et dédié aux fans de la première heure. Même si je regrette toujours un peu
l'ambiance déconnante de l'époque Diamond/Potter, il faut reconnaître que les
Dirtbombs assurent toujours. Les batteurs terminent debout sur leurs grosses caisses
et nous à terre sur nos petits culs des étoiles plein les yeux. Nico.
King Khan & BBQ Show + El Zombie, Gambetta, Paris, 07.06.05:
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Après le terrible concert Fatals/Rocket Train de la veille, Get Action!
remettait ça au Gambetta avec une affiche tout aussi prometteuse. Même s'il a
bien fallu constater l'annulation du concert de Skip
Jensen - le québecois ayant loupé son avion à Montréal - l'ambiance
restait des plus enthousiastes et c'est lentement et parallèlement au coucher du
soleil qu'une foule bien plus imposante que d'habitude s'est pressée à
l'intérieur du petit bar de la rue de Bagnolet. En ouverture le duo
guitare/batterie hollandais El Zombie, peu
expansifs mais très appliqués, ont fait un joli numéro de
trash punk blues sec et poisseux. Les fans du Gun Club et des Lee County
Killers avaient de quoi être ravis. Ceci dit en terme de présence scénique, le
groupe était sans commune mesure avec ce qui allait suivre. La tornade, attendue
mais ô combien vigoureuse, du King Khan & BBQ Show.
Nos deux louistics globe-trotters, amis de longue date, fêtards et fumistes
notoires étaient dans un grand jour. Leur set était un concentré cent pour cent
naturel de tout ce qui nous fait vibrer dans le rock'n'roll. Des chansons
accrocheuses en diable et couvrant presque tout du doo wop au psyché en passant
par la country, le blues, le rockab, la soul ou le punk.
Qui aurait pu croire sans connaître l'immense talent de ces garnements qu'avec
deux guitares, deux voix et une batterie un peu bricolée, ce duo hors-norme
pourrait réussir ce spectacle détonant et magique? Comment ne pas tomber
à la renverse à l'écoute de ces voix tantôt suaves, tantôt rauques et de ces
mélodies clinquantes? Des mélodies qui subliment des rythmiques pourtant simples mais dont
l'efficacité se constate irrémédiablement depuis cinquante piges sur des
déhanchements toujours plus sauvages. Comment ne pas rester bluffé par les
passages où le duo, s'aventurant en dehors des sillons de leur premier album,
plonge tête baissée dans des instrumentaux aux influences quasi hindous,
technique, dextérité et humour à l'appui? Comment ne pas succomber à la présence
magnétique du sorcier King Khan, showman d'exception, qui d'un coup d'un seul
monte au filet en se déguisant en...Martina Navratilova!
Le public ne s'y est pas trompé et n'a pas résisté à ce show du tonnerre,
entretenant l'atmosphère électrique qui accompagne King Khan & BBQ aux quatre
coins de la planète. Enorme. Nico.
The Fatals + Mike Edison's Rocket Train, Gambetta, Paris, 06.06.05:
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Après l'annulation de leur concert début Mai, l'asso Get Action! est parvenue à
décrocher les Fatals, en descente de leur terrible
tournée USA/Canada et du festival strasbourgeois "Wrestling Baby Blast". Une
bien bonne idée. Sur les genoux mais toujours la rage au ventre et la revanche
aux lèvres, le groupe toulousain a une fois de plus tout
arraché. D'une intensité phénoménale, leur concert à laissé nos cerveaux
en lambeaux et nos chairs et nos âmes en sombre bouillie diforme.
Leur trashpunkblues cosmique remue les profondeurs de nos
entrailles avec une vigueur disparue depuis la grande époque des Gibson Bros,
des Oblivians et des Chrome Cranks. Une tambouille sonore rèche et acide qui
rouille invariablement nos neurones et libère nos mouvements avec une puissance
peu commune. Les nouveaux titres s'incorporent parfaitement tout comme
l'arrivée de Piero à la basse et de Stef à la batterie. Les chansons virevoltent
violemment et quand le tempo semblent se ralentir c'est soit pour mieux
redémarrer soit pour nous faire saisir dans un éclat de conscience abrupte à
quel point on a été dévasté depuis le début. Une claque
magistrale de la part du meilleur groupe français actuel. Là-dessus
arrive Mike Edison, ex Raunch Hands, new-yorkais de
l'hyperespace et son one-man-band deluxe (guitare, planche-tambourin et
theremin). Après l'hystérie des Fatals la tonalité blues tordu mais vicieusement
calme du Rocket Train détone un peu. Malgré la gouaille du bonhomme, j'ai un peu
de mal à tout apprécier dans son set et celui ci semble s'étirer dans une certaine
monotonie...jusqu'à ce que le Mike s'envoie quelques rasades de doomsday sky et
là...tout va mieux. Il embauche derechef comme batteur le roadie des hollandais
des El Zombie, déjà présents dans la salle avant leur concert du lendemain. Il se
lève et attaque quelques nouvelles chansons largement plus pêchues qui déchaînent
le public restant...dont un certain Nico Flytrap qu'on retrouve bien vite sur
scène. Un final à la hauteur de ce qu'on pouvait attendre
de ce vieux briscard bien syphonné. Une bien bonne soirée. Nico.
The Rip Offs + Zodiac Killers + The Four Slicks, Péniche Alternat, Paris, 25.05.05:
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En arrivant sur les lieux à l'heure prévue, je ne peux que constater que...la
salle n'est pas là! La Péniche n'est pas encore arrivée!
Situation inédite et assez cocasse! Les Four Slicks
et les premiers spectateurs ne semblent pas s'affoler pour autant: ils s'étalent
tranquillement au soleil, bière à la main. Jon Von, assis par terre, gratouille
sur sa guitare devant son case, je lui balance une pièce...Et puis voilà enfin
la péniche qui arrive, manoeuvre à toute vibure et se colle contre le quai.
Alors que pas mal d'autres spectateurs arrivent, l'attente se prolonge pendant
plusieurs heures. En effet tout le matériel et la sono restaient à installer.
Une attente un peu longue qui a sûrement rebuté certains même si on ne peut rien
reprocher aux organisateurs vu qu'ils semblent avoir fait le maximum. Il ne
devait pas être loin de 22h30 quand les Four Slicks entament leur concert.
Concert express mais bien puissant, le moteur avait eu le
temps de chauffer! Wild Rockin punk à toute vibure, on cherche sa canette, on se
repeigne, menton bien haut et pieds au plancher. Charlie et Jon étaient
déchaînés et Ben pas en reste. Leur nouveau 45T "Bad Girl" vient de sortir sur
Savage Records. Voilà finalement les Zodiac Killers
qui se pointent, Greg Lowery en tête, à sa droite un guitariste au look de
mafioso, à sa gauche une charmante guitariste et derrière à la batterie, un
lascar qui me dit quelque chose...mais oui bien sûr, c'est un New Bomb Turk!
C'est parti pour un set bien speedé de punk'n'roll
accrocheur, lignée Briefs & co, rien de fatalement ébouriffant ni lo-fi à
l'ancienne mais une bonne énergie, un humour particulièrement crétin et...une
guitariste au sourire éclatant. OK, OK, j'arrête. Après ce set bien
remuant, voilà enfin le moment tant attendu...la reformation des
RIP OFFS! Ok, OK, le mot "reformation" est sans
doute un peu fort. Mais c'était le schtick promotionnel de la soirée! Les frères
White n'étaient pas là et a priori je ne suis pas sûr que Jon & Greg étaient
bien sûr du résultat. On aura reconnu le guitariste des Zodiac sous la cagoule
et Marc des Four Slicks à la batterie. Et quand le concert
commence, c'est l'hystérie, on sent qu'il va se passer quelque chose!! Jon Von,
d'habitude si sympathique et blagueur se met à balancer des gros "fuck you"
toutes les deux minutes! L'esprit des Rip Offs est intacte. Et la musique suit!
Un bonheur de punk rock hyper-primitif, maladroit, déconneur et irrésistible!!!!!
Nico.
The Hospitals + Clorox
Girls, Gambetta, Paris, 22.05.05:
Grosse affiche une fois de plus au Gambetta. Les californiens de
Clorox Girls ouvrent les hostilités avec un punk
rock flashy qui évoque un groupe hardcore/punk standard qui serait mal passé à
la machine. Le résultat, même s'il peut évoquer parfois les Adolescents ou Redd
Kross, est plutôt frais et accrocheur. Rien de renversant malgré tout et le
public un peu statique semble avoir déçu l'excitation des
Clorox Girls dont le chanteur a pourtant tenté plusieurs incursions hors de la
scène et initié des jets d'eau et de bière sur les premiers rangs. Une
bonne première partie. Là dessus arrivent les Hospitals,
l'un des duos guitare/batterie les plus frappadingues du moment, auteur d'un
album fracassant sur In The Red, d'un récent 12" étonnant sur Yakisakana et
nouveaux collègues de Lightning Bolt sur le label Load.
Leur show tient plus de la performance que du concert proprement dit. Le
batteur, Adam, perpétuellement en ébullition est tout sauf vissé à son siège.
Quand il est dessus c'est essentiellement pour marteler sa caisse claire jusqu'à
la limite de la destruction et quand il n'y est pas il trempe sa chemise parmi
les spectateurs, à genoux, claquant frénétiquement ses baguettes sur le sol.
Son accolyte "guitariste" est lui plus souvent occupé à tenir sa guitare à bout
de bras en la cognant contre les murs, le sol ou le plafond qu'à en jouer. Et
quand il en joue, c'est pour lancer quelques saillies de drones en pointillé qui
viennent très ponctuellement accompagner la rythmique infernale de son complice.
Ce dernier, en nage, éclate d'un coup de baguette magique le néon qui se trouve
au dessus de lui. Pas besoin de lumière pour opérer. The
Hospitals est un ovni comme on les aime. A l'instar des Boredoms, ils ne
s'emcombrent d'aucun carcan, d'aucun préétabli et joue au maximum AVEC le public
plutôt que DEVANT. Du coup je les place largement AU DESSUS de la plupart des
duos noise/rock/garage actuels. Un grand moment. Nico.
Spencer P Jones +
Groovers, Gambetta, Paris, 13.05.05:
Les Groovers ouvraient la soirée pour ce nouveau
concert Get Action! L'ambiance n'étaient peut-être pas aussi chaude que pour
leur concert de Janvier mais l'enthousiasme et la classe étaient toujours au
rendez-vous. Twistant sans problème entre leurs morceaux
de pop-garage 60's nerveux et quelques chansons quasi country-folk, le groupe
est plus compact que jamais. Ils nous ont annonçé outre la parution
prochaine de leur nouvel album sur le label américain Blood Red Vinyl, celle
d'un 45t à la rentrée. On a pu découvrir ensuite l'australien
Spencer P Jones, ex fine lame des très respectés
Beasts of Bourbon, accompagné par son groupe The Escape Committee (dans lequel
on aura reconnu notamment le batteur de ses nouveaux collègues de label, Digger
& The Pussycats). Si on retrouve le gros son et la noirceur propre à beaucoup de
groupes australiens, c'est peut-être plus du côté des Stones 70's ou des Lazy
Cowgirls des débuts qu'on pourrait situer le nouveau groupe de Jones.
Entre cow punk et swamp rock, ces gars là feraient bien la
tournée des rades les plus paumés de l'outback australien pour une caisse de
Jack Daniels par soir. Pour autant on ne les voit pas non plus être de
toutes les bastons. Ils doivent bien lever le coude mais ils savent aussi écrire
des chansons. Et même si souvent j'ai eu du mal à les suivre et que leur set
était trop long - déformation de "lost bar band"? - ils n'ont pas pris les
chemins balisés et y ont mis beaucoup de coeur. Nico.
The Rebel + Cheveu,
Gambetta, Paris, 10.05.05:
Une certaine déantologie m'empêcherait sans doute de chroniquer ce concert que
j'ai co-organisé. Well, fuck it. Après le forfait des tout-puissants
Fatals en raison d'un pépin de santé de leur batteur, le groupe
Cheveu a accepté de but en blanc et vraiment en
dernière minute de les remplacer. Déjà chapeau. Des groupes aussi sympas, ça ne
court pas les rues. Je vous passe les soucis techniques de dernière minute - ça
doit être "transparent" pour le spectateur lambda, non? - sans pour autant vous
épargner les remerciements bien mérités à des vrais rockers sur qui ont peut
compter comme Trux des Hulks et Larry des Anteenagers.
Il est presque 20h et notre homme Ben R Wallers est
enfin dans la place avec sa charmante compagne. Soundcheck dans le speed et
voilà enfin Cheveu qui monte sur scène. Musicalement le groupe est
incontestablement à part dans la scène parisienne - même si on leur connaît des
accointances avec la clique de Crash Normal et des origines bordelaises. Un trio
clavier-programmations/guitare en open tuning/chant qui distille
un electro-rock dada et flottant comme une fumée qui ne
s'éclaircit jamais, quelque part entre Beta Band, Add N To X et Fat
Truckers. Ou même Datblygu, groupe gallois culte duquel le Rebel - qui a bien
apprécié ce concert capillairement incorrect - les a vite rapproché. Le
Rebel justement n'aura pas hésité longtemps à
remplacer un pied de cymbale manquant par une valise. La débrouille et le DIY
jusqu'au bout du chapeau de cow-boy. Cowboy légendaire et pas si poussiéreux qui
malgré cette installation de fortune livre aux côtés de sa femme un set de haute
volée. Nos petits cerveaux mijotaient bien fort et les
Fatals étaient haut perchés devant les déviances minimalistes mais sans
oeillères du leader des Country Teasers. Un plaisir immense dans
l'univers d'un artiste loin, très loin hors-champs, là où l'on cultive l'imprévu
et où on maîtrise tous les jeux de miroirs. Nico.
Volt + Duracell + Magik
Markers + Richard Bronson, Instants Chavirés, Montreuil, 07.05.05:
Une des soirées du festival Sonic Protest organisé
par le label Textile. Peu après mon arrivée dans la petite rue Richard Lenoir,
c'est un autre Richard qui ouvre la fenêtre de la maison en face de la salle.
Richard Bronson. Himself. Micro, guitare, ampli, il étale
une bonne couche de noise devant des voisins interloqués. Le temps de
boire une mousse et de discuter un peu et le revoilà déjà qui y retourne. Même
endroit. Même voisins. Madame Pinchu de l'immeuble d'à côté pousse le rideau et
lâche un grand soupir d'exaspération. Tout de même! Qui est ce terroriste
musical? Super welcome ma petite dame. Venez donc. C'est aux Instants que ça se
passe ce soir.
Magik Markers. Deux filles, un gars. En provenance
de Louisville, Kentucky. Signés sur le label de Thurston Moore. Sur le papier,
les présentations sont faites. Les voilà maintenant sur scène. Double attaque de
guitares, un batteur pas vissé à son siège. La "chanteuse" a des allures de
collégiennes possédées. Elle a un différent à régler avec sa guitare. A moins
que sa guitare ne représente quelqu'un. Hypothèse
vraisemblable au vu de la torture qu'elle inflige à son instrument. Une démence
qu'on suit en direct et qu'elle décide d'interrompre à l'occasion pour quelques
murmures d'autistes. L'autre guitariste soutient ces exactions
désaccordées du regard et du poing. Qu'elle cogne sur sa guitare. Le batteur
n'est pas plus tendre avec ses fûts. Il se lève parfois, fait un tour, improvise
puisque l'improvisation est le maître môt de ce trio bruitiste. Ils font et
défont des barbelés sonores avec une fougue peu commune mais n'exercent pas
encore la même fascination que les irremplaçables Reynols.
Là dessus Duracell, lyonnais et batteur fou,
ex-Happy Anger entame derechef un set parsemé de reprises étonnantes.
Une énergie à la Lightning Bolt, une installation
technique bien à lui et un placement en plein milieu de la salle, entouré par la
foule. Un petit numéro un peu long mais pas désagréable.
Après un petit set DJ de Franck de la boutique Bimbo Tower qui se termine
idéalement par un titre des strasbourgeois de Ich Bin,
Volt s'empare de la scène. Le "I Like it like that" de Lili Z est
désormais en fin de set. Ils attaquent donc en formation complète dès le début.
Un son pas mal même si la guitare semblait parfois largement moins forte que le
clavier et la rythmique. Lili à la barre manoeuvre avec vigueur et audace, FX
dans la salle des machines maintient la cadence (et distribue des bières aux
matelots) et Jacko arpente le pont avec un flegme très british. Les chansons
sont des lames de fond et - évidemment vu le lieu - on chavire à chaque fois.
Quand la mer se calme et que la houle joue les traîtres,
la tension est presque palpable. Les deux maxis sont interprétés avec une
intensité sans faille et le groupe, qui tient le vent comme personne, se permet
même de giter sur quelques nouveaux titres dont une terrible reprise de Kein
Mensch (présente sur la compilation cd du festival). Au final un concert
sans embardées, au taquet du début à la fin. Ah si, peu avant l'arrivée Richard
Bronson sur son petit raffiot bruyant a tenté un abordage assez comique.
Vivement la prochaine sortie du Volt...et d'ici là on leur souhaite...hmm bon
vent! Nico.
Baseball Furies + The
Pneumonias + The Four Slicks + The Radiations, Miroiterie, Paris, 04.05.05:
Gros concert Born Bad/Motorpsycho à la Miroiterie avec une affiche bien costaud.
Le premier groupe de la soirée, The Radiations,
m'était complètement inconnu bien qu'un certain Oskar Krapo, exilé niçois y
officie à la guitare. Un bon set de punk rock à la Stiff Little Fingers avec un
chant bien rauque, quelques choeurs à l'arrache et des veines qui sortent de
partout. La petite salle est complètement blindée quand les
Four Slicks de Jon Von attaquent leur set. Jimmy
Hollywood des Tyrades/Baseball Furies pourtant bien curieux de les découvrir,
est contraint de les regarder de loin à travers une fenêtre, perché sur un banc.
Les Slicks, plus échaudés que jamais et déjà passablement
imbibés, déroulent un ensemble de chansons bien graisseuses et bien sauvages,
les A-Bones et les Leghounds pas loin dans le rétro. Suivent des petits
jeunes tout fringuants de la Rochelle, The Pneumonias,
pour une séance de Rip-Offs-eries plus vraies que nature: un bon look de
frimeurs, quelques bonnes blagues de fumistes et des compos qui envoient bien.
Une bonne surprise. Enfin on plonge avec les
Baseball Furies, groupe américain trop longtemps
sous-estimé en raison de ses disques à motié réussis (le dernier en date est une
exception notable). Sur scène, ils ont la fougue des Tyrades et la noirceur
effrontée des Birthday Party. Des compos qui claquent et
tapent vite pour mieux laisser la place à quelques vicieux drones de guitare, la
sueur en bandoulière. Un concert à la hauteur de mes attentes! Nico.
God Is My Co-Pilot + Marc
Sens, Instants Chavirés, Montreuil, 26.04.05:
Ah God Is My Co-Pilot. "Puss02". Un de ces disques
qui m'avaient marqué au milieu des années 90. Non je suis pas un vrai fan.
Jamais vraiment réécouté depuis. Mais la curiosité me taraudait. J'avais envie
de les voir. Enfin. Marc Sens
fait le première partie. Un guitariste. Seul sur scène avec son instrument
cabossé. Très à l'aise, il se lance dans une grande séance de torture et sort
des sonorités insoupçonnées. Un beau petit tour de force,
rapide, précis et désordonné à la fois. Là-dessus atterissent les GodCo
avec leur petite chanteuse malicieuse comme au premier jour qui après quelques
minutes en doudoune dévoile un petit haut transparent des plus originaux.
La musique de GodCo reste toujours aussi désarçonnante:
élastique, maladroite, lançinante, tantôt suave comme du ESG, tantôt jazz-core
comme du Victims Family. Quelques reprises surprenantes comme un très
destructuré "Les filles c'est fait..." de Charlotte Leslie viennent rajouter à
l'atmosphère bancale et piquante de ce concert. Au final un groupe pas ivre mais
définitivement plus rond que carré et toujours délicieusement décalé. Nico.
The Saints + Citizen +
Holy Curse, Maroquinerie, Paris, 19.04.05:
Malgré un concert annonçé complet, la salle est encore loin d'être pleine quand
les Holy Curse débutent leur set. C'était la
première fois que je les voyais dans leur nouvelle formation à 4 (un guitariste
au lien de deux). Pas de doute, c'est vraiment beaucoup mieux comme ça. Toujours
ce rock australien bien "heavy", aux envolées lyriques et au chanteur possédé
qui boit son vin au goulot. Des locaux qui viennent de loin.
Des locaux qui en veulent et finiront bien par se mettre
définitivement la tête en bas et à tourner au pays des kangourous, là où tout le
monde capte bien leurs sauvages et bruyantes volutes sonores. Pas
vraiment capté par contre les irlandais de Citizen
malgré une paire de morceaux passables en ouverture. Rien que de la pop hirsute
et poussive. Arrivent enfin les Saints. Ou du moins
le groupe qui se fait appeler ainsi aujourd'hui. Oh oui Chris Bailey était bien
là. On a bien eu droit à quelques titres qui ont timidement réveillé la
nostalgie flottant dans la salle ("I'm stranded", "Just Like Fire Would", "Know
Your Product"...). Mais vraiment rien de renversant. Rien vraiment sorti des
tripes du passé. Juste du neuf un peu lisse à l'image des quelques chansons
extraites du dernier album. Un concert médiocre car on
avait eu la naïveté d'en attendre beaucoup. Je ne m'attendais pas à ce
qu'ils pédalent en arrière juste qu'ils s'y essayent avec un peu d'entrain et
d'enthousiasme, sans cette espèce de satisfaction tous risques qu'il semblait
arborer. Oh well...Nico.
Black Time + Craftmen Club, Le Gambetta, Paris, 12.04.05:
Photos + Liens
La tournée franco-anglaise Black Time/Craftmen Club passait par le Gambetta en
ce 12 Avril grâce à l'asso Get Action! Y'a plus vraiment de lumières au
Gambetta, c'est donc dans une étrange pénombre et en buvant une binouze plus ou
moins franîche qu'on découvre les bretons de Craftmen Club.
Un trio bien en place qui pour ses premiers titres,
speedés et tranchants, fait penser quelque peu au Blues Explosion des débuts
- sans la gouaille parfois agaçante de Spencer - et avec une hargne qu'on
retrouve plutôt chez certains groupes de la scène noise/hardcore française des
années 90. Après cette belle entrée en matière, le reste du concert m'a beaucoup
moins accroché et en particulier certains passages "funk-punk". A suivre tout de
même. C'est ensuite un autre trio, les anglais de Black
Time qui montent sur scène. Les ambiances se font
beaucoup plus noires et perçantes. Le groupe reprend Crime et on pense
souvent à Birthday Party ou à The Fall pour cette
distanciation bruististe mais ô combien élégante. Pendant une bonne
demi-heure on se perd dans le reflet des lunettes noires du chanteur/guitariste
et de la mystérieuse bassiste (qui évolue également dans Sexaphone). Un halo
noir et aveuglant tournoie au dessus de nos têtes, les oreilles cripsées par la
distortion et le cerveau en ébullition. Le sentiment de
prendre de plein flouet une sévère déflagration rock'n'roll, brutale et sans
concession. "Young Professionals" en rappel. Court mais pro, indeed. Une
bonne claque! Nico.
Mando Diao, Boule Noire,
Paris, 11.04.05:
Premier concert parisien en tête d'affiche pour ce groupe garage-pop suédois. La
salle est bondée. Quelques suédoises et une horde d'ados branchouilles. Le
premier album de Mando Diao, "Bring Em In", sorti en 2003 et distribué en France
seulement l'an passé avait été une bonne surprise. Des petites chansons bien
troussées qui collent dès la première écoute. Avec le nouvel album "Hurricane
Bar", le groupe affiche ses ambitions et ratisse plus large (moins garage 60's,
plus pop punk à l'anglaise...). J'adhère beaucoup moins mais j'étais tout de
même curieux de les voir sur scène. Confirmation d'entrée:
ces mecs ont déjà le melon. Tels des jeunes loups, le museau en l'air et le
regard triomphant, leurs dents rayent le parquet dès leur entrée en scène.
Dans leurs têtes ils sont déjà les nouveaux Strokes. Si on arrive à faire un peu
abstraction de cette arrogance finalement commune à beaucoup de groupes
scandinaves "en vogue", on est également surpris par
l'incroyable énergie que ces gaillards dégagent sur scène. Ils mouillent la
chemise. Les compos, sans être killer sont loin d'être fades et bien que
ce soit majoritairement les titres du premier disque qui retiennent l'oreille,
le concert se déroule dans une ambiance frénétique assez
amusante. Mando Diao est déjà surestimé mais au moins on sait d'où ils
viennent, ce dont ils sont capables et ce qu'ils veulent.
Reste à voir s'ils ressortiront un jour des sentiers battus sur lesquels ils
s'engagent aujourd'hui si fièrement...Nico.
Vibrafingers + Bloodshot
Bill + King Automatic + Bitch Slappers, Picolo, St Ouen, 09.04.05:
Nouveau concert Barrocks au Picolo, bar plutôt sympathique situé en plein dans
les Puces de St Ouen. Le premier groupe "surprise" est
Bitch Slappers, combo psychobilly de région parisienne. Pour être franc
je n'ai pas du tout accroché à leur concert et comme il y a parfois jusqu'à 4
personnes en même temps qui chantent, l'ensemble paraissait
confus et pas très en place. Je reconnais tout de
même quelques bons passages de contrebasse ou d'harmonica mais cela n'a pas
suffit à me rapprocher de la scène. Heureusement là dessus arrive
King Automatic de Nancy, premier one-man-band de la
soirée et batteur à ses heures avec Thundercrack et Sux Evulsors. On est d'abord
intrigué par son installation puis quand la musique commence, on est vite happé
par la sauvagerie dansante des compos et des reprises (de
Kraftwerk aux Ramones!). King Automatic a trouvé une combinaison très
ingénieuse entre guitare, orgue (avec des boucles enregistrées en live), tom,
grosse caisse, cymbales et le concert s'avère très enlevé et sans le moindre
temps mort. Un one-mand-band étonnant qu'il va falloir
suivre de près! Autre one-mand-band, autre style avec
Bloodshot Bill de Montréal qui attaque avec une
hargne et une voix rocailleuse en diable un répertoire rockab' punk violent et
habité. Une ambiance bien raw et bien prenante
que le public semble avoir grandement apprécié. Enfin en star américaine de la
soirée et en provenance directe de Tours, ce sont les
Vibrafingers qui ont achevé d'emmener la température vers des sommets
rarement atteints dans les concerts punk rock. Parés de
leurs perruques et en vibra-slips les 'Fingers suent leur fuck-you-attitude
sur du punk tout-à-fond à la New Bomb Turks. Grosse présence scénique pour ces
experts de la scène garage qui traînent leurs slips dans tous les bars de France
et de Navarre depuis de longues années. Une prestation explosive à la
hauteur de leur réputation. Nico.
Bassholes + Jeffrey Evans
+ Crash Normal, Le Gambetta, Paris, 09.03.05:
Concert très attendu. Même si la salle n'est pas pleine, elle reste correctement
remplie. Crash Normal réitère le tour de force de
leur précédent concert avec un batteur plus furieux que jamais. Un set court
mais particulièrement mordant devant l'américain Scott Soriano qui a sorti leur
premier album "Heavy Listening" sur son label S-S l'an passé. Arrive ensuite la
légende underground, Jeffrey Evans. A l'occasion de
ce concert parisien, il est accompagné à la batterie de
Nico (ex Dèche Dans Face, actuellement dans Flytrap de St Ouen). Même si
le jeu sec et nerveux de ce dernier s'accommode parfois difficilement avec le
broken blues/rockab de Evans, l'association avait quelque chose de captivant.
Quelque part entre l'amusement et l'admiration. Evans,
charismatique, touchant, très à l'aise, se fendra de quelques reprises
sompteuses (Gene Vincent, Fats Domino ou encore son ami Charlie Feathers) sans
oublier des chansons de son ancien groupe 68' Comeback comme le dévastateur
"Chantilly Rock". Un concert très attachant suivi par les non moins
excellents Bassholes de Columbus, Ohio. Les
Bassholes subliment le concept de duo blues punk. La voix
de Don Howland nous emmène loin, dans un univers quasi post-coma où les
sensibilités sont exacerbées mais où règne une douceur sourde et inquiétante.
Loin des sentiers battus, ils balayent leur répertoire, habités d'illusions et
de peurs qu'ils communiquent de manière hypnotique. Le batteur avec sa moue
épate de sa vivacité et s'accorde parfaitement avec le jeu poétique et troublant
de Howland. Un grand moment. Nico.
Mighty Go Go Players + Deux
Larmes, Le Gambetta, Paris, 25.02.05:
Le Gambetta accueillait en ce 25
Février deux groupes en provenance directe de Perpignan dans le cadre d'une
nouvelle soirée Get Action. Deux groupes prêts à bouffer des kilomètres pour en
faire voir de toutes les couleurs aux parisiens. Les Deux Larmes.
"Two Tears" en
anglais. Est-ce que ça vous dit quelque chose? ça devrait. Two Tears est l'un
des groupes de Kerry Davis, américaine globe-trotteuse qui s'est également
illustré auparavant dans les Red Aunts, Beehive & The Barracudas ou même les
Screws de Mick Collins à l'occasion d'une tournée. Les Two Tears avaient joué
deux soirs de suite au Gambetta l'automne dernier. C'est à ce moment que Kerry a
rencontré Piero, extraordinaire soundman et cinquième membre des Fatals et bien
sûr chanteur/organiste des Go Go Players. Depuis il y a quelque chose de wild
entre eux. Quelque chose qui les a amené il y quelques mois à former les Deux
Larmes avec l'excellent batteur des Go Go. Les Deux Larmes perpétuent le charme
arty/brut des Two Tears et l'accentuent. Piero/Kerry, les étincelles sont presque
visibles. Bien que leur set ne soit pas encore tout à fait rodé et que
les
petites chansons garage pop crachotent encore sous les distortions, il y a
toujours ce côté bancal, équilibriste, tête brulée et cette voix en forme de
clin d'oeil que j'apprécie. Un concert un peu brouillon, parfois hésitant
mais qui laisse présager de bien belles choses, surtout à l'écoute du très bon
premier 45T du groupe sorti récemment.
Les Mighty Go Go Players sont eux déjà bien en place et impressionent par la
fougue avec laquelle ils entament leur concert. Piero, infatiguable, se démène
une nouvelle fois comme un iguane en manque de soleil shooté aux amphés en
assurant le chant et l'orgue. On pense aux Stooges, Lyres, DMZ mais aussi aux
Sexareenos ou à l'ivresse scénique hyper-communicative d'infatiguables groupes
espagnols comme Dr Explosion. Le batteur est complètement bluffant et le reste
du groupe, particulièrement à l'aise également. On se goinfre de leur garage
rock pimenté, ça nous monte au nez et nous chatouille le pelvis et on se
taperait presque les fesses comme le fait Piero dans son numéro de sudiste
irrésistible. Une ambiance bien bouillante et un concert qui fait du bien en
plein hiver!! Nico.
An Albatross + Crash Normal, Point Ephémère, Paris, 24.02.05:
Les programmateurs ont eu la bonne idée de faire appel aux parisiens
de Crash Normal pour la première partie. Ce nouveau
concert, dans une salle bien bétonnée où l'on peut jouer fort, aura permis de
les voir avec un batteur. Voilà qui rajoute indéniablement du punch à leur
compos. Des compos qui rayent et sautent comme un vieux
disque de blues, crachent dans les speakers comme un trésor caché du punk et
suintent le décalé comme un robot qui ne répond plus à rien et n'en fait qu'à sa
tête. Les hardos de la salle se fatiguent vite de ce tour de force pourtant
mémorable mais Seb Normal les remet à leur place avec assurance. Voilà un
groupe qui aime en découdre et n'a pas peur de faire peur et de jouer à
l'extérieur. Les An Albatross sont sensés être les
têtes d'affiches de la soirée. Mais quelle déception! Ces chevelus
d'outre-Atlantique ne font que du hardcore metal-prog putassier. Le chanteur en
pantalon moule-burnes et mini t-shirt mickey est tout simplement ridicule avec
ses gesticulations et pseudo-acrobaties à la skid row/poison. Même pas drôle. A
noter aussi un type au clavier qui ne fait qu'agraver
l'atroce bouillie sonore que nous sert ce groupe largement surestimé et qui
n'arrive pas à la cheville d'un Lightning Bolt ou d'un Locust. Nico.
Kajun SS + Die Rotzz + Anteenagers M.C, Le Gambetta,
Paris, 17.02.05:
Habitués des premières partie de groupes américains à qui ils volent souvent la
vedette, les Anteenagers M.C n'ont pas excepté à la
règle en ce 17 Février. Malgré quelques cassages de cordes et un set un soupçon
trop court, l'intensité jubilatoire de leurs interprétations toujours enflammées
et la solidité imparable de leurs compos (et reprises) les ont une fois de plus
hissé au dessus du commun des groupes garage. OK, je ne suis pas objectif et ils
en auront probablement marre que je leur cire les pompes à longueur de
chroniques...mais toutes les vérités sont bonnes à dire...ces
gars là sont épatants et je ne me lasse pas de les voir sur scène. Ne
soyons quand même pas trop mauvaise langue avec les 'ricains du jour qui avaient
encore bien la gniaque sur la fin d'une longue et probablement épuisante tournée
européenne. Die Rotzz, réduits au duo,
tout en hargne et en os, s'époumonent sur un hardcore punk
gras comme la toux permanente du punk rocker fatigué. L'énergie très GG
Allin & The Jabbers de leur dernier 45T semblait un peu absente et du coup
l'ivresse rauque de leur musique ne pas captivé bien longtemps. Le concert des
Kajun SS, bien que tout aussi sale et furieux,
tenait avantage debout. Pourtant le bassiste, déchaîné, avait une jambe dans le
plâtre et a joué assis. On retrouve dans le groupe des ex-Persuaders et
notamment un certain King Louie, sorte de Hasil Adkins du bayou, qui se mettrait
au punk rock. Un punk rock qui les prend comme une rage de
dent, forçant la grimace, le dépassement, l'excès. Certains échauffés du
premier rang, plus habitués au mauvais goût qu'à un groupe se donnant à fond, se
croient obligés de descendre le débat sous la ceinture, prenant un malin plaisir
à défroquer un Louie déjà rouge écrevisse pendant les chansons. Malgré cette
ambiance quasi-paillarde, les Kajun SS ont bien démontré
un certain savoir-faire dans la sauvagerie, au service de chansons très
killed-by-death. Le final a vu un certain Matt du groupe hardcore US
Mangina débarquer sur scène pour...abattre, involontairement mais avec une
certaine vigueur, le pied de micro sur la tête de Michael Bateman, manager du
groupe...le concert se termine donc dans le sang, la sueur et la bière. Le Kajun
SS est donc resté fidèle à la réputation qui les précédait. Mais je reste
persuadé - c'est le cas de le dire - que cette soirée s'est achevée sur
une nouvelle victoire à domicile pour AMC...Nico.
Nic Armstrong + Mr David Viner, Boule Noire, Paris,
01.02.05:
Mr David Viner est un proche des Soledad Brothers.
A l'instar d'un de leurs autres protégés, Dooley Wilson,
il bricole son folk-blues en solo, modestement, sans emphases ni roulements de
tambour. Viner est en roue libre, il surfe sur la confiance que lui porte le
jeune Nic Armstrong et s'asseoit fermement sur les craintes et les préjugés que
suscite inévitablement la découverte d'un enième one-mand-band. Non, il
est là pour exposer ses chansons, les mettre à nu avec le plus de grâce
possible. Peu importe cette salle sans âme et à moitié remplie d'un public
toujours timoré devant des premières parties souvent tombées du ciel. Viner joue
à l'extérieur comme chez lui le jeu de la séduction dépouillée, la tête pênchée
sur sa guitare, le regard vif et les oreilles à l'écoute des moindres réactions
que sa musique puisse provoquer. Sans illusions ni effets de manches, avec un
naturel déconcertant. On ne tombe pas en arrière à l'écoute de sa musique mais
cette discrète assurance qu'il dégage a l'effet de belles
promesses. A nous de le suivre pour voir s'il saura les tenir.
Nic Armstrong et ses Thieves, sorte d'élégants
bohémiens pop des temps modernes, n'en sont plus aux promesses mais aux
confirmations. Le talent de ce groupe éclate comme la floraison accélérée d'une
belle et mystérieuse plante. La voix d'Armstrong, tout en
frêles modulations, garde constamment la chaleur et l'émotion qui emportent des
compos solides. Certes les influences blues, mod-pop et autres sont
perceptibles mais le Nic a du charisme. Les chansons roulent, les esprits
s'ouvrent, les gorges se déploient, les chevelures ondulent, Armstrong et ses
mates font bloc et se mettent tout le monde dans la poche. Les imperfections ou
erreurs de jeunesse sont vite oubliées et le concert, entre sourires et sueurs,
marque les esprits avec une rare délicatesse qui n'a d'égale que son atmosphère
furieusement rock'n'roll. Une bonne soirée.
Nico.
Suicide + Morthem Vlad Art + Client, La Loco, Paris,
25.01.05:
Je n'ai guère été captivé par les deux premières parties:
Client, duo electro-pop anglais peu inspiré et
Morthem Vlad Art, groupe gothico-electro-pop français appliqué mais sans
relief. Il est déjà plus de minuit quand le duo new-yorkais Suicide fait son
apparition sur scène avec cette la décontraction qui les caractérise. Alan Vega
claque déjà les mains des premiers rangs et Martin Rev est déjà raide comme un
robot devant ses claviers. Le son sec et minimal de
Suicide n'a pas pris une ride et l'aisance scénique du groupe est
impressionante. Le public succombe comme au premier jour à la noirceur
évocatrice des deux comparses. Suicide, duo sur glace,
cru, froid mais qui trouve toujours le rictus qui étonne et réchauffe. Un
nouveau tour de force de ces parrains indétrônables. Nico.
The Groovers, Chez Richard, Paris, 13.01.05:
Premier concert de l'année. Toujours un de ceux qu'on retient le plus. Surtout
quand il est bon. Le bar "Chez Richard" ne semble pas accueillir de concerts de
manière régulière mais la petite cave au sous-sol fait bien l'affaire. Les fans
et amis du groupe sont au rendez-vous et c'est dans une ambiance très conviviale
que les Groovers s'installent. Les Groovers ont
changé ces derniers mois: Dimi Dero est revenu mais cette fois à la batterie et
c'est un frenchie de la formation actuelle des Panther Burns (le groupe de Tav
Falco) qui épaule Bratch à la guitare. Les Groovers
semblent avoir vite trouvé leurs marques et communiquent leur enthousiasme et
leur excitation à travers des chansons toujours aussi classieuses. Ce petit
mélange modeste, spontané mais tellement attachant de rock 50's, pop 60's ou
country/folk décalé. Des titres légers et subtils auxquels Dimi apporte
une nouvelle énergie et un nouveau tempo. Les guitares deviennent des étoiles
qui dansent et s'illuminent devant un public ravi par cette désarmante
simplicité garage pop que des groupes comme les Fleshtones ou les Flaming Stars
savent si bien entretenir depuis de longues années. La température monte et les
niçois de la salle font entendre leurs voix de manière insistante. Pour le
rappel Bratch nous gratifie de quelques chansons en solo, aussi évidentes que
touchantes, peut-être en forme de clin d'oeil à Alex Chilton ou Ben Vaughn qu'il
admire beaucoup. Quand le groupe achève finalement le concert, on se rend compte
que les discrets Groovers savent toujours bien tenir une
foule et qu'on aimerait les voir plus souvent. Vivement la sortie de leur nouvel
album...Nico.
IMPORTANT! N'hésitez pas à m'envoyer vos chroniques de concerts!