CHRONIQUES CONCERTS
X-Mas Blast Festival, Bordeaux, 28.12.02:
Allez hop une petite virée à Bordeaux Rock City pour cette nouvelle édition du X-Mas Blast festival à l'affiche alléchante concoctée par le vaillant
Buzz des TV Killers. A peine arrivé à la gare, je suis accueilli par notre brother du sdz crew,
le high-énergique L Van B aka "Le B". Après un détour par le repère du B pour un dèj aussi simple qu'excellent, on se dirige vers "Le Local" où doivent débuter les hostilités soniques. Nous tombons bien vite sur le Dimi Dero Inc. qui attend de faire sa balance et discutons avec une gloire locale dont on pourra j'espère vous reparler
bientôt plus en détail dans sdz. Et puis tout d'un coup wawavoooom...crrrrrr....v'là "Chinois" qui déboule dans la salle sur sa
mob' et la gare juste devant la scène. "Chinois" c'est nom du chanteur des
Los Purinos, groupe alterno-punk parait-il légendaire sur Bordeaux. En l'occurence j'ai eu un peu de mal avec la musique de ces légendes et leur répertoire largement constitués de reprises/massacres de standards divers et variés (du punk 70's et de l'alterno 80's pour simplifier...)...Même si leur set peine vraiment à me convaincre, c'est
plutôt marrant à regarder du bar et une bonne ambiance s'installe dans la petite salle alors que le public commence à s'échauffer.
Le deuxième groupe qui entre en lice est Antena Tres, il s'agit d'un trio qui - d'après ce que j'ai compris - est proche du duo Stef & Arno.
On cause donc ici de surf music. Et pas n'importe laquelle!
Comme dirait l'homme sage à propos du guitariste: il est de petite taille mais son talent est grand! Et qu'est-ce qu'il bouge!!! A côté Ruyter des Nashville Pussy - pourtant l'une des plus possédées du circuit - serait presque taxée d'immobilisme. Le groupe a sorti le grand jeu, les compos sont accrocheuses et le set ni trop court ni trop long.
A suivre de près!
Pour cause d'annulation des Gasolheads, ce sont ensuite les Dimi Dero Inc. qui ont la difficile tâche de clôturer cette après-midi et d'amener tout le monde vers l'heure de l'apéro et le reste de la soirée! Je ne suis pas trop objectif les concernant vu que je tente depuis plusieurs mois de leur trouver le tremplin qu'ils méritent pour les propulser vers...je ne sais pas trop quoi...mais quelque chose de bien et qu'ils méritent! Fort heureusement pour eux, quelqu'un de
bien va bientôt prendre mon relais et ça sera sûrement plus efficace que mes fumeux essais passés. Anyway, tout ce blah blah pour dire que
les Dimi Dero Inc. sur scène, c'est une expérience à ne pas manquer. Un rock sombre et torturé qui a tôt fait d'invoquer chez beaucoup Birthday Party et les Scientists. Rien de moins. En tout cas ces chansons, même si elles
ont la tête en bas, vous prennent aux tripes et les remuent bien fort. Sans cesse sur la corde raide, Dimi Dero Inc. a trouvé un équilibre entre rage et mélancolie comme beaucoup des grands groupes en provenance du pays des kangourous. Ils se sont donnés à fond pour cette première date à Bordeaux avec un set bien complet qui a même laissé la place à une nouvelle compo. De quoi secouer le B qui compte maintenant aux rangs de leurs nouveaux fans! Et j'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres! En attendant de les voir prochainement près de chez vous, n'hésitez pas à vous procurer leur album "Bonjour Monsieur Edvard" sorti
récemment et disponible un peu partout (Elp Records/Mosaic Distribution).
Après une courte halte-bouffe (comme ils disent au Québec!), on se dirige vers le C.A.T, belle salle - largement plus grande que le Local - et située proche des quais. Le moins qu'on puisse dire c'est que nous n'étions pas
nombreux quand les Rock-A-Hulas, des espagnols de La Corogne, entament leur set. Cela n'a pas empêché ces ibériques, chauds bouillants, de nous intriguer bien vite avec leur garage rock aux accents surf. Le chanteur ne tient pas en place et immédiatement je pense au guitariste des Antena Tres: la même famille!
De ceux qui incendient un public par la simple extériorisation de leur passion. Pour le rock'n'roll, j'entends. Quelque chose qu'on peut ressentir presque instantanément. Le public du C.A.T ne s'y trompe pas et alors que de plus en plus de monde débarque dans la salle, on sent que la soirée va être bien HOT. C'est ensuite au tour des
Exxon Valdez de Strasbourg de balancer leur punk rock trash à la
Dwarves. Même si sur disque, ils s'en sortent pas mal, je dois dire que leur concert ne m'a pas trascendé. J'ai été en particulier un peu gêné par une batterie "mitraillette" qui est d'habitude la particularité des groupes de hardcore mélodique.
Quand les Del Gators de Montréal font leur apparition, je sens qu'on va rentrer dans le coeur du PARTY. Formé par le couple Oli Chi (ex-Spaceshits) et Coco Butter Khan (soeur de King Khan), le groupe comprend également Danny et Choyce des Sexareenos, Edouard (ex-Scat Boosters) à la batterie et la charmante Nadia au chant. Il s'agit en fait d'un nouveau line-up puisque Danny des Sexareenos était également dans le groupe avant cette première date européenne. D'aucuns ont trouvé que leur set n'était pas en place. En ce qui me concerne,
je me foutais bien de savoir si c'était le cas ou pas, j'ai juste dansé! Parce que les Del Gators, comme leurs frères des Sexareenos, sont un vrai groupe de fêtards. Ils jouent du pur R&B estampillé 50's mais l'abordent de façon moderne avec une énergie parfois presque punk. Ils ont d'ailleurs clôturé leur set par une excellente reprise de "You Broke My Heart" des Vibrators. Bref, malgré tout ce qu'on pourra dire sur une certaine fébrilité dûe à ce nouveau line-up, c'était largement suffisant pour me faire passer un très bon moment.
Les têtes d'affiche de la soirée, j'avais pu les voir peu de temps avant à Paris mais c'était un plaisir de les recroiser. Je veux bien sûr parler de
Tav Falco & The Panther Burns. Et c'était d'autant plus cool que leur guitariste actuel n'est autre que le trépidant Grégoire des Dragueurs. Celui-ci a d'ailleurs pu m'expliquer qu'ils
avaient fait un voyage long et éprouvant en train l'après-midi (ayant joué la veille à Bourges) et ne
savaient pas trop ce qu'allait donner le show. Ta Ta Ta, je savais bien qu'il n'y avait pas d'inquiétude à se faire: quand le groupe monte sur scène, il n'est pas difficile de constater qu'il n'a rien perdu de son
charme. Le Tav a une présence très particulière sur scène. En fait je crois qu'il drague. C'est Gregoire qui a dû l'encourager en ce sens. Il drague tout le public. Lentement mais sûrement.
Des fois ça ne marche pas. Des fois ça prend une heure. Dès fois c'est plus rapide. En l'occurence, le groupe est vite rentré dans le vif du sujet. Et les filles c'est dès la première demie-heure qu'elles auraient
pu danser le tango.
Quant aux hommes, la plupart n'avaient d'yeux que pour la batteuse. Italienne. C'est ça la Panther Burns Experience, un tourbillon des sens et des sons aux confins du rock'n'roll de Memphis. D'aucuns trouvent ça daté, désuet, ringard ou je ne sais quoi: je pense que vu le niveau du groupe, ça serait vraiment être mauvaise langue de prétendre toute cela. Allez donc juger par vous-même.
Au final une très bonne journée rock'n'roll. Merci au B et merci à Buzz!!
Nico.
The Jakes + The Jerry Spider Gang, Nouveau Casino, Paris, 27.12.02:
Timing serré pour les deux groupes qui - si je me souviens bien - n'ont pas eu le temps de faire de balances en raison d'un retard dû à des fookin' embouteillages. En tout cas jouer dans l'urgence n'a pas effrayé les
Jakes qui ont attaqué un set de punk rock solide et enflammé dans la lignée de leur concert de Février dans la même salle. En comparaison, ce show s'est montré moins pointu sur les enchaînements (ils étaient vraiment déchaînés la fois d'avant) mais un peu mieux dans l'execution, les morceaux ayant eu le temps de mûrir. Le résultat est sensiblement le même de toutes façons: ça cartonne. Peu de groupes punk rock actuel peuvent prétendre un
son aussi authentique et des compos aussi accrocheuses. A suivre donc...
Quelques énergiques fans du Jerry semblaient avoir fait le déplacement et croyez-moi ils ont secoué leurs squelettes avec fureur pendant le show des toulousains...Il faut dire que le Jerry était en bonne forme, leur
set tourne vraiment bien et ils ont gardé quelques reprises de feu pour la
fin. Le groupe est compact, fait bloc et Lo'Spider partage son enthousiasme pour le rock'n'roll tendance
loud, loud, loud avec une énergie communicative. Si la totalité du public avait été aussi agitée que les quelques représentant de la ville rose, les tauliers aurait flippé mais la température aurait monté vers des sommets que j'apprécie...enfin là, il faut voir les choses en face,
beaucoup étaient encore en train de digérer leur dinde de Noël et à penser à ce qu'ils allaient bouffer pour la St Sylvestre. Remercions donc d'autant plus ces deux groupes d'avoir bruyamment troublé la souvent soporifique trève des confiseurs avec ce bien nommé "No Christmas Tour".
Nico.
Pancakes + Dummy Run + KG + Volt, Batofar, Paris, 18.12.02:
Même sans avoir fréquenté le Batofar avec une assiduité exemplaire, c'est avec une certaine amertume qu'on s'y est retrouvé, sachant qu'il s'agissait de l'un des derniers concerts à avoir lieu sur cette péniche, reconnue pour sa programmation très pointue, en particulier en musiques électroniques. En tout cas on a pu y voir quelques concerts mémorables comme vous pourrez vous en rendre compte en explorant les chroniques présentes sur ce site. En l'occurence il s'agissait donc de la dernière collaboration entre l'équipe artistique du Bato, sur le départ, et la boutique parisienne Bimbo Tower.
La charmante chinoise qui se cache derrière le nom de Pancakes est originaire de Hong Kong et nous a fait un petit set solo avec guitare et MD. Une ambiance très jap-pop qui fait penser à une version minimaliste des Cibo Matto. Court et pas désagréable. Vient ensuite le groupe Dummy Run que je n'ai suivi que du coin de l'oeil, ayant préféré me retirer vers l'arrière de l'embarcation pour discuter. En effet, je n'ai pas accroché à l'electro-expérimentale de ces trois gaillards bidouillant leurs ordinateurs portables. Et avec peu d'enchaînements, les titres m'ont donné l'impression de tomber vraiment à plat. Mais n'en faisons pas en plat, je dois reconnaître que je n'y connais pas grand chose...C'est ensuite le tour du trio sudiste KG (sur Goom Disques), nettement plus interessant avec une sorte d'electro-pop balançée entre le synthétique et l'organique. Cela a évoqué à notre ami Rackam les Silicon Tits, groupe que je ne connais pas et qui abrita parait-il dans les années 80, les futurs fondateurs du label Mute. On en apprend tous les jours!
Le trio Volt, formé par trois anciens Splash Four (Jacko, Lili et FX), fait ensuite son apparition pour le plus grand bonheur de leurs nombreux amis de la happy family garagesque parisienne venus les soutenir pour ce premier concert. Lili attaque le set en solo avec "I Like it", ritournelle electro-punk plus sombre que ses escapades en solo et qui donne le ton du show: froid et tranchant. Et ce malgré les restes pop 60's qu'on peut noter en de rares occasions. L'alchimie voix/boucles programmées/clavier/guitare se met ensuite en place sur l'excellent "Volt" qui est un peu leur "Nag Nag Nag". On en oublie presque les problèmes de jack de Jacko (c'est ça le Jack-o-Jack!). D'autant qu'ils enchaînent avec d'autres titres extraits de leur très recommendable premier maxi 45t sorti sur Polly Magoo. Une tension à la Suicide semble les accompagner. Les attaques guitaristiques de Lili sont toujours aussi perçantes mais le chant de Jacko a parfois des échos graves et quasi-dramatiques qu'on ne lui connaissait pas et qui se complètent parfaitement avec les interventions sur-aigües de Lili. FX malmène son clavier, sans en faire trop mais avec le rythme qu'il faut et en contribuant activement à l'ambiance à la fois pesante et dansante qui s'installe. Un set court mais très prometteur. Nico.
O.Lamm + Sage Francis, Guinguette Pirate, Paris, 13.12.02:
En première partie un artiste parisien qui évolue dans l'underground de ce qu'on appelle très banalement l'IDM (Intelligent Dance Music, encore une étiquette stupide!). En tout cas, il a sans doute fallu un certain courage à ce grand gaillard pour se lancer dans un set electro-expérimental, courbé sur son ordinateur portable, devant un parterre de hip-hop headz (certes surement pas auditeurs de Skyrock mais probablement pas techno-addicts pour autant). Quoiqu'il en soit O.Lamm en a convaincu plus d'un avec des beats'n'blips de grande qualité quelque part entre Kid606 et Squarepusher: le début du set était très souterrain, sombre et torturé alors que la fin du set, construit sur cet étonnant squelette, a rajouté les rythmes aériens qui ont achevé de convaincre le public (certains en venaient même à se demander ce que donnerait un rap posé sur ces étranges sonorités). L'américain Sage Francis attend le début de son set allongé par terre, emitouflé dans son parka, écharpe au cou et bonnet sur les yeux. On lui fait signe que c'est son tour. Le rappeur d'Anticon se lance d'entrée dans un slam époustouflant (poésie urbaine popularisée par les Last Poets puis Shä-Key et autres Saul Williams) comme il le fera à plusieurs reprises au cours de la soirée, s'amusant à l'occasion avec une chaise ou un pied de micro comme dans un bon vieux cabaret. Le DAT est ensuite enclenché et on se prend en pleine face le très engagé "Makeshift Patriot" qu'il porte avec une conviction incontestable. Au cours du show ce grand barbu, qui aime porter des perruques, aborda également des sujets plus personnels (cf son excellent album "Personal Journals") mais en maniant toujours avec tact l'humour et l'ironie. Il nous fait comprendre qu'il n'est qu'un banlieusard blanc comme tant d'autres qui a été profondément touché dans sa jeunesse par Public Enemy, Run D.M.C, Eric B & Rakim et autres pionniers du rap (euh 2 Live Crew aussi puisqu'il a grandi en Floride!! Bass Music! Bass Music!). Il a commençé à écrire, à slammer, à rapper. Et nous de rajouter qu'il a su s'entourer d'un crew intelligent, celui d'Anticon, qui sait éviter les clichés du hip-hop sans pour autant renier ses fondations. Une grande performance solo de cet artiste qu'il va falloir suivre de près. Nico.
Gaza Strippers + The Datsuns + The Hellacopters, Le Trabendo, Paris, 09.12.02:
Le bouillant Rick Sims (oui, oui l'ex-Didjits) ayant dû rentrer aux Etats-Unis en dernière minute en raison de l'accouchement de sa femme, son groupe, les Gaza Strippers, se retrouvait sans leader et sans chanteur. Courageux, ils ont décidé de continuer la tournée, le bassiste se chargeant du chant sur quelques titres...et surtout le groupe a eu l'idée d'inviter des membres des Datsuns et des Hellacopters, tour à tour, pour les accompagner. Même si cette idée était tout à fait excellente, le résultat ne m'a pas semblé à la hauteur (les répèts, ça ne s'invente pas!). Du coup le set est expédié avec en plus un son dégueulasse, une sorte de bouillie infâme qui a dénaturé plusieurs titres. Il faudra donc donner une autre chance aux nouvelles compos du groupe quand ils reviendront...avec Rick.
On attendait beaucoup des Datsuns après un set survolté le 13 Septembre dernier à la Boule Noire (où il est vrai, la motivation était au top: c'était à la fois leur première venue en France ET une soirée partagée avec leurs compatriotes des D4...) et la sortie d'un premier album ravageur. Après une intro qui semble en avoir étonné plus d'un (une reprise de Cheap Trick si je ne me trompe...), ils ont une nouvelle fois épaté la foule par une bonne présence scénique, une énergie très à fleur de peau et quelques très bonnes chansons ("Harmonic Generator", "Lady", "In Love" "MF From Hell"...). Il manquait toutefois la fougue de leur première prestation parisienne. On peut sans doute attribuer ça à leurs incessantes tournées aux quatre coins du monde...un peu de repos semble nécessaire. On espère en tout cas qu'ils ne tomberont pas dans le "too much too soon" et qu'à leur retour en 2003, ils confirmeront tous les espoirs qu'ils représentent...ce n'est pas si fréquent de jeunes rock'n'rollers aussi enthousiastes et capables de transcender toutes leurs influences hard rock 70's -même les plus inavouables- en un éclair.
Ce sont les 'Copters qui ont clôturé la soirée avec leur "grande rock" suédois. Un set qui a bien débuté avec quelques titres suprenants et très power pop extraits de leur nouvel album "By The Grace Of God". On se dit à ce moment là que le groupe a peut-être trouvé une nouvelle voie pouvant tout à fait lui convenir et que le show pourrait bien se révéler une très agréable surprise. Oui, mais...le show s'est en fait avéré être très inégal en raison d'une set-list très fourre-tout et surtout beaucoup trop longue. J'aurais tellement préféré qu'ils fassent 40mn en se concentrant sur leurs nouveaux titres. Mais voilà, les fans, ils veulent entendre les anciens titres. On ne peut pas vraiment leur reprocher. J'aimerais que les 'Copters prennent le goût du risque sur disque ET sur scène! En attendant je suis sorti déçu de la salle...Nico.
The Hellboys + Guitar Wolf, Nouveau Casino, Paris, 29.11.02:
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Les parisiens des Hellboys ont dans un premier temps tenté de chauffer la foule avec leur boogie garage punk qui ne m'a guère enthousiasmé malgré l'énergie indéniable que le groupe déploie sur scène. Il faut dire que le chanteur a tendance à jacasser entre chaque morceau, ce qui est vite agaçant vu qu'il sort quelques boutades faussement ironiques comme "nous sommes le rock'n'roll" et autres "dédicace aux représentants de la presse rock". Passons.
Dès que les Guitar Wolf arrivent sur scène, on pressent que la soirée va prendre un tournant bien plus interessant. Amateurs de fringues en cuir, de lunettes noires et de coupes de douilles bien
rockab' (ils se repeignent d'ailleurs à l'occasion entre les morceaux), nos loups de Tokyo électrisent le public avant d'avoir joué la moindre note. Les japonais présents dans la salle frisonnent déjà de plaisir. Et nous aussi.
Le set démarre pied au plancher avec une version tonitruante de "Jet Generation" (hommage non dissimulé à leur héroïne Joan Jett). Le décor est planté, les titres s'enchaînent magnifiquement dans un pur style Ramonesque, les nombreux larsens faisant écho à leur penchant marqué pour Link Wray et aussi au fait que ces trois là - sans être mauvais musiciens - ont avant tout comme point fort une formidable présence scénique.
Le chanteur Seiji irradie les premiers rangs de fantastiques vibrations rock'n'roll
dont la sincérité éclatante éloigne bien vite le Wolf de la catégorie de poseurs bruitistes dans lesquels certains voudraient les mettre. Ainsi au cours du concert Seiji n'hésitera pas à confier sa guitare à un inconnu du premier rang qui, pendant quelques minutes, a pu se prendre pour une star du rock'n'roll adulé par une horde de fans. Un peu plus tard, Seiji monta sur les épaules d'un fan pour parcourir la salle puis de retour sur scène grimpa - non sans mal - sur un ampli pour finalement se jeter à terre, toujours guitare en main. Généreux, le groupe revient pour deux excellents rappels. Et pour le troisième rappel, Seiji revient seul sur scène pour une chanson d'amour à la Oblivians en japanglais. Il fallait le faire. Si il y a un groupe qui aurait pu dire "nous sommes le rock'n'roll" ce soir là, c'était bien Guitar Wolf et eux seuls.
Longue vie au Wolf!! Nico.
Wire + Appliance + Gomm, Nouveau Casino, Paris, 26.11.02:
Gomm est un groupe lillois qui semble apprécier les
expérimentations pop, les morceaux ont une structure souvent
inventive. Il y a un travail sur la voix (par exemple dans la chanson où la chanteuse et le batteur se répondent), sur les textures sonores, les ambiances...Une approche qu'on peut probablement rapprocher d'un Godspeed You Black Emperor
minimaliste qui aurait beaucoup écouté Wire, The Fall et un peu de new wave...Cependant malgré ces efforts, j'ai eu bien du mal à accrocher à ces
compos, certes recherchées mais finalement un peu fades sur scène. Cela dit retenez quand même ce nom, ils pourraient bien nous surprendre un jour! Ce sont ensuite les anglais
d'Appliance qui nous ont fait subir une pop à teinture electro assez contemplative, lanscinante et...franchement
ennuyeuse. Après de longues minutes d'attentes, toutes les lumières s'éteignent (sauf celles du bar, ah les salauds!).
Wire fait son entrée sur scène, tous les membres ont des projecteurs en main et ce sont eux qui font le light show sur le premier titre.
On se croirait soudain perdu en plein Océan apercevant de temps à autres les lumières des lampes-torches de quelques valeureux gardes-côtes! Sur ce premier titre très indus (c'est un DAT qui tourne) Colin apostrophe violemment la foule, tétanisée par une telle entrée. Wow! Quelques lumières se rallument et le show démarre, comme au bon vieux temps: le son est excellent, les enchaînements parfaits et les compos super soignées! Une fois de plus le son guitare de Gilbert (vouté, dos au public) est tranchant et lumineux, le batteur et le bassiste ne sont pas en reste et Colin est en pleine forme. Ils jouent l'intégralité de leurs 2 nouveaux Eps ainsi que quelques anciens titres.
Les années semblent être passées comme des secondes pour ce groupe si
influent. Le set est ni trop court, ni trop long et se terminera - si ma mémoire est bonne - avec un "Lowdown" d'anthologie, le refrain étant repris par la foule compacte présente ce soir là.
Un grand moment! Nico.
The Hunns + The Stitches + Bad Lieutenants + Rat Waster, Péniche Blues Café, Paris, 25.11.02:
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Beaucoup de monde sur la petite péniche Blues pour ce concert, ce qui fait vraiment plaisir! J'ai manqué les
Rat Waster et une bonne partie du set des Bad Lieutenants (une petite mousse au bar du coin avec des potes, ça ne se refuse pas...mais en tant que chroniqueur,j'avoue que ce n'est pas très pro!! ah ah!). Si j'en juge par les derniers titres de leur set, les Bad Lieutenants jouent un punk rock bien cru chanté en français, ça semblait plutôt accrocheur! Les No Talents avaient dit le plus grand bien des
Stitches suite à leur dates en commun aux Etats-Unis il y a quelques années...les rares titres que je connaissais d'eux semblaient confirmer tout ça...et leur concert en a donné une preuve éclatante!!
Un bonheur de punk rock 77: un parfait mélange des Vibrators, des Weirdos et de Crime avec en plus un chanteur qui n'a rien à envier au Johnny Rotten des débuts...Et puis il y a
ce guitariste et son style tranchant, coupant comme un
rasoir...impossible de ne pas penser au aux attaques supersoniques de Lili Z. (ex No Talents/Splash 4)!! Bref, le set incisif des Stitches a marqué les esprits et réveillé les pogoteurs! Ce sont ensuite les
Hunns, l'autre groupe de Duanne Peters
(skater hero, chanteur surtatoué des US Bombs et boss du label Disaster) qui ont fait leur apparition...et là impossible de détourner les yeux de cette grand fille au look de cowgirl trash couverte de tatouages...mais oui, il s'agit bien de
Corey, l'ancienne bassiste des Nashville Pussy! Mais passons les présentations, le groupe n'a pas tardé pour attaquer avec un punk hardcore teinté de oi!, le Peter possèdant une voix pouvant rivaliser sans trop de problèmes avec le Lemmy des débuts! Aucun doute possible, ça arrache et le groupe ne se ménage
pas. Le public apprécie et le groupe aussi, Corey ne s'est pas faites priée à la fin du show pour cracher du feu, comme elle le faisait déjà si bien dans son précédent groupe. Au final une bien
bonne soirée punk rock!! Nico.
Flytrap + Decheman + New Bomb Turks, Nouveau Casino, Paris, 18.11.02:
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Flytrap, le duo guitare/batterie de St-Ouen, attaque les hostilités avec encore plus de gniak que d'habitude: je pense qu'ils ont fait une bonne demi-douzaine de chansons sans le moindre temps mort.
Ecoutez cette batterie qui surchauffe! Belle entrée en matière. A force de pratique, les Flytrap amènent leur compos trash/punk à un niveau qu'on ne connaissait pas. Plus qu'une seule chanson dit la régisseuse: "OK Mademoiselle!" beugle le batteur. Comme dirait Tonton Albert, ceux là peuvent aussi compter sur leur humour. Un très bon set d'un groupe en pleine progression.
Decheman, organ grinder en chef, nous a ensuite refait un court set instrumental de drum'n'blues comme il y a peu en première partie de King Khan. Après un début très R&B old-school, le bonhomme vire dans un délire schizo
drum buddy, certains ont pu se demander pendant quelques minutes s'ils n'étaient pas arrivés dans une soirée tek bien barjo.
Les New Bomb Turks ont ensuite fait irruption sur scène et là pas de chichi, pas de blah blah:
uppercut direct! Punk Rock! Eric n'a rien perdu de sa formidable présence scénique: provoquant un pochtron au premier rang, invitant une fille pour le moins enveloppée à venir danser à ses côtés ou descendant dans le public pour finir sur le bar (où Jon Von lui lançait des pièces comme on lance des cacahuètes à un chimpanzé!). De plus les chansons du dernier album sont excellentes, plus mid-tempo que d'habitude et parfois sacrément stoniennes. Cela dit aucun classique n'a été oublié, le public ayant répondu à l'appel et se montrant plus énergique qu'à l'habitude dans celle salle. On retiendra en particulier une
version hyper-énergique de "Defiled" et un rappel parfait avec notamment "Cryin' in the Beer of a Drunk Man" et une reprise de "TV Eye" des
Stooges. Une fois de plus, les 'Turks ont sorti le grand jeu. Et même s'ils ont perdu un peu de la spontanéité qui faisait la folie de leurs shows, ils restent au dessus de la mêlée. On souhaite donc
que les rumeurs de split soient fausses et qu'ils continuent encore pendant quelques bonnes années!
Nico.
Neurotic Swingers + Cowboys From Outer Space, Nouveau Casino, Paris, 15.11.02:
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Belle affiche marseillaise! Bad timing, embouteillages monstres, quand j'arrive dans la salle le show des
Neurotic Swingers est déjà terminé! Ark! Mais on m'en a dit plutot du bien: punk'n'roll à la Devil Dogs avec pas mal de reprises, ça doit bien le faire! Quelques minutes plus tard, ce sont donc les trois
Cowboys qui se pointent et attaquent illico un set garage blues'n'roll, inspiré autant par les Cramps que par les Chrome Cranks. L'arrivée suprise de
Lucas Trouble, le barjo en chef du label Nova Express et légende underground, pour quelques tours de passe-passe déglingués à l'orgue, dynamite le show.
Le groupe fait bloc, descend le blues en flèche, enflamme le rock'n'roll: en un mot file une bonne suée à tout le monde! Les clubbers attendent à l'entrée la soirée tek qui suit. Un petit rappel et puis nos marseillais repartent dans l'hyper-espace. On souhaite les recroiser bientot pour une transmission longue durée!
Nico.
The Jon Spencer Blues Explosion + Sparta, Bataclan, Paris, 13.11.02:
En rentrant dans la salle, je constate que Sparta est déjà en action. L'emo-hardcore de ces ex-At The Drive In semble mal s'adapter à une grande salle et le son crache. Slurp. Direction le bar. Y'a du monde!
Judah Bauer se balade pourtant comme si de rien n'était, discutant longuement avec ses fans devant le stand de T-Shirts. A la buvette, je croise deux joyeux membres des
Men In The Moon, le fameux groupe parisien qui a ouvert pour le JSBX à Bordeaux et Nantes. Allez une bonne mousse pour fêter ça alors que sur scène Sparta tente toujours péniblement de faire passer les ambiances quasi-fugaziennes de son premier album. Les derniers titres seront un poil plus convaincants mais le set est vite oublié, place à la suite! Le trio new-yorkais fait finalement son apparition:
The Jon Spencer Blues Explosion! Les trente premières minutes du show sont plates: les titres sont parfaitement enchaînés mais la fougue habituelle est complètement absente.
Que se passe t-il? Fatigue? Lassitude? Attendez! "Wail" fait décoller le show!
Switchin' to high gear baby! Et là c'est reparti comme dans les précédents concerts du JSBX cette année:
blues crade grave, Judah fait des étincelles! Le groupe atteint son top sur "Bellbottoms" et termine le show avec quelques bonnes chansons funky de son album "ACME". Pas de quoi faire oublier la maladresse des Inrocks à propos d'une éventuelle participation des Dirtbombs à la soirée mais de quoi passer un bon moment tout de même.
Nico. PS: Special Thanx to MickBl!
The Soledad Brothers + The Wildcats, 4AD, Diksmuide (Belgique), 12.11.02:
Par Bruno
RKT
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Do you know what I still dig about underground r'n'r gigs? C'est l'élément de surprise: vous sortez crevé du boulot, grimpez dans votre caisse et faite une quarantaine de bornes sur les petites départementales franco-belges avec comme seul objectif une raisonnablement bonne soirée passée à s'envoyer une dose de live r'n'r en descendant quelques bières goûteuses et inexpensives avec vos potes, et quelques heures plus tard vous repartez sur un petit nuage, un sourire jusqu'aux oreilles durablement imprimé sur votre visage au profil si élégant, requinqué pour le reste de la semaine!!!
C'est exactement ce qui s'est produit ce mardi soir lorsque nous sommes arrivés au world-famous 4AD, devant la gare de Diksmuide. Notre timing parfait nous fait franchir le seuil du bar au son des
Wildcats, combo local avec le kit complet (look vintage et tout le toutim) et la setlist de reprises peu inspirées, rockab' honnête-sans-plus (faut soit être très bon soit avoir un petit de grain de folie pour tirer le meilleur jus de covers évidentes des Stray Cats, Meteors, Johnny Burnette, Vince Taylor et autre Billy Lee Riley - et là c'était pas le cas) et
on se met lentement dans l'ambiance en sirotant une Krueger ou une 4AD (rien de plus kool, soit dit en passant, qu'un bar-rock qui vend ses propres canettes, avec en guise d'étiquette une photo d'un des murs couvert d'affiches de concerts...classieux!).
Jusque là rien d'exceptionnel, et je gossip tranquillement avec Laurent et Nico les deux intrépides reporters du SDZ zine, montés de Paris pour l'occasion (Gee..) en attendant les Soledad, lorsque que ces deux-là, surs de leur effet, m'annoncent sans préambule que
les 3 Bros sont accompagnés d'une certaine.. Meg White! Sur le coup j'ai un doute, peut-être ai-je mal compris ou me suggèrent-ils une ressemblance trompeuse chez une beauté locale mais non, cette chevelure noir de geai, ce visage, cette silhouette, c'est bien la drummeuse des White Stripes, assise là tranquillement à siroter un coca pendant que ses compagnons de tournée installent leur matos..I just LUV Underground Rock'n'Roll !!!!!
Bon, évidemment, on est allé discuter un peu avec elle, et bien qu'elle soit assez timide, et qu'on soit un peu intimidé / désarçonné par sa présence, ce fut tout de même très cool. A real lady!
Le set des Soledad commence donc sous les meilleurs auspices, par les deux titres qui ouvrent leur dernier album en date, ce qui donne le ton d'emblée: le blues, man,
just the blues, tendance décharné, back to the bone, mais aussi le 70's rock'n'roll le plus resplendissant (la comparaison avec les Stones circa
Exile on Main Street s'impose d'elle-même), une direction relativement nouvelle initiée par Oliver Henry, le vieux pote multi-instrumentiste (guitare / sax) du temps des premiers pas à Toledo. Le gros atout des Soledad, outre ce fantastique batteur qu'est Ben Swank, c'est cette «nouvelle recrue» qui a transformé le déjà-bon duo blues-punk minimaliste-bruitiste initial en
redoutable power trio aux capacités décuplées, susceptible de bifurquer sans transition d'un killer headbanger sans fioritures à un dérapage free-jazz-punk sauvagissime en repassant toujours par le blues marécageux et menaçant qui constitue leur trademark. Du coup
l'autre référence qui s'impose, c'est le Gun Club du début, en moins chamanique / possédé bien sur, mais l'influence est cependant évidente et revendiquée, les 'Brothers reprenant «Jack On Fire» (et «Preachin' The Blues» aussi, si mes souvenirs sont bons) entre deux originaux bien envoyés.
Sur la petite scène du 4AD, les 3 compères se lâchent progressivement, balancent quelques vannes sur Toledo,
fêtent l'anniversaire d'une beauté tchèque tout excitée d'être là, s'enquièrent du nombre de km qu'on a du faire pour venir et assurent globalement l'ambiance, qui n'a pas réellement besoin de coups de pouce supplémentaires d'ailleurs, vu que le feeling côté public est plutôt au «let's the good punkrock roll and give me another beer mate!». Bref, ça'l fait et ça fait même plus que le faire jusqu' au «Shaky Puddin'» final, leur boogie fétiche exécuté en guise de rappel façon charge de bisons sur la plaine.
En résumé, une excellente soirée donc, et une excellente surprise, confirmation à la fois de tout le bien qu'on pensait du groupe mais aussi de la diversité et de l'étonnante vitalité de cette fameuse «scène de Detroit ». Alors, à quand les Paybacks de Wendy Case ou The Electric Six en Europe? Allez, les mecs, come on, on a des bières et de la caféine et des clubs rock comme vous n'en avez plus aux US depuis des années.
Q And Not U + Odd Mountain Trio, Nouveau Casino, Paris, 09.11.02:
Bon j'ai loupé la quasi-totalité du set des Odd Mountain
Trio, jeune groupe nantais qui semble apprécier des ambiances plutot calmes à la Gastr Del Sol. J'avais un bon pressentiment sur le groupe suivant,
Q And Not U, en provenance de Washington D.C. et dont je ne connaissais pourtant aucun disques (deux albums sont disponibles sur Dischord). Découverts par Ian McKaye, ces trois là savent se détacher des influences de Fugazi, bien qu'on retrouve une énergie rappelant les premiers albums de ces derniers. Q And Not U dispose d'un
frontman étonnant qui, à part sa petite ressemblance avec Kiefer Sutherland (interprète de Jack Bauer dans la distrayante série
24 Heures), se revèle être d'une vivacité incroyable sur scène. Il y a sans doute aussi une bonne dose de nervosité dans son comportement mais peu importe: sur scène, ce gars là ne tient pas en place et contribue au côté terriblement destructuré des chansons, tout en entraînant ses deux accolytes avec lui dans ce
tourbillon d'énergie qui a tôt fait de happer le public.
Les compos sont tout simplement brillantes, tendues, tranchantes,
barrées comme un version post-punk/pop et dépouillée des premiers Headcleaner avec à l'occasion quelques passages plus lents et d'autres carrément indescriptibles et totalement inventifs. De plus voilà des musicos qui savent faire un show ni trop long, ni trop court, juste assez pour se prendre une claque et espérer leur retour prochainement en écoutant inlassablement leurs disques.
Une très bonne suprise! Nico.
Suicide, Centre Pompidou, Paris, 08.11.02:
Photos
La grande salle de cinéma dans laquelle s'est produit Suicide n'est a priori pas du tout adaptée à un concert. Mais c'est ainsi, le célèbre duo new-yorkais ne joue plus dans les salles de concert traditionnelles. Pour le meilleur et peut-être pas pour le pire. Avec un public assis (du moins au début) et une telle salle, le show des Suicide et particulièrement
leur arrivée sur scène et leurs déplacements ont pris une dimension théâtrale étonnante. C'est que chacun a sa démarche:
Martin Rev marche d'une manière on ne plus plus nonchalante tel le regretté tennisman
Mivoslav Mecir dans ses plus grandes heures; Alan Vega quant à lui marche comme
Andre Agassi, un peu en crabe, des petits pas rapides. Pas d'échauffement pour ces deux là, ça joue fort dès le début, Rev tabasse ses
claviers aux poings, Vega a déjà un genou à terre, bientôt il sera à quatre
pattes. Les échanges sont violents. A chaque jeu - pardon à chaque fin de chanson - Rev fait quelques pas et multiplie les effets de veste (sur l'épaule, sans les manches,
etc.). Vega arpente la scène inlassablement et installe avec une incroyable facilité la tension inhérente à leur musique. Le public ne tient plus en place. Beaucoup de spectateurs se lèvent,
descendent en bas de la salle et se mettent à danser et à hurler juste devant l'estrade où se trouve le groupe. Le groupe est content. Martin et Alan se font quelques accolades. Vega se met à hurler. Les BPM montent, le groupe fait défiler une bonne partie des titres de son nouvel album "American Supreme". Puis lâche qu'il faut rester "Alive". Ironie? Non, oui, peut-être,
I don't give a fuck. Pour le rappel, Vega déclare "on a more serious note, we gotta stop this shit war!". Balle de match.
Victoire? Victoire sur eux-mêmes! Suicide is alive and well!!
Nico.
Enon, Guinguette Pirate, Paris, 06.11.02:
Formé par des anciens membres de Blonde Redhead et de Brainiac, les new-yorkais
d'Enon m'avaient déjà bien intrigué lors de leur premier passage parisien - à l'époque de leur premier album - dans le cadre d'une première partie de Les Savy Fav, également sur la Guinguette Pirate. Avec un deuxième album très bien accueilli sous le bras, voilà qu'Enon revient en Europe et en tête d'affiche. Pour la première date de cette tournée et faute de première partie, le trio (guitare/basse/batterie) annonce qu'il fera
deux sets. Cool! Après un début de show, fin et électrique dans une veine
noisy pop, le chanteur délaisse sa guitare et commence à faire de fréquents déplacements vers un synthé sur lequel il se tape quelques délires
assez new-wave tout en lançant à l'occasion quelques boucles pré-programmées bien efficaces. La charmante bassiste, commence également à l'accompagner au chant voire à assurer le chant à elle toute seule. Dans ces moments, Enon dévoile une
pop étrange aux touches new-wave et perpétuellement
soutenue par une tension rock'n'roll clairement perceptible, probablement héritée des précédents groupes de ces très bons
musiciens. En tout cas les compos son bien en place et ce premier set se termine de très belle manière avec une
reprise du "Sex Beat" du Gun Club avec l'intriguante bassiste au chant (pour qui connait sa jolie voix, je vous assure que cela valait le déplacement!!). Après une petite pause, le groupe revient pour un deuxième set plus rock mais toujours original et enlevé. Le seul reproche qu'on pourra faire au groupe serait peut-être
l'absence de ce petit grain de folie qu'on avait pourtant bien remarqué lors de leur dernière
venue. Cependant pour la première date d'une tournée, c'était quand même pas mal du tout!!
Nico.
The Briefs + Les Baton Rouge, The Pit's, Courtrai (Belgique), 31.10.02:
Par Bruno
RKT
Le buzz avait plutôt bien fonctionné ce mercredi et le Pit's était plein à craquer lorsque nous sommes arrivés sur nos fiers
destriers, autoradio bloqué sur le Real Kool Trash - Thee Originals du soir qui, waow miracle de la technique moderne, «passait» encore très bien de l'autre côté de la frontière, l'émetteur de RCV étant en grande forme ce soir là. Le différé, c'est Kool !
Quelques blanches plus tard, on a déjà entamé les festivités avec une bande de djeuns au look néo-New Wave tendance proto-garçon coiffeur (gasp..), Mais ouf, ils portent leurs guitares suffisamment bas pour nous rassurer sur leurs intentions...Une fois que
Suspiria Franklyn, leur chanteuse-guitariste, affriolante dans sa robe ultra courte sur bas résilles cheesy à souhait, empoigne le micro, on apprend que ce quatuor s'appelle «Les Baton Rouge» en français dans le texte, et qu'ils sont portugais.
Ce gang extrêmement sympathique sur scène balance avec conviction un étonnant mix de punkrock et de early new wave, X-Ray Spex meets The Ramones, Nina Hagen avec The Clash en backing band ou les Slits qui auraient appris à jouer. Pas de quoi revendre sa caisse et larguer sa meilleure moitié pour les suivre autour de la planète, mais une
prestation touchante tout de même ou les maladresses et le manque de génie sont largement compensés par la pêche et le plaisir évident de se retrouver sur scène. Un bon moment et une excellente première partie .
Un p'tit quart d'heure occupé à tailler une bavette avec James, l'autre guitariste, dans euh, comment dire.. «l'arrière-salle» du Pit's (entre le chiotte et le stand de disque 65 cm plus loin, quoi) et hop c'est reparti on stage ou les quatre Seattlelites les plus London'77 de la planète ont déjà entamé leur cavalcade infernale avec le très percutant «Poor & Weird», la plage qui justement ouvre la face A de leur seul album à ce jour, l'excellent et très justement nommé «Hit after Hit» (Dirtnap Rds). Pas de fioritures, ça déboule à 200 à l'heure («Silver Bullet», «We Americans», «C'mon Squash Me Like A Bug», ..) façon batte de baseball à répétition (hit me with your best shot..), mais
sans jamais oublier qu'un bon titre est avant tout une bonne chanson, et côté songwriting ces lascars s'y connaissent manifestement en perles bubblegum poivrées et lancers d'hameçons power pop ultra-mélodiques.
C'était déjà cette capacité à varier les plaisirs et à vous attraper par les oreilles avant de vous agripper les couilles qui m'avait fait accrocher, et là franchement sur scène la confirmation de ce trop rare talent se révèle grandiose! Le public ne s'y trompe pas d'ailleurs, et là ou on ça ne se déhanche pas avec entrain, c'est que les human pogo sticks s'activent vigoureusement...En plus
les 4 Briefs ont manifestement l'air content d'être là, peut-être soulagés d'avoir enfin à faire à un public honnête et enthousiaste après leurs deux premières prestations à Londres devant un parterre essentiellement composé (dixit Steve le leadsinger) de poseurs et de pros de la profession venus exhiber leurs dernières ray-bans. Tant mieux pour nous, ils se lâchent à fond et l'ultime rappel se conclue sur
une magistrale cover des Weirdos histoire quand même d'affirmer leurs racines Pacific West Coast, laissant quelques flaques fumantes de sueur sur le lino
du Pit's et des éclairs de jubilation dans les yeux de votre serviteur. Yeahup, un gig comme ça, j'en veux bien toutes les semaines
!!!
Add N to (X), Nouveau Casino, Paris, 25.10.02:
Ce groupe anglais avait beaucoup fait parler de lui à l'époque de la parution de son
réjouissant album "Avant Hard", dans lequel plusieurs vieux synthés et autres machines Pierre Henry-esques subissaient un tonitruant traitement punk contribuant ainsi à créer
un magma sonore pouvant plaire autant aux fans de Kraftwerk, qu'à ceux de Suicide ou des
Cramps. L'opus suivant, "Add Insult to Injury" dévoilait un versant plus pop du groupe, alors que le
dernier en date - récemment paru - flotte un peu entre les deux...Quoiqu'il en soit, pour avoir déjà vu un enthousiasmant set du groupe lors d'un festival il y a quelques années, j'attendais ce concert avec impatience. Je n'étais pas le seul, la salle était pleine à craquer.
Quand le groupe fait son apparition, je suis supris - et pour tout dire déçu - de ne pas voir Ann, la
girl with the long black hair qui est pourtant si charmante quand elle s'amuse avec le thérémine en fumant une
cigarette. Non, il n'y a que des hommes sur scène dont quelques nouveaux membres (batterie, guitare). Il y a pas mal matos sur scène notamment des Moog (savamment utilisés) et quelques gadjets electroniques plus ou moins portatifs. Le groupe entame le concert de belle façon et leur electro-pop bizarroïde
a tôt fait de faire entrer le public en vibration. Cela dit, je remarque que les titres ne sont pas très enchaînés et que quelque chose semble déranger un de membres du groupe -je crois que c'est Barry, le poseur qui est torse nu sous son blouson en cuir. Tout le monde comprend vite: Monsieur n'est pas content du son, mais alors pas du tout. Il commence à pester, injuriant copieusement le sonorisateur puis un peu tout le monde. Les autres membres du groupe, le soutiennent sans pour autant sembler partager son humeur massacrante. Quoiqu'il en soit le gaillard a quand même
pas mal gâché le show - et contribué à sa courte durée - avec ses caprices de star (ok il manquait peut-être de retours mais était-ce si grave?). Ainsi, même si on se souviendra de
quelques moments intenses et captivants (attaque Moog-iesque frontale, solo de thérémine et l'alchimie générale sur de nombreux titres), le concert laisse un mauvais arrière-goût comme si le groupe s'était perdu après s'être trouvé trop
vite...souhaitons qu'ils se retrouvent rapidement...et que Ann
revienne! Nico.
The Woggles, The Pit's, Courtrai (Belgique), 25.10.02:
Par Bruno
RKT
Hey, un p'tit shot de pur 6-teaze garage punk revival sans prétention, ça vous tente? Si la réponse est yeah!, allez voir
The Woggles la prochaine fois qu'ils passent prés de votre crémerie...c'est ce que se sont dit les
happy few qui ont investi le coin de rue le plus célèbre de Kortrijk ce vendredi soir, et ils ont eu raison !
Arrivé tout juste pour le premier coup de médiator, il m'a fallu quelques titres et quelques Duchesses pour rentrer dans le
born-to-party r'n'r des 4 d'Atlanta, mais une fois passé le cap micro pourri/son aléatoire de la fameuse sono du Pit's, j'ai sauté à pieds joints dans leur mix garage/soul/Rhythm & Booze
truffés de dancefloor fillers fleurant bon les Strangeloves ou les Fleshtones (version light, tout de même). Pas évident à priori, car les productions vinyles des Woggles, toutes périodes confondues, me laissaient relativement froid (à part peut-être les early singles sur Zontar), mais pour une toot toot première fois (et incidemment une ouverture de tournée - ils débarquaient tout juste des US of A), les 4 Woggles (dont deux intermittents, respectivement bretteurs habituels chez les Subsonics et chez les Vendettas) ont assuré comme des bêtes, emportant l'adhésion avec candeur et modestie.
Si seulement chaque bled du Nord de la France avait ce genre de homemade combo, les weekends seraient nettement plus groovy.
Decheman + King Khan & His Shrines, Nouveau Casino, Paris, 17.10.02:
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Vous vous souvenez de Deche d'en Face? Après son split, le groupe a donné deux naissances: d'un côté Flytrap (un autre duo) et de l'autre
Decheman, un one-man band. Un homme face à son orgue. Un bordelais qui veut faire groover cette satanée machine pour que nous aussi on se
mette à bouger. Principalement instrumental le petit numéro R&B manuel de Decheman fait penser à Mister Quintron et...Charlie Oleg? quelques vocaux humides? Je pense à Jon Spencer...et Phil
Collins?? Damned, serais-je conditionné?? Putain va falloir que je change ce conditionnement, ça ne colle pas, j'écris vraiment n'importe quoi. Bref, Decheman, on est un peu
déchu (sorrrrrrry!) le set est trop long et avec quelques passages molassons...mais c'est pas mal quand même!!
Car ce n'est jamais évident un one-man show, regardez Bigard il est con, vulgaire, beauf et pas drôle et y'a personne pour lui dire!!
King Khan est de retour. Avec son backing-band les Shrines. Et quel retour! Sans conteste très heureux d'être à nouveau à Paris, King Khan danse comme un fou aux côtés d'une go-go girl en pleine forme et soutenu par un groupe déchaîné composé d'un guitariste, un bassiste, un batteur, un organiste et un percussionniste. La musique?
Un R&B sauvage et cuivré, souvent sacrément funky mais à l'occasion plus langoureux et
voodoo. Voodoo people, un sort nous est jeté: il faut bouger!! De toutes façons comment résister?
James Brown et Screamin'Jay Hawkins sont dans tous les esprits, nous sommes habités! Enivrés par un King Khan qui voit son pantalon se fendre
à l'arrière...ce qui ne l'empêche pas de continuer de plus belle avant, ultime éclat, de réapparaître pour un rappel en tant que
"Super King Khan" dans un joli costume bleu-maison et avec un vrai casque de super-héros! La classe.
Hairs down, bravo KK! Nico.
Vegomatic + Les Terribles + Men in The Moon, Nouveau Casino, Paris, 12.10.02:
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Le concert a démarré si tôt que je n'ai pas pu voir les Vegomatic et j'ai manqué une bonne partie du set des
Terribles qui paraissaient pourtant survoltés. Toujours un bon délire 60's en perruques et costards d'époques et
"le chinois", énergique en diable derrière sa batterie...Ce sont ensuite les
Men In The Moon qui cloturent cette soirée courte mais sympathique organisée en dernière minute. A nouveau,
on tombe dans leur marmite psychée, n'en ressortant qu'après un set court mais costaud,
les yeux plein la tête, la bouche plein le cerveau, les mains dans les oreilles et euh le nez en orbite quelque part...well done!!
Nico.
Pollyanna + Mon Cheri + Erase Errata, Nouveau Casino, Paris, 06.10.02:
Pas vraiment la foule des grands jours pour ce concert mais une ambiance plutot sympa,
comparable à celle du concert du Tigre il y a quelques mois. La soirée étaient sous les signe des filles et des grrrrrrls et la communauté lesbienne était bien
réprésentée...Le DJ passe d'une reprise house de Siouxie à un standard punk rock sans se poser de questions et finalement la première artiste fait son apparition. Il s'agit de la jeune chanteuse
Pollyanna. Il n'est sans doute pas facile de jouer comme ça en début de soirée, qui plus est quand musicalement on
n'a rien à voir avec la suite...mais pour rester honnête, je dois dire que
je n'ai
pas du tout accroché à cet intermède folk. Et pour ne rien vous cacher j'ai même lâché un baillement qui m'a valu une remarque de ma voisine...euh désolé!!
Thierry D. nous avait déjà parlé du groupe Mon Chéri qu'il avait découvert avec bonheur cet été. Ce groupe parisien, emmené par une chanteuse habitée, joue une
pop gentillement électrique avec quelque touches légèrement new wave. On pense à Bis, les Breeders ou Sleater Kinney. Rien de vraiment transcendant mais la bonne humeur est de mise. Cela dit, ce fût un set un peu trop long à mon goût...
Arrivent enfin les tant attendues américaines d'Erase Errata
(from San Francisco) avec de
jolis uniformes DIY. Malgré un mauvais rhume, la chanteuse, sorte de femme-enfant cyclo-timide penchée sur le rebord de la scène, a parfaitement soutenu les attaques tranchantes d'une guitariste qui a de quoi plaire à tous les fans de Melt Banana et
d'une bassiste phénoménale qui a bluffé tout le monde!! Avec en plus en batteuse bien au point, le groupe s'est montré encore plus convaicant que
sur leur premier album "Other Animals": un post-punk terriblement acéré qui peut remettre en tête à certains les meilleurs heures des Slits ou à l'occasion les débuts no-wave de Sonic Youth. Moins speedé que sur disque,
les compos défilent tout de même rapidement mais sont taillées comme des harpons qui visent juste à chaque
coup. Je suis pris au piège, ça y est, je suis fan!! Nico.
Dimi Dero + Tav Falco, Nouveau Casino, Paris, 03.10.02:
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En arrivant, force est de constater que Tav Falco n'est pas parvenu à remplir la salle comme l'an passé à la même époque.
L'effet "come-back" atténué, les vieux loups rock'n'roll sont restés dans leurs tannières. Peu importe
Dimi Dero est déjà sur scène. Son groupe et lui sont
prêts à prendre le public à la gorge avec un rock'n'roll froid, sombre et
tendu. Avec le départ de leur clavieriste, les compos sonnent plus brutes, plus tranchantes. Ainsi, après avoir parcouru avec rythme une bonne partie des titres composant leur premier album ("Bonjour Monsieur Edvard" qui sort début Novembre), c'est la saignée!
La tension éclate, Dimi tape du pied, jette sauvagement sa guitare par terre et après un salut au public, les loups quittent l'arène. Sous une bonne et méritée salve
d'applaudissements. Belle attaque, joli coup. A suivre...
Tav Falco & The Panther Burns étaient de retour d'une très grande tournée pendant laquelle ils ont été jusqu'à Moscou. Le backing-band a quelque peu changé depuis l'an passé puisqu'on y retrouve seulement le bassiste (toujours de New York) alors que derrière la batterie se trouve désormais une charmante
jeune femme de Memphis (le Tav a aimé "la façon dont elle dansait"...) et que la guitare (une belle Gretsch comme d'hab'!) est maintenant tenue...par nul autre que ce cher
Grégoire des Dragueurs!!! S'il y en a un qui m'a bluffé pendant le show, c'est bien lui!! Sinon c'était toujours les "ongoing sorrows of the Panther Burns", du pur Tav Falco, 50's, latin, extravagant...et toujours long à la détente mais en pleine forme à la fin du concert (après l'heure de jeu)...bravo encore à Grégoire qui a nous a bien épaté!!
Nico.
Men in The Moon + The Black Madonnas + AS Dragon + The Beatings, Nouveau Casino, Paris, 26.09.02:
La première parisienne des soirées rock'n'roll "Sonic Mook Experiment"
lançées en Angleterre par Sean du groupe McLusky. Au programme: deux groupes français et deux anglais. On attaque avec les
Men In The Moon qui, une fois de plus, nous ont transporté dans leur psychédélisme garage, nous rapprochant ainsi quasi instantanément des plus grandes heures du genre il y après de 35 ans. Ce voyage dans le
time tunnel est des plus agréables et tout est fait pour qu'on en profite un maximum: compos soignées, un chanteur qui bouge et joue les éclaireurs avec passion et un temps de séjour ni trop long ni trop court. Bien vu, les billets vont s'arracher!
Ce sont ensuite les rosbeefs des Black Madonnas qui font leur apparition et le style tranche rapidement. Sans être complètement désagréables,
toutes les compos du groupe trahissent assez nettement leurs
influences. Malheureusement celles-ci ne sont pas toutes à la hauteur de leurs - légers - clins d'oeil à Wire ou The Fall et on peut citer en vrac Lynyrd Skynyrd ou les Red Hot au rang des groupes qu'ils ont dû écouter assidument et qu'ils copient assez platement. Cela dit, ne soyons pas trop sévères, ce groupe est
plutôt fun à regarder, et certains de leurs fans avaient même de drôles de façons de danser (une sorte de croisement entre les déhanchements d'Iggy et les grands écart de Jeanclod Vandamme). Et puis ils restent toujours meilleurs que les BRMC et autres The Vines (ce qui n'est pas dur, je vous l'accorde!).
Ce fût ensuite au tour des AS Dragon d'envahir la scène. Longtemps cantonnés au rôle de backing-band de Bertrand Burgalat, le groupe sort ces jours-ci un album tout seul et entend bien se faire un nom. En ce qui me concerne, je risque des les oublier assez vite. En effet, malgré la qualité indéniable des musiciens et une chanteuse qui fait de son mieux pour se rapprocher de Patti Smith ou Blondie,
les compos sont ennuyeuses. Je pense à Air...et bien vite j'ai envie de prendre
l'air...hmmm, désolé. Je n'ai donc pas suivi le reste de la soirée, en particulier les
Beatings dont le metal-punk n'a semble t-il pas convaincu mes potes du A.M.C.
Nico.
Les Sexareenos, Le Grand Mix, Tourcoing, 25.09.02:
Par Bruno
RKT
A peine le temps de boucler l'émission sur RCV et d'arriver (fatalement) à la bourre au Grand Mix qu'on se rend compte qu'il y a un truc qui cloche: King Khan et ses Shrines ne seront pas de la partie (et, apparemment, n'ont même jamais été réellement programmés..- ???). Shit. Les
Lucky Devils, jeune trio psychorockab' local, assurent une première partie plutôt sympathique et bien foutue, dommage qu'ils ne bougent pas, mais bon, la taille de la scène (et de la salle, au trois quart vide) étant ce quelle est, on ne peut pas trop leur en vouloir. Un mauvais pressentiment m'étreint malgré tout à la fin de leur set.
Les Sexareenos grimpent sur scène quelques minutes plus tard, et tout de suite
on sent que ça s'annonce mal. Ils font pourtant quelques efforts, balancent quelques vannes en franco-québécois, mais les regards qu'ils échangent sont de mauvaise augure et ils tirent tous la tronche du type dont la girlfriend vient d'incinérer la collec' de vinyles sous prétexte qu'il était rentré une fois de trop bourré avec un condom fraîchement usagé encore au bout de la queue..Z'ont vraiment pas l'air heureux d'être là, c'est le moindre qu'on puisse dire.
Too tired to rock? Pour un combo qui revendique haut et fort son héritage Frat-Garage-Punk et son penchant pour la P-A-R-T-Y, ça la fout mal d'entrée. Et cette première impression se confirmera malheureusement tout au long du gig, malgré
quelques bons moments («everybody Sexareenos» et leur excellente version du «Hey-Say-Lo-Ney» de Mickey Lee
Lane), et en tenant compte de l'inadéquation groupe/salle (cette dernière beaucoup trop grande - et au son beaucoup trop propre ( !) - pour ce genre de combos et surtout par rapport au maigre public garagiste local - ça avait déjà été le problème avec les Demolition Doll Rods en mai dernier). Les quatre 'Reenos se sont révélés incapable de faire monter la sauce, manifestement trop accaparés par leurs petits problèmes persos pour se concentrer sur le gig et leur fonctionnent en tant que groupe.
Dommage, ça aurait pu être bien.
Lee Hazlewood, Trianon, Paris, 16.09.02:
Le premier concert parisien du légendaire Hazlewood à près de 73 ans! Incroyable mais vrai. Et on ne voulait pas manquer ça! Le Trianon est une belle petite salle de spectacle. Et quand finalement tout se beau monde fût assis, le bonhomme a fait son apparition d'une démarche cool, rejoignant son groupe déjà installé. Son groupe, euh...je ne saurais pas trop quoi en dire. Je crois qu'il y avait des membres de High Llamas ou quelque chose comme ça. Ils ne m'ont pas vraiment impressionné. Ils ont fait leur boulot correctement mais sans vraiment de brio. Les deux cocos aux synthés, c'était assez drôle, sauf sur les passages de cuivres puisqu'il n'y avait pas de section cuivres...mais il fallait bien qu'ils soient là pour soutenir les arrangements, parfois un peu surprenants, du Lee qui n'hésite pas à virer dans l'auto-dérision dès qu'il en a l'occasion (par exemple le drôlatique "For My Birthday" sur son dernier album). Mais bon causons un peu du gaillard. D'abord cette VOIX. Il l'a toujours! Et elle vaut tout l'or du monde! Après il y a toutes ces belles chansons (dont certaines inédites sur scène) qu'il a interprêté magnifiquement. De "These boots are made for walking" à "Dirtnap Stories" en passant par une version paresseuse et hilarante de "Whole Lotta Shakin' Goin' On" (Dédé Williams aurait adoré, Jerry Lee Lewis peut-être pas!), ce sacré Lee avait concocté une bonne set-list! Il a nous a de plus fait la conversation avec pas mal d'humour, évoquant autant les prositutés de l'avenue George V que les poivrots d'un rade de North Hollywood. Sacré Lee! Votez Lee!
The Montesas + The Stuck Ups, Nouveau Casino, Paris, 15.09.02:
A peine remis d'un vendredi 13 des plus électriques, v'là t'y pas qu'on se dirige de nouveau vers un show r'n'r pour terminer le week-end en beauté. Le public n'est pas au rendez-vous, beaucoup ont sans doute préféré casser leur tirelire pour aller voir les Supersuckers. Mais nous, on avait envie de découvrir les Stuck Ups, groupe de Seattle emmené par la charmante Tiffany et ayant a son actif deux albums sur Sympathy (dont un qui vient de sortir). Ah oui, sachez aussi que leur ancienne batteuse est maintenant la femme de Billy Childish...ça c'est du potin garage, non? Bref, ce trio dispose donc maintenant d'un nouveau batteur des plus énergiques qui arborait un gros T-Shirt "Green River". En voilà un qui soutient aussi bien sa scène locale que les deux filles qu'il accompagne en concert. Un set attachant de punk 77 avec le chant porté de Tiffany, qui rappelle à l'occasion les belles heures de Bikini Kill ou la présence de Vanessa des Pinkos. Du trois-accord bien roulé et des nouvelles compos plus post-punk, limite new-wave. Un concert revigorant!
Dans un registre différent, les Montesas prennent ensuite la relève. Eux sont les chouchous allemands du crew Larsen et perpétuent avec une bonne humeur communicative le R&B garage des Sonics et des Wailers. Leur set est composé de quelques titres instrumentaux et de pas mal de reprises bien choisies, de "Suzie Q" à "Mother in Law". Rien de très nouveau, me direz-vous. Oui mais eux le font vraiment bien, avec enthousiasme et une pointe d'ironie. Sachez qu'ils sont originaires du même coin que les Shrines, le backing-band de King Khan...ça aussi c'est du potin garage! Maracas, orgue, hurlements du batteur, classe du chanteur et blagues en allemands sur les mangeurs de grenouilles que nous sommes...des bons moments! Une petite soirée sympa! Nico.
The Datsuns + The Von Bondies, Lintfabriek, Kontich/Anvers, Belgique, 14.09.02:
Par Bruno
RKT
Une 'Fabriek aux deux tiers vide un samedi soir, ça fait drôle...les rock'n'roll-addicts locaux sont peut-être saturés de gigs (faut dire que rien qu'à Gierle, à une trentaine de km, ça s'agite pas mal, rien que le Tiki's Bar et ses concerts quasi-quotidiens..), au point de négliger le passage de la coqueluche de Detroit Rock City,
The Von Bondies, ainsi que celui des Datsuns, la dernière sensation néo-zélandaise, avec
The D4 (incidemment l'autre lucky winner, avec les australiens The Casanovas, du tiercé gagnant de la rentrée, rayon Anzac, sous-rubrique
"jeunes-gangs-de-dévoyés-tombés-dans-la-marmite-r'n'r").
Pas grave, la grosse soixantaine de happy fellows qui quittent le bar à 21h pétante pour se caler face à la scène font un accueil suffisamment chaud aux 4 jeunes (20- 22 ans) Datsuns pour qu'après deux-trois morceaux le gig prenne son rythme de croisière. Rythme plutôt soutenu d'ailleurs, z'ont l'âge de leurs artères, et leur mix hard punk real rawk fonctionne à 200% d'efficacité. Ces 4 chevelus hirsutes à gueules d'anges sales ressemblent peut-être à de jeunes chiens fous sur les planches, ça saute dans tous les sens et ça riffe velu, mais manifestement la scène n'est pas une expérience nouvelle pour eux. C'est carré et tranchant à souhait, les compos tiennent debout toutes seules et les influences Heartbreakers/Dolls/AC-DC/Dead Boys/Oz Rock & Punkrock actuel ont manifestement été (bien) digérées depuis
longtemps. Mention spéciale au chanteur-bassiste Dolf Datsun (kool T-Shirt Soledad Brothers), charismatique à souhait, sex-appeal high-voltage et bad attitude de rigueur.
Dommage que l'album ne sorte que dans quelques semaines, mais les Datsuns ont pensé à tout et un single Euro Tour Edition à tout de même été pressé à temps pour que les nouveaux convertis puissent se mettre du vinyle sous la dent une fois regagnés leurs pénates. Les deux titres (un extrait du futur album et un inédit), produit par Liam Watson, le sorcier des Toe Rag Studios, rendent justice au son du gang en live, et l'ensemble augure un excellent debut lp. Thumbs up, guys, keep it hard and long!
A peine le temps de se remettre de nos émotions, et vlatipas que les deux donzelles qui s'agitaient au premier rang pendant le set des kiwis grimpent sur scène et empoignent délicatement basse et guitare. Ben oui, c'est la moitié féminine des Von
Bondies qui s'apprête, vite rejointe par le batteur et le chanteur guitariste. Là on connaît déjà l'album, l'excellent Lack of Communication, et
c'est une bonne surprise de les voir bouger autant (ce qui, d'après nos sources, n'était pas le cas il y a encore quelques mois - le jeu de scène était plutôt du genre
"raide-comme-un-piquet"..). Pas beaucoup de communication avec le public, cependant, c'est pas leur genre, tout passe par la zique et comme de ce côté-là ça baigne aussi (bon son, bonnes compos - le killer
"It Came From Japan" et quelques autres, bons nouveaux morceaux :
"Tell Me What You See", "Broken Man"), l'accueil est définitivement favorable.
Par moment ç'a évoque un peu des White Stripes en formation standard deux guitares/basse/batterie, le génie en moins, le bombardement de riffs en plus (quoique, Jack White tout seul avec sa gratte.), et les VB n'auront probablement jamais la classe naturelle des Stripes ou des Dirtbombs, mais l'un dans l'autre le quatuor, encore jeune il est vrai, rempli consciencieusement son contrat et sait se lâcher lorsque les bonnes vibes sont au rendez-vous. Un rappel enlevé achève de nous convaincre,
surtout lorsque Dolf Datsun saisit le micro et injecte quelques germes de folie furieuse dans le r'n'r des
Bondies, ce qui d'ailleurs met en évidence le seul bémol de la soirée : les Néo-zélandais évoluent déjà dans une catégorie supérieure et auraient mérité de passer en tête d'affiche. Bah, next time will do, ces deux combos ont de toute manière de beaux jours devant eux !
The Von Bondies + The D4 + The Datsuns, La Boule Noire, Paris, 13.09.02:
On l'attendait avec impatience cette soirée du vendredi 13! Une telle affiche, ça n'arrive pas tous les jours à Paris! Le public a répondu présent et la salle était bien remplie. On rentre vite dans le vif du sujet avec les néo-zélandais des Datsuns, potes des D4 mais également des White Stripes, et qui connaissent actuellement un succès grandissant, autant médiatique que populaire en Angleterre. Les voilà. Leur prestation a fait grincer des dents. "Trop hard rock" disent beaucoup. Moi je réponds "rien à foutre"! Ce groupe est en feu, il faut être aveugle pour ne pas le voir, ne pas l'entendre, ne pas le ressentir au fin fond de ses tripes. Ces gars là débarquent de l'autre bout du monde et ils n'ont qu'une seule envie: nous retourner la tête avec du ROCK'N'ROLL!! Alors c'est vrai, ils tripent sur Deep Purple, Led Zeppelin, AC/DC et les Hellacopters. Mais ce n'est pas tout. Ils connaissent aussi leurs Stones, leurs Stooges et leurs classiques garage. Et surtout ils font un truc bien à eux, 100% énergique! Dolf est un frontman exceptionnel comme on n'en voit plus assez: il harangue la foule en permance, se donne à donf du début à la fin tout comme ses potes (à l'image d'un guitariste qui viendra effectuer quelques prouesses dans le public). Les Datsuns ne jouent pas seulement du r'n'r, ils le vivent sous vos yeux. Après l'excellent "Fink for the man" ils enchaînent sur quelques autres titres extraits de leur premier album (qui sort en Octobre) dont le tonitruant "Motherfucker from Hell" et le très réussi "In Love" sur lequel ils sont accompagnés pas les deux filles des Von Bondies, les charmantes Carrie et Marcie. Un 30mn de rock puissant et prometteur. Le groupe doit revenir prochainement en France pour une tournée avec les Hellacopters. J'y serai! Pour eux, pour le hard rock!! Ah ah!
Les D4, ça faisait plus d'un an qu'on attendait de les voir. Sans conteste le plus gros coup de coeur r'n'r du sdz crew depuis plus d'un an et depuis quelques mois de beaucoup d'autres personnes! Les voilà. Leur prestation a fait grincer quelques dentiers (beaucoup moins que les Datsuns). "Redondants" disent quelques mauvaises langues. "Explosifs", je réponds! Tout comme les Datsuns, ces rockers là nous viennent du bout du monde, ils n'ont pas envie de faire mauvaise impression. C'est le même principe pour beaucoup d'autres: quand les groupes sont isolés, ils sont d'autant plus motivés à se faire remarquer et quand ils ont le talent pour, les petits rats de studio blasés des grandes mégalopoles vont mordre la poussière devant leur show! Les D4 en sont un bon exemple, leur show c'est de la dynamite, du Devil Dogs en puissance, du bonheur r'n'r brut de brut! De "Get Loose" au bien nommé "Party" en passant par "Out of Blues", "Come On", l'uppercut "Rock'n'Roll Motherfucker" ou encore leur super reprise du "Invader Ace" de Guitar Wolf, je peux vous dire que ça dépote! Jimmy et Dion forment un duo de de choc, ils se complètent à merveille sur scène et dégagent une putain d'énergie MC5-ienne. Beaver et Vaughan ne sont pas en reste, accompagnant leurs deux amis avec classe. Futé, le groupe s'est aménagé quelques passages plus calmes mais tout aussi éclatants et qui dévoilent une bonne dose d'inventivité, chose plutôt rare dans le punk'n'roll. Je pense en particulier à "Running on Empty" et "Heartbreaker" que le public, bien chauffé, a apprécié à leur juste valeur. Ce set explosif (j'insiste!), c'est terminé de bien belle manière avec une reprise des Dogs US (John R'n'R Sinclair si je ne me goure)! Fuckin Ace! Bravo D4! Eux aussi seront de retour bientôt et on y sera!!
Le troisième groupe nous venait lui de Detroit et pour les avoir vus déjà deux fois l'an dernier, on a pu constater leur progression! Les Von Bondies étaient en pleine forme! Leur show était hyper carré, parfaitement enchaîné et plus rentre-dedans que d'habitude (voilà ce que ça fait de tourner avec les Datsuns!). Toujours amateurs d'ambiances tendues, noires et lancinantes, le groupe emmené par un Jason toujours aussi habité, a interprêté la quasi totalité de son album ainsi que quelques nouvelles compos des plus convaincantes! N'oublions pas non plus de signaler le talentueux batteur Don (également membre de MHZ) et bien sûr les deux filles, étincelantes et souriantes! Ce show inoubliable s'est terminé par un final d'anthologie dans lequel les Von Bondies ont invité sur scène deux membres des Datsuns et un des D4 pour un titre totalement chaotique et jouissif pendant lequel le public s'est déchaîné à l'image d'un Dolf grimpant au plafond en un éclair et se retrouvant quelques secondes plus tard sur les épaules de son guitariste. La soirée s'est ensuite terminée dans un bar avoisinant avec tous les groupes. Rock'n'Roll!!! Nico.
Nashville Pussy, L'Aéronef, Lille, 13.09.02:
Par Bruno RKT
Photos
(show de Bdx)
Hey, Nashville Pussy mi-septembre, en guise de (quasi-) reprise des hostilités après (pour les plus chanceux) les traditionnels deux mois de
verdure, de ballade campagnarde, de bronzette et de pastaga/rosé...c'est plutôt pas mal!
Rien de tel pour se replonger dans le stupre, l'alcool et les mauvaises pensées libidineuses que le hard rock bouseux white trash des Pussies...
Certes, celui-ci peut sembler à juste titre tourner en rond par moment, et soyons lucides, il s'agit surtout
d'un honnête et revendiqué repompage des figures tutélaires AC/DC-Motorhead, envoyé sans un poil d'originalité (mais avec conviction et un évident plaisir de (se la) jouer) par des gens qui demeurent, avant tout, des fans. Mais
ce sont justement ces limitations qui font le charme du
combo, une modestie assumée derrière le show truffé de clichés provoc cheap et
"pour rire". C'est aussi particulièrement flagrant quand on détaille la setlist, quelques titres de chaque album mais aussi une belle collection de reprises, qui constituent ce que le gang de Blaine et de Ruyter sait faire le mieux.
Nashville Pussy, un cover-band?!? Ben ouais, et c'est pas un reproche d'ailleurs, surtout quand le résultat se traduit par un démarquage éhonté d'AC/DC (encore) comme ce
Keep On Fuckin' du feu de Dieu, ou comme l'impeccable sélection de covers (du
She's Got The Drugs de Cretin 66 à Shotdown in Flames d'AC/DC, couplé en rappel avec le
Age of Pamparius de Turbonegro (qu'on retrouve en bonus track sur le CD du nouvel album) et leur propre
Go Motherfucker Go).
Et puis bien sur il y a LE SHOW, yeehaw! Première bonne nouvelle, KatieLynn Campbell, la
"nouvelle" bassiste a trouvé ses marques - gros contraste avec sa prestation au SjockFestival d'il y a deux ans, où elle brillait par sa transparence - et assure ça partie du show (chouette headbanging !) sans chercher à imiter Corey (et c'est pas plus mal, le gig gagne en spontanéité ce qu'il perd en provoc trash tendance peepshow lesbien à deux balles, rigolo mais téléphoné). Deuzio, Blaine a retrouvé un peu de voix et une pèche étonnante
(stupéfiante et tordante démonstration de bourrée redneck (uh ?) impromptue entre deux
morceaux) et troizio, Ruyter a toujours autant le feu au cul et la machine à tricoter des gambettes bloquée sur overdrive!!!
Cette fille, décidément, m'impressionne. Comme une personne aussi gentille, franche, directe, ouverte et relativement posée off stage peut-elle se transformer en une telle furie ultrasexuée, wonderbra conquérant et poses lascives de supervixen enragée, dés qu'elle pose un pied sur scène? La Foi, tout simplement, un amour immodéré et sans restriction du rock'n'roll et une insoumission totale aux diktats machos rances et éculés qui voudrait encore imposer aux
"filles dans le rock" une place bien définie (la bassiste en retrait, la groupie transie, la poupée chanteuse décorative, you name it) ou au moins une certaine retenue par rapport au mâle dominant. La retenue, Ruyter ne connaît pas, et
c'est un plaisir de la voir se lâcher et terminer en transe et en petite culotte sur l'ultime rappel, après l'arrachage du
futal moulant et un destroyage en règle des cordes de guitare survivantes.
Beau show donc, rock'n'roll correct, bonus sleazy toujours
plaisant, pas le concert de l'année, c'est sur, mais en définitive une soirée plutôt sympa.
Les Sexareenos + Les Dragueurs, Nouveau Casino, Paris, 10.09.02:
Après un passage par les studios d'Aligre FM pour déblatérer quelques conneries dans l'excellente émission rock'n'roll "Substitute" (tous les mardis à 19h30 sur le 93.1FM), je fonce au NC pour ce party prometteur avec deux de mes groupes préférés! La salle n'est pas très remplie mais tant pis, ça ne va pas nous empêcher de faire la fête! Les Dragueurs attaquent, emmenés par un Jon Von en pleine forme ayant apparemment déjà bien arrosé le début de soirée...Un set comme toujours très porté sur la franche déconnade sur fond de garage-punk minimaliste. Et c'est devant un écran projetant de vieux extraits de films sixties que le groupe a interprété deux nouveaux titres: "Le Ménestrel Twist" (inspiré par les fameuses soirées dans le sous-sol d'une pizzeria de la Butte aux Cailles) et "Californie, nous voici!" relatant bien entendu les aventures de nos charmeurs outre-Atlantique il y a quelques mois. Toujours total eclatch les concerts des Drag'!
Les Sexareenos ont fait ensuite monté la température vers des sommets évoquant un house-party déchaîné avec les Sonics ou une bonne vieille soirée dance all night avec les Fleshtones! Parce qu'avec le groupe de Montréal, une chose est sûre: si tu ne bouges pas sur leur musique, tu ne bougeras jamais sur de la musique! Eux, leur truc, c'est le P-A-R-T-Y comme l'a d'ailleurs rappelé à quelques reprises le bouillant guitariste Roy, définitivement de la même famille que notre cher Fred Vipère. Le groupe, en bonne forme, a titillé avec insistance l'excitation r'n'r de chacun avec des brulôts entre garage 60's et raunchy R&B 50's...de "Everybody Sexareeno" à leur incontournable reprise de "White Light/White Heat" en passant par l'un de mes titres favoris, l'incroyable "I'm sorry". Danny a fait preuve une nouvelle fois d'une présence très soul-brother au micro alors que Roy jettait de l'huile sur le feu avec des hurlements de possédé...dans le même temps l'imperturbable Annie alignait avec classe ses interventions bien senties à l'orgue et Mark assurait comme un chef la partie batterie ainsi que le chant sur de nombreux titres. Seul le final, un peu décousu, a cassé le rythme endiablé que ces quatre fêtards ont imprimé à une soirée qui aurait mérité d'attirer une foule bien plus importante. Nico.
Mudhoney + The Catheters, La Boule Noire, Paris, 07.09.02:
C'était le putain de coup d'envoi d'une nouvelle année de concerts après un été plutôt calme. Un début bien rock'n'roll! Deux groupes de Seattle au programme: des petits jeunes d'abord et des old-timers ensuite. D'abord les jeunes loups, les Catheters, combo ayant sorti deux albums (un sur Empty et un Sub Pop) et bien décidé à chauffer les kids venus avec leurs T-shirts Nirvana...Et pour ça ils avaient des bons arguments, le meilleur étant leurs compos teigneuses construites sur des bases stoogiennes et empreintes de sonorités garage-blues-punk du Pacific Northwest (en particulier Gas Huffer, Monkeywrench et...Mudhoney!). Le groupe a la hargne mais la chance ne semblait pas être de leur côté ce soir-là et des problèmes d'amplis ont quelque peu gâché ce premier contact avec le public parisien. Anyways, on va les suivre de près ceux-là!
Le gang de Mark Arm débarque ensuite avec un nouveau bassiste. Pas un mot, l'intro est totalement psychée et instrumentale!! Effet garanti, l'ascension vers les sommets soniques peut commencer! D'ailleurs le public ne se fait pas prier et très vite c'est la folie dans les premiers rangs. Le groupe semble étonné et vraiment ravi d'un tel accueil et ne se fait pas prier pour mélanger anciens et nouveaux titres, couvrant la période du classique "Superfuzz Bigmuff" au petit dernier "Since we've become translucent". On a donc eu droit au mythique "Touch me I'm sick"...et dans l'ensemble à une démonstration de rock'n'roll décomplexé aux confins du garage, du punk, de la noise et du blues (quelques passages très Monkeywrench-iens)...et Arm nous a gratifié de quelques interventions à l'humour très british entre les morceaux, encore et toujours vêtu de son fameux petit gilet également so british!! Toujours prêt à suprendre et à se surpendre, le groupe achève le concert avec le très punk "You stupid asshole". Tout est dit!! Long Live Mudhoney! Nico.
Old Grandad + (Men Of) Porn + Acid King + I Love A Parade, Covered Wagon Saloon, San Francisco, USA, 30.08.02:
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Alors que l'on s'apprêtait à passer la soirée au Parkside, LE bar/club garage de San Francisco situé non loin du fameux Bottom of the Hill (au cul de la colline et donc à perpète du centre-ville), je tombe sur un encart publicitaire dans le SF Weekly qui annonce
la soirée de clôture du Covered Wagon. Ce sera le dernier show donné en ce lieu, tout juste racheté par un taulier ayant des vues beaucoup plus électros.
Avec 4 groupes locaux pour 5$, c'est l'unique occasion de découvrir ce club où sont passés bon nombre de groupes stoner qui n'ont pour la plupart jamais traversé l'Océan
Atlantique. A l'entrée, on est accueillis par l'affiche du jour signée Kozik : il a fait dans la provoc comme à son habitude mais à cette fois poussé le bouchon un peu trop loin par excès de simplicité...Les groupes qui jouent ce soir le font par amitié pour le proprio, un chevelu affectionnant les courtes vestes en léopard et autres futs en cuir moule-burnes. Et comme c'est monsieur qui fait DJ pour la dernière, on n'est que peu étonné qu'il nous incendie les oreilles de hard rock de mauvais goût à un volume sonore frisant les 120 db : mon sonotone a failli rendre l'âme! :)
I Love A Parade entame les hostilités avec 25 minutes d'un metal légèrement stoner peu renversant. Son originalité, c'est surtout la voix de la chanteuse : toute calme en apparence, elle se démène comme une furie sur scène, crachant ses poumons comme si c'était sa dernière heure à vivre. Impressionnant mais pas trop longtemps.
Peu après, c'est au tour d'Acid King de se pointer. Depuis le temps que j'attendais de voir ce groupe en live, je suis servi. Auteur de plusieurs disques sur Sympathy et surtout sur feu Man's Ruin, drivé par Lori Crover à la guitare (femme de Dale Crover, batteur des Melvins), le groupe est clairement là pour le fun, n'ayant aucune actualité discographique.
Pas d'intro superflue, on se prend directement en pleine face ses morceaux instrumentaux mêlant à la perfection stoner et doom et groovant de par leur imposante
lourdeur. 30 minutes de musique oppressante jouée avec dextérité, ça fait tout simplement plaisir à voir et à écouter de la part d'un groupe dont on apprécie les disques. Well done!
Comme on n'est pas là pour se la couler douce, les Men Of Porn prennent rapidement la scène d'assaut. On se croirait à une soirée barbes et cheveux longs (il me manquait la barbe!). Ce n'est pas pour rien que le chanteur est surnommé Jésus par ses potes. Bref, les amplis Orange sont branchés et ça dépote sec.
Pas de doute, on est en plein dans le désert : stonerrock à fond! Ca speede bien, le son est gras à souhait, comme sur le " Daredevil " de Fu
Manchu. Ca part parfois dans des contrées plus expérimentales à base de sonorités distordues mais l'ensemble reste 100% rock n' roll influencé Sabbath. Ici aussi, les morceaux sont pour la plupart instrumentaux. ¾ d'heure plus tard, on a les oreilles en feu et on sourit. J'ajouterai que les Men Of Porn ont deux disques à leur actif, l'un sur Man's Ruin, l'autre sur Smallstone.
A plus d'heure, reste à guetter le set d'Old Grandad qui n'avait a priori pas joué depuis 3 ans (!) et était jusqu'alors inconnus des services secrets SDZ. Pour une surprise, c'est plutôt une bonne surprise. Les gaillards se donnent à fond, tout ça devait leur manquer. Vous l'aurez deviné, ils ne font pas dans le bal musette mais dans le stoner métallique tendance bourrin. Ajoutez à cela une voix digne de Six Feet Under et vous obtenez une formule forcément explosive. On en prend plein les oreilles pendant une heure (une durée inhabituelle pour un set aux US) et on ne se plaint même pas, manquerait plus que ça, tiens! Finalement, j'aurais quand même dû acheter leur disque, dammit! Une soirée fort sympathique dont on se souviendra longtemps! LL.
US Bombs + The Crowd + The Orphans + The Ones, Double Down Saloon, Las Vegas, USA, 26.08.02:
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Après une visite en règle des gigantesques casinos du Strip (MGM, Bellagio, Monte Carlo, Paris Las Vegas, Caesar's Palace etc.) et un petit tour du downtown local (Fremont Street, une rue climatisée, ainsi que quelques cazingues plus modestes voire déprimants), le Las Vegas touristique était passé en revue, restait donc à feuilleter le Las Vegas Weekly afin de repérer un disquaire du cru (Balcony Lights, très sympa) et les shows à se mettre sous la dent. Rien à signaler au fameux Cooler Lounge, par ailleurs introuvable.
En route finalement pour le Double Down Saloon qui propose des shows gratos (Les Lords of Altamont étaient passés la veille, les Hangmen arrivaient le lendemain) et en l'occurrence une soirée 100% keupon organisée par l'asso punk de Vegas.
Première mission, trouver le club. Car dans la ville-champignon, une fois sortie de l'impressionnant coeur touristique, tout ce qui n'est pas une habitation privée se situe dans des blocs, chaque bloc comprenant une dizaine de magasins, épiceries et autres boutiques variées. Le DDS se situe derrière un de ces fameux blocs, au détour de 2 rues, bref il faut avoir son diplôme de Sherlock Holmes pour y arriver. Une fois rendus sur place, on découvre les punks du coin, plutôt sobres et moins crêtés qu'en Europe, chacun cultivant son petit look. L'ambiance est sympa, le décor de la salle 100% DIY : un cheval-manège couvert de stickers trône au milieu, un canapé destroy toise les Tshirts des groupes un néon de billard éclaire le bout de plancher du fond qui fait office de scène.
Qui plus est, la Bud est à 2$, c'est la fête!!
The Ones ouvrent le bal avec 25 minutes de punk oldschool assez mélodique, quelques choeurs marins mais fort heureusement pas trop. Ils parviennent sans mal à chauffer un public de connaisseurs qui semble apprécier mais ne bouge pour l'instant que la tête. Rien de très surprenant mais un set court est parfois plus percutant qu'une jam sans fin. Dernier morceau, ils remballent le matos aussi vite qu'ils l'ont installé et aux suivants. Comme à d'autres shows auxquels j'ai pu assister au pays des ricains,
les groupes montent et démontent eux-mêmes leur matos à la vitesse de la lumière, jouent en moyenne ½ heure ce qui permet de voir 4 groupes en une soirée, une efficacité a priori impensable dans nos contrées.
The Orphans de Long Beach suivent et on sent de suite une énergie qui fait défaut à nombre de groupes punk de nos jours. La chanteuse est véritablement survoltée, harangue sans gêne le premier rang, se jette aux pieds de ses proies, leur accroche les genoux quand elle ne s'approche pas des braguettes de ces messieurs! Ca dégage sévère et ça suit musicalement, punk 77 à fond, on pense parfois aux No-Talents, d'autres fois aux Bobbyteens, c'est court, efficace, vraiment bon. Résultat : au bout de 20 minutes, bye bye et on a vu le show le plus in your face de la soirée.
The Orphans, un nom à retenir, un groupe à suivre.
C'est The Crowd qui achève de chauffer un public de plus en plus en jambes. Ces gaillards en provenance directe de Huntington Beach (la mecque du surf au sud de Los Angeles, plutôt huppée à première vue) ne sont plus très jeunes, on sent qu'ils ont bourlingué. Le chanteur, Converse aux pieds, arbore un costard digne de Dédé Williams! Sa voix reste la particularité de The Crowd dont le punk un tantinet trop mélodique n'est pas des plus originaux mais on sent que le feeling est là. Le set est un poil trop long mais on s'amuse bien.
Minuit passé et c'est le clou de la soirée qui se pointe. Dès les premières notes, le public est complètement en feu. Rien de comparable aux slams, stage-divings et mosh-pits de rigueur par chez nous et pas forcément agréables pour apprécier un show, le punk ricain est ricain donc un minimum civilisé et surtout non-violent. Bref,
Duane Peters est à fond, casquette pourrie sur la tête, fut en cuir, torse poil, visage ravagé mais dans une forme
incroyable. US Bombs n'est pas un groupe donc les disques cartonnent sur ma platine mais je dois dire qu'en live, c'est chapeau bas sans hésiter. Les morceaux punk oldschool, mélodiques juste comme il faut, s'enchaînent sans temps mort, l'ami Duane ne se calmant qu'un court instant pour maudire la politique extérieure de son pays et dédier le show à "George Bush and his fucking brother!". Le public lui est tout acquis et en redemande jusqu'à plus soif. Au bout d'une heure, on est en nage (à Vegas,
il fait quand même encore presque 30°C à 1h30 du mat') et on a passé une excellente soirée.
Pour finir, on tape la discute avec un californien qui n'est à Vegas que pour le show (!) et qui nous vante les mérites de Los Angeles (dont l'atmosphère stressante à base de 10 flics au mètre carré ne nous avait guère enchantée quelques jours plus tôt), discussion fort sympathique au demeurant. Avant de partir visiter quelques derniers casinos, on recroise le punk qui a fêté son anniversaire sur scène entre 2 groupes quelques heures plus tôt : un gâteau bien crémeux lui était offert pour l'occasion par ses potes de beuverie, excellent!
Vegas Punk Rocks! LL.
Hope Sandoval + Soledad Brothers, Great American Music Hall, San Francisco, USA, 13.08.02:
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A peine deux jours après notre arrivée à San Francisco, déjà un concert de qualité à se mettre sous la dent, c'est le top! Et autant dire que celui-ci, je l'avais repéré bien à l'avance. Vous comprendrez sans trop de mal que nous nous rendions au Great American Music Hall (un croisement entre un Elysée-Montmartre et un Bataclan de tailles réduites pouvant acceuillir 600 personnes) afin de
voir les Soledad Brothers, parachutés on ne sait trop pourquoi en première partie de Hope Sandoval, une parfaite inconnue pour moi avant que je ne découvre que c'était la chanteuse de Mazzy Star, ce qui bien sûr ne me disait rien qui
vaille...Je priais donc pour que les 3 gaillards de Detroit, Michigan jouent leur set habituel plutôt que 3-4 morceaux en guise d'apéricube pour chauffer le public. Autant dire que je ne fus pas déçu.
Le set démarre par un sombre instrumental à base de slide guitar que ne renierait pas Calexico. Une petite intro avant d'embrayer sur
des morceaux mixant avec brio la fureur du rock n' roll garage, le groove de la country et le feeling du blues right from the
delta. Parfois, un harmonica et un sax viennent soutenir le rythme de titres déjà suffisamment groovy pour exciter une bonne partie de mes congénères a priori présents pour voir la tête d'affiche. Bref, en 10 minutes, presque tout le monde est dans le bain, le groupe est copieusement applaudi et pas uniquement par politesse.
Au beau milieu du show, le brûlot "Teenage Heartattack", très Stones, achève de convertir les durs d'oreille, impossible de ne pas danser comme un furieux sur un tel hit! Pour le reste, ne connaissant pas suffisamment le contenu de leurs 2 albums sortis sur Estrus pour me permettre d'établir la setlist, je me contenterai de supposer qu'elle en proposait le meilleur en ¾ d'heure. Vers la fin, le public souhaite un bon anniversaire au bien nommé chanteur-guitariste Johnny Walker avant un final en apothéose à base de magma sonore. Après un concert aussi trippant, impossible de passer à côté d'un stand proposant des Tshirts à 10$ quand Hope Sandoval vend les siens 25$..
Hope Sandoval justement, parlons-en (enfin pas trop longtemps...). Après 2 morceaux lunaires quelque peu expérimentaux et plutôt sympas (là, j'essayais de me convaincre que ça allait le faire),
on tombe exactement dans ce que je redoutais : une chanteuse néo-folk entourée d'un groupe à ses ordres et n'ayant à proposer que de pauvres morceaux quasi-uniquement basés sur la
voix. Je me dis que ça pourrait instantanément exciter toute la rédaction des Inrocks mais je ne mange pas de ce pain-là moi monsieur et en ce qui me concerne, je trouve tout cela très vite chiant à mourir. On reste quand même pendant 7-8 morceaux puis on finit par filer pour ne pas risquer de s'endormir debout et de garder un mauvais souvenir de la soirée.
Un mois et demi plus tard, je ne me souviens que du bon et j'ai bien hâte de revoir les Soledad Brothers le 12 novembre prochain au 4AD de Diksmuide en Belgique!
LL.
Sjock Festival #27, Gierle, Belgique, 13 et 14.07.02:
Par Bruno RKT
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Hetten Des, à l'heure de l'apéro, une bonne giclée de Countrybilly R'n'R à la Cowslingers avec originaux bien sentis et reprises pil-poil ("Adios, Farewell, Goodbye"...), ce combo belge n'est pas né de la dernière pluie et assure du feu de dieu.
Gasolheads vers 15h30, sous un ciel nuageux et gris mais pas encore plombé, tout comme le punkrock de nos marseillais favoris, qui évoluent de plus en plus oldschool vers des territoires balisés il y a dix ans par les Devil Dogs et consorts. Ca leur va très bien d'ailleurs de ralentir le tempo de temps en temps, et ils ont assurés comme des bêtes sur le main stage.
Une petite giclée de surf cum gogo dancing avec Speedball
Junior, sympa mais sans plus, et on va faire la sieste sur l'herbe du terrain de foot/parking pendant le set des
US Bombs (y a mieux comme berceuse, mais bon, les doigts de pieds en éventail allongé dans les marguerites à trois minutes du pied de la scène, ça change des camps de Dour ou des autres festivals monstres estivaux où on poiraute comme des moutons pendant une plombe pour aller d'une scène à l'autre..).
Down By Law vers 18h, tiens c'est l'heure de l'apéro, ça tombe bien, les pop-punkers amerloques nous réveillent en douceur, rien d'original mais leur
"Modern American Punkrock" et l'humour auto-dépréciatif du chanteur accrochent agréablement.
Retour sous la tente une heure plus tard pour un groupe dont j'entends parler depuis des années mais que j'avais toujours loupé jusqu'ici,
The Seatsniffers, combo rootsabilly belge à la réputation flatteuse et à la composition à priori excitante (un leader-chanteur-guitariste au charisme évident, un batteur au sex-appeal confondant, un stand-up bassiste discret mais efficace et un sax abrasif et vintage à souhait).
Et a voir l'excitation palpable du public (greasers and Betty Page lookalikes everywhere !) avant même le premier coup de vibrato, ça doit
effectivement être quelque chose ! Et vlan, ça n'a pas loupé, la claque de la journée !!!
Les fantômes bienveillants de Johnny Burnette, de Jerôme Green et de Bo Diddley se sont manifestement penchés sur le cas des 'Sniffers. La claque du weekend pour votre serviteur, sans prob'.
Les BellRays entament leur set sur la grande scène alors même que résonnent les derniers riffs des Seatsniffers, et on fonce au premier rang pour capturer au vol quelques instantanés de Lisa Kekaula, la panthère noire du Punk 'n'Soul, en action. Toujours aussi impressionnante, la bougresse, ce qui n'est pas forcément le cas du groupe dans son ensemble. L'esbroufe fonctionnerait-elle mieux sur une toute petite scène (cf. le fameux gig à la Malterie d'il y a quelques semaines) ?
Ah Dunno, d'autant plus que j'étais encore sous le choc "SeatSniffers". Mais bon, à l'arrachée et sur la fin, ça a fonctionné quand même, surtout sur les titres du second album, et quand Lisa est descendue de la scène afin d'apostropher tous les punkrockers velus tatoués crados des premiers et derniers rangs histoire de savoir si enfin merde oui ou non you've got more soul you all motherfuckers, moulée dans sa partydress noire et du haut de ses talons aiguilles de 15 cm (tout ça sur pelouse massacrée après trois jours de techno party & punkrock gigs tous azimuts - exploit !), ya pas à chier, ça vous décolle la pulpe du fond.
Bon, c'est l'heure de l'apéro, on va s'en jeter un p'tit et on se glisse illico au pied de la seconde scène, à quelques pas du bar, pour tendre une oreille au Deluxe Crampsobilly de
Big John Bates et surtout reluquer sous toutes les coutures ses fabuleuses Voodoo Dollz !!! Rhââ Lovely Ladies, comme dirait l'autre et les cinq tableaux que ces deux donzelles nous ont servi ont manifestement provoqué un nombre non négligeable d'explosions de braguettes : des infirmières perverses auscultant l'heureux zélu au duo catholic schoolgirl/ headmistress branchée fessée, en passant par les vahinées gonflées et les pussycats en chaleur, on a eu droit à toute la panoplie des fantasmes vintage.
Kool, moi j'aime, ça réveille et ça donne soif ! Tiens ça tombe bien, le bar se trouve entre moi (this's apéro-time) et les
New Bomb Turks, égaux à eux-mêmes, voire même un poil décevants après coup, et c'est malgré tout en bonne compagnie donc qu'on termine cette excellente journée, dont seuls ces sacrés belges ont le secret. See ya'll next year!!!
Shing02, Fondation Cartier, Paris, 13.07.02:
Toujours dans le cadre des Soirées Nomades et d'une expo consacrée à différents artistes japonais contemporains, la Fondation Cartier avait cette fois décidé d'inviter
un des meilleurs représentants du hip-hop nippon. Résidant à San Francisco,
Shing02, qui a bossé avec des crews aussi recommendables que Anticon ou Living Legends, rappe la plupart de ses textes en japonais. Il est accompagné sur scène par
DJ Icewater qui, dès le warm-up (dans lequel il a aligné quelques bonne vieille galettes late 80's/early 90's de BDP à Gangstarr en passant par Naughty By Nature) a prouvé l'étendue de ses talents de scratcheur. Quant à Shing02, il a débuté le show en bidouillant sur une machine
une version lunaire de l'hymne national américain (Hendrix aurait apprécié!) avant de rejoindre le bord de la scène pour commencer à balancer ses textes...mais là attention, il a fait les premiers titre avec
un bandeau sur les yeux, coiffé d'un étrange chapeau. Et oui notre rappeur est sans doute un grand timide! Mais il n'a pas à rougir, son flow est loin d'être mauvais. Malgré quelques remarques généralistes généralisantes plutôt naïves et des sons pas toujours très innovants
(à l'exception d'une utilisation surprenante et très convaincante d'un classique d'Amon Tobin),
Shing02 parvient à se détacher du lot en utilisant la musicalité de la langue japonaise et des structures proches du
slam, cette poésie urbaine si bien représentée par des artistes aussi divers que les Last Poets, Sage Francis ou Saul Williams!
Nico.
The Boredoms, Fondation Cartier, Paris, 12.07.02:
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Bonne idée de faire venir les Boredoms, leurs passages en Europe étant bien rares!! Ce fameux groupe japonais est
une référence de la scène noise/expérimentale depuis près de 15 ans et a séduit autant Sonic Youth (Yoshimi joue d'ailleurs dans le projet Free Kitten aux côtés de Kim
Gordon) que Flaming Lips (cf leur dernier album) ou John Zorn et autres figures emblématiques de l'avant-garde rock.
Placée au milieu d'une salle exposant de gigantesques peintures japonaises d'inspiration enfantine, la scène est protégée de chaque côté par des sortes de parois en plastique
transparentes alors que les speakers sont eux situées aux quatres extrémités de la pièce. Cette configuration bien spéciale a largement contribué au côté majesteux du concert!! N'oublions pas de préciser que le groupe comporte
trois batteries, disposées en cercle et d'un DJ/bidouilleur/chef
d'orchestre. Musique concrète, punk, expérimental...on ne cherchera pas à définir le style de musique de ces musiciens hors-du-commun. En effet, certains passages m'ont fait penser à des musiques traditionnelles japonaises alors que d'autres
sonnaient presque dub ou drum'n'bass (le bidouilleur surexcité y étant sans doute pour
beaucoup!). Le résultat est un tourbillon de sons dans lequel on se laisse vite emporter. Un grand
moment. Nico.
The Hydromatics + Holy Curse, Nouveau Casino, Paris, 02.07.02:
Par L Van B
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La dernière fois que j'avais vu les Hydromatics, c'était au Sud de le France, au Subsonic de Montpellier, l'an dernier, pour une plongée avec bouteilles dans le son de Detroit.
Pas la nouvelle "Detroit Connection", non, non, et ici je m'abstiendrai de mentionner la tripotée de groupe qu'il nous faut chercher, et qui sont parfois aussi un peu lourds à digerer pour la
plupart...Je parle ici de l'authentique son de Detroit. Et avec nul autre que Scott Morgan pour piloter l'engin, je peux vous dire que vous n'aurez pas besoin de nitro pour atteindre la vitesse de la lumière...
Le Nouveau Casino - rien à voir avec Géant - devient le nouveau rendez vous des titi-rockers. Le NC, donc, c'est le ventre de la baleine, tout en roundeur et joufflu comme l'intérieur d'un vaisseau alien, décoré de lampe de chirurgie et de lustres antiques...
Holy Curse allument la salle comme on jette 10 litres de fuel sur un feu de bois, avec un nouveau batteur, qui faisait autrefois partie de Backsliders, le groupe du Havre, avec François Lebas (ex- Fixed up). Holy Curse sur scène est bien plus impressionnant qu'on ne l'aurait imaginé, sonnant definitivement comme un groupe Australien. Baignés dans une sainte purée faite de singles des New Christs et des Lp de Radio Birdman, ils en ont tiré l'énergie et une influence marquée. L'un des guitariste s'emploie à torturer une Crestwood replica, comme l'un des Hellacopters. C'est une chose de posseder une telle guitare, c'en est une autre de l'utiliser pleinement. Et il le fait!
Chaque guitariste ici assure un production d'energie digne de Superphoenix, et brûlent nos ouïes de ce son si
familier. Le groupe est compact, Vinz' enlève le tout de sa basse de gaucher totalement inversée (Le Mi en bas, comme au moins deux autres bassistes sur la planète). Un show de 45 min, avec des extraits de leurs deux Lp et de leur split sur SDZ. Des morceaux comme "Forgotten Heroes" où Eric chante "Remember Me", me rappelant les Visitors, le tout calciné par un magnifique solo de clôture (électrique).
Le show se terminera par "Too much paranoïa", une histoire d'amitié et de solitude, une compo lourde de sens. Superbe.
Hydromatics entre en scène et le public s'amasse encore. Ils commencent avec "Let's do it again", qui fera office de leitmotiv pour le tour.
Ne jamais s'arrêter, ne jamais les quitter, au paradis ou en enfer, suivre les Hydros.
Scott trouve ses marques facilement, rock de plus en plus fort, de morceau en morceau, la plupart issus de POWERGLIDE, ainsi que des covers de SRB, morceaux que peu d'entre nous ont eu la chance d'entendre live avant que Scott ne les ressortent avec les Hydros. "Rip, R'n'R" et d'autres que vous aurez dejà sûrement entendus,
prennent leur veritable ampleur sur scène, au son des lampes chauffées à
blanc. Guitares en l'air, basse sur les genoux, et Andy le killer, qu'on ne devrait plus se borner à considerer comme un simple remplaçant de Nicke. Un ou deux idiots demi punks un peu bourrés très cons sur la scène, vite dégagés d'un coup de cul par Scotty. J'adore.
"Powerglide", l'hymne de Tony Slug, est un moment à ne pas louper, durant lequel Scott pose sa guitare et se concentre sur le chant, moment aussi où l'on realise que Hydromatics est un vrai groupe, pas seulement le backin' band de
Scott Morgan. Le nuit se termine sur "City Slang", comme une marque déposée, versions de 8 minutes où les gars finissent sur les genoux, au sens propre, pas au figuré, relachant la bête une dernière fois.
17 morceaux en un peu plus d'une heure, le second show du tour, et déjà la machine est huilée. La veille, ils jouaient au festival de Roskilde, devant une foule enthousiaste.
Comme nous.
The Soundtrack Of Our Lives, Nouveau Casino, Paris, 22.06.02:
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Comme beaucoup j'ai découvert SOOL grâce à un cd promo offert il y a quelques années avec un numéro de l'excellent fanzine américain
"Ugly Things". Le disque m'avait bien plu, d'autant que j'avais découvert que le groupe rassemblait quelques rescapés de Union Carbide Productions. Le dernier album de SOOL étant enfin distribué en France, le groupe faisait enfin en ce début d'été une escale à Paris:
pas question de louper ça!!
Le charismatique chanteur fait rapidement son apparition suivi de près par un groupe bien remonté qui dès le premier titre fait monter la tension en un éclair par quelques attaques soniques bien menées. Parfait pour réveiller le public!! Alors que sur disque les SOOL ont un côté très pop, sur scène ils savent faire péter les décibels et
envoyer du bon rock'n'roll qui claque. Le lead guitariste a du métier et ça s'entend! Mais attention pas de confusion, ils ne font pas du punk'n'roll comme beaucoup d'autres formations suédoises du moment, plus ou moins recommendables. Non c'est plutôt une synthèse détonante de ce que certains
appellent le classic rock. Cela dit on sent que le groupe a également assimilé les influences les plus essentielles et
les compos respirent la passion et l'enthousiasme.
Outre les titres les plus pêchus de leur dernier opus, le groupe a également eu le courage de faire une de leurs ballades, le chanteur étant pour l'occasion uniquement accompagné au clavier. Un pari réussi.
Ils sont également parvenus à faire asseoir toute la salle, ce qui n'est pas rien et laisse toujours un bon souvenir!!
Au final, un show solide et convaincant, traversé par des passages un peu psychés (comme sur "Galaxy Grammophone") et souvent d'un lyrisme touchant plutôt rare de nos jours. Ah et puis mention spéciale à cette jolie blonde (suédoise?) qui criait au premier rang, il fallait bien ça pour électriser encore plus l'atmosphère!
Nico.
Arab On Radar + Kid Commando + Unlogistic, Instants Chavirés, Montreuil, 04.06.02:
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Suprise en première partie avec la présence d'Unlogistic, connus de nos services depuis les fameuses K7 maison de Upstairs People sur Happy Dick Milk Records (comment, vous n'avez pas écouté leur "Live & Fines Herbes"?). Pour l'occasion, nos lascars
avaient soigné leur tenue capillaire grâce à quelques perruques qui leur donnaient une coupe de douille similaire à celle du propriétaire d'un Lavomatic cannois - ça ne vous dit rien, moi si. Pas vraiment moisie la musique du Unlogistic Orkestra malgré l'absence de batteur. La boîte à rythme faisait bien l'affaire. Et
Macario, le célèbre activisto parisiano a même joué le rôle du trouble-fête blagueur dans le publico! Et avec un micro! Alors comment ça sonnait tout ça? Eh ben comme du bon vieux hardcore! Tendance Minor Threat meets 7 Seconds mais avec quelques touches émo de plus en plus présentes. C'est que nos gaillards écoutent en cachette Sunny Day Real Estate, il faut le savoir!! En tout cas, je serais curieux d'écouter leur nouvel album.
Après cet intermède vraiment très très interessant, place aux suédois de Kid
Commando. Il s'agit d'un trio qui porte magnifiquement la petite moustache à l'italienne. L'un d'eux arborait un short qui semblait tout droit sorti de la valise de son grand-père (paix à son âme si il est mort). En un peu plus d'un quart d'heure, ils nous ont fait une démonstration de
noise rock décalé aux accents jazzy. Un set centré autour de cette grosse cymbale, là au milieu de la scène, vibrant, ondulant alors que le groupe rôde en express ses facéties
faciales. D'ailleurs ils ont une chanson sur la mort du "french kiss", ça leur tient à coeur ce qu'on peut se faire face sur face.
Je ne sais pas si les AOR auraient apprécié que tout le monde leur roule une pelle avant qu'ils montent sur scène. Ils nous auraient peut-être pris pour des homosexuels. Barf, et alors, de toutes façons, c'est sûrement ce qu'ils pensaient déjà en débarquant au "Gay Paree" comme disent si bien les américains. En tout cas ces new-yorkais, signés sur Skingraft (label noise rock de référence situé à Chicago),
servent une mixture sonore bien à eux. Armés d'un batteur qui mitraille sèchement, ils ont une dégaine de fous furieux échappés de l'asile psychiatrique. Il n'y avait qu'à regarder l'un des guitaristes, triturer sa guitare en permanence, en faisant un usage que
même Satriani avec quelques amphés dans la gueule n'arriverait pas à
imiter. Vous connaissiez le "Air Guitar", ce sport de chambre, il y a maintenant le "AOR Guitar": la même chose mais avec une
guitare. Et si ça sonne n'importnawak, c'est pas grave, n'oubliez pas
que c'est du sport: il faut s'entraîner. Et toujours dans votre chambre, si vous le voulez bien. Et sous vous applaudissements. Y'avait de quoi l'applaudir ce chanteur, poussant des hurlements de temps en temps alors qu'il arpentait la scène comme une
miniscule cour de prison. Après environ trente minutes d'un concert qui donnait envie de rebondir assez haut pour sauter par dessus tous les murs, toutes les grilles, toutes les enceintes, ces dangereux bonhommes sont revenus pour un rappel.
Ultime sirène. Elles étaient où d'ailleurs les sirènes? Il y avait assez de fous dans la place pour tomber fous d'elles. Mesdemoiselles, Mesdames, la prochaine fois, ne manquez pas Arab On Radar. Vous verrez les dignes descendants de David Yow. Et puis je serai dans doute pas loin. Ah Ah.
Nico.
Le Tigre + Call me Loretta, Nouveau Casino, Paris, 23.05.02:
Arrivé rue Oberkampf, je suis tout de suite frappé par la foule présente. Une file d'attente de 50m devant
cette salle, c'est la première fois que je vois ça. Devant moi trois anglaises font preuve d'une grande patience alors que d'autres se seraient bien passés de ce petit intermède, dû à une arrivée tardive des têtes d'affiche. Organisée par l'association Pink & Purple Pop, liée à Popingays, la soirée a semble t-il attiré beaucoup d'homos et de lesbiennes comme on pouvait le prévoir compte tenu de l'engagement des tigresses aux côtés des Gays.
A l'intérieur l'ambiance est bon enfant et le planning étant déjà fortement
chamboulé, le premier groupe fait rapidement son apparition. Il s'agit des jeunes toulousains de
Call me Loretta qui jouent une noise pop dépressive et pas très inspirée. Beaucoup autour de moi, en particulier les 3/4 des Anteenagers et Thierry D.
trépignent d'impatience tout au long de cette première partie qui, il est vrai, était bien peu adaptée et a duré trop longtemps. Non pas qu'une continuité musicale parfaite soit tout le temps nécessaire entre première partie et tête d'affiche mais
les grands écarts sont quand même à éviter, surtout quand les gens ont dû attendre avant d'entrer dans la
salle. Ainsi le pauvre guitariste aura t-il eu le malheur de poser la question de savoir si les gens voulaient un rappel et de se voir répondre par une grande majorité un
NON sans équivoques.
Bref, le moment tant attendu, soit l'apparition des trois filles du Tigre sur scène arrive enfin. JD Samson s'installe au clavier/sampler/boite à rythme, Johanna s'empare d'une guitare alors que Kathleen est au chant. Cela dit, elle prouveront au cours de la soirée qu'elles peuvent facilement intervertir leurs rôles voire ajouter une guitare. Autre chose, et pas des moindres, que l'on remarque rapidement: la
présence d'un écran derrière la scène sur lequel des petits films DIY sont projetés. Chaque film correspond à une chanson, ça va des collages maisons aux manifs
de lesbiennes en passant par des pochettes de disques ou les paroles du groupe. Bref un plus indéniable pour le spectacle dans son ensemble. Elles attaquent sans suprise avec le "LT Theme", extrait de "Feminist Sweepstakes", leur dernier album en date successeur d'un album éponyme très remarqué et d'un EP un peu moins bon.
L'entêtant refrain de la chanson est "For the ladies/and the fags yeah/we're the band with the rollerskate jams"!
On devine le ton du concert: fun fun fun!! Fun & engagement
(social, politique, culturel, tout ce que vous voulez). Un engagement particulièrement intelligent, rappelé à l'occasion par Kathleen entre les morceaux, sans que ces petits speechs deviennent des sermons. Non juste des trucs simples comme
"vive les fanzines" ou "non au harcèlement
sexuel". Des messages simples qui passent d'autant mieux que la musique est excellente - electro-punk décomplexé - et que les filles sont débordantes d'énergie, incitant tout le monde à danser et à faire la fête. Et puis par delà tout ça il y aussi une volonté plus que louable de relier les clans, les tribus, les chapelles, les communautés de la scène indépendante. Cela s'illustre par exemple lors d'un film qui montre les artistes qu'elles apprécient: ça va de Simone de Beauvoir à Public Enemy en passant par les Slits, Bahamadia ou Patti Smith. Belle leçon!! Pour clore ce concert totalement enthousiasmant, elles nous offrent une version dynamite de leur hit "Deceptacon", ça ne pouvait pas mieux se terminer.
Merci les tigresses, revenez quand vous voulez!! Nico.
Vue + Clinic + ...And you will know us by the trail of dead, La Boule Noire,
Paris, 18.05.02:
Originaires de San Francisco et signés sur Sub Pop, Vue joue un boogie-blues-rock pas désagréable avec quelques fort accents stoniens (en particulier sur "Pictures of me") mais aussi des influences plus pop anglaise à la Manic Street Preachers. Rien de vraiment renversant ou
d'inoubliable et je me vois mal faire un compte-rendu de douze pages sur leur
set.
Clinic par contre dispose d'un son beaucoup plus personnel et
fascinant. Ce groupe de Liverpool, déguisé sur scène en chirugiens, parvient à créer des atmosphères étranges et
dansantes (des oscilloscopes viennent témoigner de ces vibrations bizarres!): quelque chose comme le détournement du son des Seeds ou du Velvet par des adeptes de Suicide. En réalité il n'y a pas vraiment de points de repères.
Les chansons s'enchaînenent à vitesse grand V et on plonge bien vite dans leur
monde. Un monde où le mélodica, cet étrange petit instrument entre piano et harmonica, vient subtilement répondre à un chant enivrant, des harmonies évocatrices, un orgue chaud comme la braise ou encore des lignes de basse délicieusement groovy. N'oublions pas un son de guitare
clair et très 60's
sur l'incontournable ampli Vox et un batteur plus que convaincant. Bref, Clinic a prouvé avec brio que quarante minutes suffisent tout à fait pour rendre un concert inoubliable. Un très grand groupe de pop, je suis devenu complètement fan.
Dans un style complètement différent, le groupe texan Trail Of Dead est apparu comme un rouleau compresseur...mais un rouleau compresseur qui sait où il va et ce qu'il fait! Avec
un gros son et un punch phénoménal, TOD évoque un croisement bouillant entre les Pixies (recherche de mélodies et murmures), Fugazi (le côté tranchant), Helmet (la frappe du batteur) et
Boysetsfire pour le côté emo-hardcore percutant et accrocheur. Par delà ces comparaisons, il y a surtout un spectacle très rôdé et sans concessions de la part d'une
formation qui semble prête à pulvériser - au moins sur
scène - le côté gentillet du
college rock avec la même fougue que le groupe de Franck Black à son époque. Même s'ils n'ont pas encore atteint le niveau de cette prestigieuse influence, l'énergie est là et ils mettent beaucoup de coeur dans leur show qui m'a fait l'effet d'un
blockbuster efficace et bien ficelé. Nico.
Flytrap + The Dirteez, Farenheit,
Issy-les-Moulineaux (92), 17.05.02:
Peu de monde aux concerts ces derniers temps, le temps y est sans doute pour quelque chose, à moins que ça soit TF1 comme d'habitude ou peut-être la mort du rock'n'roll,
il serait temps depuis le temps qu'on en parle (remarquez l'utilisation stylée du mot "temps" dans cette phrase, superbe non?). En tout cas ça n'a pas empêché les
Flytrap, duo fumiste de St-Ouen de nous faire une petite chorégraphie complètement maboule sur un guilleret fond sonore avant de débuter leur set. Un set de
pur trash'n'roll lignée Pussy Galore / Horrors / Mistreaters en plus dépouillé et expérimental. Le batteur, ex-Dèche dans Face est d'une vitalité et d'une agilité monstrueuse et fait preuve de beaucoup d'inventivité.
Pee Wee serait jaloux - enfin je dis ça juste parce que ça sonne bien. Son collègue se déchire les cordes vocales avec parcimonie (enfin non pas du tout mais le mot est joli) tout en alignant des accords simples qu'il transcende en
jouant beaucoup sur la distortion et la réverb. Malgré deux ou trois titres un peu trop répétitifs à mon goût, l'ensemble est loin d'être déplaisant et a le mérite de bien chauffer la foule (enfin la petite trentaine de personnes présentes...).
Inutile de vous repréciser que les Dirteez sont des revenants marseillais bien qu'ils n'aient joué dans aucun
Vendredi 13 à ma connaissance. Dépourvus de batterie, il ont finement planqué une boîte à rythme sur la gauche de la scène et en font bon usage tout au long de leur set. Le chanteur d'une voix grave et rauque accompagne parfaitement un bassiste discret et
une guitariste étonnante et possédée qui se roule à terre dès qu'elle en a
l'occasion...elle est en effet souvent sollicitée, quelques excités du premier rang s'étant vite épris de sa douce silhouette pourtant cachée par une chevelure se mouvant au rythme de ses convulsions (remarquez la puissante évocation poétique de cette phrase, c'est nul non?). Il faut dire que dans cette atmosphère quasi cold wave et preque noisy beaucoup ont dû être mentalement stimulés par le
souvenir froid et étouffant de Siouxie ou de Kim Gordon. Ce qui n'est pas tout à fait déplaisant...Mais j'ai trouvé tout de même leur set trop long et j'aurais aimé que la guitariste en question chante plus souvent, ça aurait justement permis d'éviter quelques redondances (encore un joli mot qui tombe mal).
Nico.
The Demolition Doll Rods, Nouveau Casino, Paris, 15.05.02:
Quelle claque!! Accrochez vos tuques, les amis, les DDR sont en ville!! Les disques de ce trio de Detroit, comprenant rappelons le
l'ex-Gories Dan Kroha, sont plutôt sympas mais jamais je ne me serais attendu à un tel show!! Très légérement vêtus - lisez à moitié nus - ce trio là sans leurs instruments pourrait être soupçonné
d'avoir joué dans le film "Gummo" ou de passer leur temps dans des boîtes échangistes dans un bled paumé de l'Amérique
profonde. Mais quand ils débarquent sur scène, leur énergie primale et incroyablement rock'n'roll nous éclate instantanément à la
face. La chanteuse est une vraie lionne, à la fois soul et agressive, elle n'arrête pas de se contorsionner et de remuer les fesses comme dans une
incontrôlable danse voodoo, virevoltant autour de sa guitare, s'agenouillant dans des poses lascives, bouffant le micro et triturant inlassablement son instrument malgré deux cordes rapidement cassées. Elle fera d'ailleurs quelques titres sans sa guitare prouvant l'étendue de ses prouesses vocales. Quant à Kroha, il est tout simplement époustouflant à la guitare. Platform boots aux pieds et vêtu d'un simple slip noir estampillé "HOT" en lettres brillantes, il a la silhouette fine et donne tout de suite l'impression d'un
croisement étonnant entre T Rex et Johnny Thunders. Débordant de passion et d'attitudes, son jeu de guitare est fascinant, subtil, claquant et terriblement accrocheur. Il l'a d'ailleurs prouvé lors
d'un mémorable solo sur "Psycho Kitty" pendant lequel il est descendu de la scène pour tournoyer dans le public avec sa guitare à grands coups de déhanchements dont il a le
secret. N'oublions pas la discrète batteuse aux airs de jeune fille de 16 ans qui, sur un instrument réduit au strict minimum, apporte le
rythme tribal et binaire soutenant ce jouissif mélange de punk foutraque et de blues décharné, tel les Gories de la grande époque en version
trash girl/glam boy. Rajoutez à ça une reprise malicieuse et tout en distortion de "I'll be your mirror" du Velvet et vous obtenez
un show explosif que je ne suis pas prêt d'oublier comme la plupart des gens qui y ont assisté - trop peu malheureusement puisque la salle était
plus qu'à moitié vide.
Nico.
King Khan & His Sensational Shrines, Le Melting, Lille, 13.05.02:
Par Bruno
RKT
Un Melting plein un lundi soir, c'est plutôt sympa, manifestement le passage du big band international (5 allemands, un français,
un américain, deux québécois) du Grand Méchant Khan en septembre dernier à quelques pas de là, (La Malterie) a produit son effet, et
les amateurs de Soul Funk Boogaloo (pour le contenu groovy) sous perfusion garagepunk (pour l'énergie et le fun) sont à nouveau au
rendez-vous.
Arrivés un peu à la bourre, on est accueilli sur fond de hurlements bestiaux par la désormais traditionnelle performance de
Harry Bo, le Tarzan harmoniciste de la bande, et un coup d'oeil à la scène (sur laquelle ils ont réussi à se caser tous les 9, miracle !), suffit pour
savoir qu'on est bien parti pour passer une super soirée: Fabienne, la gogo danseuse, est déchaînée et agite ses ponpons de cheerleader comme
une furie, et le «Maharadjah of Soul» multiplie les poses crooneuses et les froncements de sourcils voodoo-doctor comme s'il venait juste de
sortir du cercueil de Screamin' Jay Hawkins. Great Googley Moogley!
En plus ils assurent côté look, chemises & jeans noirs pour tout le monde, avec le détail classieux qui tue: un
authentique collier d'ossements et de dents de requins en vrai plastique autour du coup pour chacun!! La classe de chez classieux, j' vous dis. En tous cas ça rigole sec des deux côtés de la scène, et même si le son est un peu pourave, c'est pas grave, les filles et une partie non négligeable de la gent masculine se déhanchent et se trémoussent en rythme et manifestent bruyamment leur satisfaction à la fin de chaque morceau.
Tiens, en parlant de morceaux, la setlist fait la part belle aux titres extraits du tout nouvel (et premier véritable) album ("Three Hairs & You're Mine", fraîchement paru sur Voodoo Rhythm Rds), et quelques perles («Don't Walk Away Mad», «Saba Lou», «Live Fast Die Strong», «Kukamonga Boogaloo») accrochent déjà sérieusement les oreilles - point commun : un
feeling James Brownien à la saveur nettement 70's beaucoup plus marquée que sur les compos plus anciennes, et ça leur va comme un
gant, surtout sur scène, où la température monte et les déhanchements se font de plus en plus suggestifs..
Tout cela se termine cependant dans une ambiance très bon enfant, avec deux rappels vigoureux pour lesquels les Shrines ne se font pas priés, occasion pour le King aussi de rappeler d'où il vient - en franco-québécois de rigueur, hilarité générale garantie - avec
une très swinguante et chaloupée version du «1-2-5» de The
Haunted, le semi-légendaire combo garagepunk qui a placé Montréal sur la carte des villes rock'n'roll dans les mid-sixties. Bien joué boys n'gals, now we've got More Soul!!!
Zeke + RC5 + Flytrap, Glaz'art, Paris, 13.05.02:
Photos
Bien qu'excentrée, le Glaz'art est une salle ma foi plutôt sympathique avec sa moquette, ses tableaux, ses canapés confortables et sa terrasse couverte. Sans compter que le son est assez bon. Du coup, quand il n'y a que 60-70 personnes à tout casser ce qui fut le cas en ce lundi soir pluvieux (tempête tropicale!), on aurait presque l'impression d'être à une soirée dans l'appart d'un pote, fiesta à laquelle quelques groupes auraient été conviés pour assurer l'ambiance musicale. Ca pour assurer, ils ont tous assuré. Et dans
un décor qui change des ambiances enfumées et étriquées d'autres
salles.
C'est le duo parisien Flytrap (1 guitare, 1 batterie) qui a ouvert le bal pour une
demi-heure de garage minimaliste bien fucké. Le batteur, gorgé d'énergie, se démène comme un fou tandis que le guitariste triture son instrument de manière expérimentale, ne cherchant pas la mélodie mais le décalage total. Un très bon set qui m'a fait oublier leur prestation catastrophique au fameux Espace B il y a déjà quelque temps, preuve qu'ils progressé et qu'il ne faut jamais rester sur une mauvaise expérience.
Changement de matos rapide et ce sont les ricains RC5 qui prennent la scène d'assaut. Le mur de Marshall est en place, on peut y aller. La soirée monte d'un cran sur l'échelle de la vitesse des enchainements riffs / batterie. Le chanteur a la voix complètement déchirée (pire que Steve Miller) même quand il parle (!) et l'ensemble sonne par conséquent comme une
version punk 77 d'Electric Frankenstein, rentre-dedans comme il faut mais toujours un peu mélodique. Bien sympa pour se mettre en jambes avant l'apothéose finale, d'ailleurs le public (composé de garageux, de métalleux, de punk etc.) semble apprécier et en redemande. Au bout de 35 minutes, une pause s'impose.
Vers 23h, les 4 Zeke se pointent, ça va être chaud! Mark, le
chanteur qui parle aussi vite que son ombre, passerait presque pour un 1er de la classe avec sa fraiche coupe de cheveux (courts!), à côté des sacrées tronches/dégaines de ses collègues qui arborent fiérement T-Shirts Kiss et Hookers ce qui situe bien la musique de Zeke : 100% speed, kangaroo style, hardcore n' roll à fond. Plus furieux que jamais, aussi excellents que lors de leur passage au Gambetta 3 années plus tôt, ils assènent pour commencer 25 minutes de musique sans temps mort et on se dit que c'est déjà fini. Mais non, visiblement
contents de l'accueil et chauffés à blanc, ils reviennent pour deux
rappels, fait relativement rare chez eux, 20 minutes de bonus pour nous. La quasi-intégralité des deux derniers albums ("Kicked in the Teeth" et "Death Alley") est passée en revue, ça fait même chauffer la moquette! Le public est surexcité pendant les ¾ d'heure de show qui lui donnent une gniaque comme peu de groupes savent le faire. Les morceaux dépassent rarement les 2 minutes et on ne peut s'arrêter de bouger. Bref, Zeke n'a pas déçu, le groupe est largement à la hauteur de sa réputation et clairement au point, vivement la prochaine!
C'était donc une soirée crescendo 100% rock n' roll des plus réussies!
LL.
King Khan & His Shrines + Guitar Fucker, Nouveau Casino, Paris,
12.05.02:
La scène est bien remplie et on sent bien avant que la première note soit jouée que
la soirée va être chaude. Dans un premier temps King Khan introduit son ami
Guitar Fucker en faisant un petit morceau à la guitare. Ce Guitar Fucker, je l'avais bien apprécié il y a quelques années dans le cadre du "Cirque Electrique" au Batofar, un
numéro de blues déjanté en solo, lignée Bob Log III en plus dépouillé
quoiqu'un peu plus sage. Cependant pour cette première partie, son petit tour m'a semblé moins percutant et m'a un peu déçu. Certes le bonhomme est sympathique et harangue la foule d'une voix aigue mais l'ensemble est un peu linéaire.
Blacksnake, pardon King Khan, ancien des Spaceshits de Montréal fait ensuite son apparition accompagné
de pas moins de sept musiciens dont un percussioniste, une section cuivre
impeccable et un organiste excellent qui n'est autre que le bordelais Fredovitch. Et puis n'oublions pas une
go-go danseuse en pleine forme et les apparitions de "Harry Bo" pour
quelques cris de Tarzan plus vrais que nature et une fiévreuse intervention à l'harmonica. Tout ce petit monde nous a fait une démonstration de Rhythm'n'Blues enflammé, teinté de quelques touches garage. Quelque part entre James Brown - avec vingt kilos de moins - et un Screamin Jay Hawkins
ressuscité, King Motherfuckin' Khan est un showman d'exception qui sait tenir une scène avec beaucoup de classe et de présence. D'autant que les compos sont convaincantes, punchées et très dansantes ("Saba Lou", "King of the Jungle", "The Mashed Potato Itch"). Il y a même quelques slows langoureux...Bref du tout bon si ce n'est que le batteur et le bassiste semblent parfois ne pas en faire assez pour donner des élans à cette troupe par ailleurs bien rôdée. Cela dit, ne faisons pas la fine bouche, c'était
un très bon show par un groupe qui sait faire la fête!!
Nico.
The Dirtbombs, Nouveau Casino, Paris, 08.05.02:
Contrairement à leur prestation un peu décevante du Printemps de Bourges avec deux batteurs intérimaires, les
Dirtbombs ont fait à Paris un show solide et groovy grâce entre autres aux incontournables Ben Blackwell et Pat Pantano derrière les fûts. Le set était sensiblement le même qu'à Bourges: soit un bon mélange des
magnifiques et très dansantes reprises R&B/soul fuzzées de leur dernier album ainsi que quelques titres de leur bouillant premier opus, souvent funky mais parfois avec une
approche très free et presque noisy ("I can't stop thiking about it", "Granny's Little Chicken", etc.). Thomas J. Potter, également chanteur des Bantam Rooster, était comme d'habitude une vraie pile électrique, ne tenant pas en place une seconde et n'hésitant pas à faire quelques incursions dans le public. Il était également le premier à se frotter à
Mick Collins quand ce dernier se lançait dans quelques frénétiques danses, suivi par une trop petite partie du
public. Quant à Diamond, well, il est soit l'objet soit l'initiateur de quelques blagues qui font que le groupe a toujours le sourire aux lèvres! Et c'est plutôt
agréable de voir ainsi un groupe qui s'amuse bien sur scène et qui veut faire partager ces bons
moments. Et puis avec tant de bons covers ("Kung Fu", "Ode to a black man" ou encore le sompteux
slow jam "Do you see my love (for you growing)") et un groupe d'un tel
entrain, je me voyais mal m'ennuyer de toutes façons. Au final le show fût presque aussi bon que celui auquel nous avions assisté dans un petit club belge cet hiver. Une bonne soirée qui s'est terminée avec toute la clique r'n'r parisienne dans un petit bar avoisinant.
Nico.
Ben Vaughn, Nouveau Casino, Paris, 06.05.02:
Ben Vaughn a produit Arthur Alexander, travaillé entre autres avec Alex Chilton et Alan Vega et sorti quelques
bons disques notamment sur le label niçois F.F Fascination. Pour cette date parisienne, le voilà entouré de musiciens provenant de quelques uns de deux de nos meilleurs groupes, à savoir les
Groovers et Blutt. Plus précisément Bratch était à la basse, Fred à la batterie et Stanley à l'orgue et aux maracas. Tout ce petit monde avait bien répété et on peut vraiment tirer son chapeau à ce
backing band super classe. Vaughn était également en pleine forme: ce gars a
un son de guitare fabuleux, parfois très 50's ou surf et il a également une belle voix qui
le rapproche pas mal de Jonathan Richman. D'ailleurs il a comme lui quelques chansons - parfois interprétées en solo à la guitare electro-acoustique - tristes et légères sur des relations qui finissent mal...ou qui commencent mal. L'ensemble du set est d'une teneur plutôt pop avec de belles mélodies, quelques clin d'oeils sixties et toujours ce son de guitare magnifique qui lui a valu d'ailleurs d'être courtisé par Hollywood où il a composé pas mal de musiques (pour des séries comme "3rd Rock from the Sun" par exemple). Au final
un excellent concert par un songwriter unique qui sait gagner l'adhésion du public en très peu de
temps. Nico.
Zen Guerrilla + Seven Hate + Carving, L'Aéronef, Lille, 04.05.02:
Par Bruno
RKT
Arrivé en plein milieu du set de Carving, juvénile combo local pourvoyeur de skatecore, plutôt bon dans le genre, d'ailleurs, et première inquiétude : la salle est à moitié vide. Bon restons zen (..sorry) et replions-nous stratégiquement vers le bar,
point de rencontre naturel des Guerrilleros qui attendent leur
heure. Le problème, c'est que manifestement la majeure partie du public est venue pour Carving et Seven Hate, et que, seconde inquiétude, le risque est grand de voir la partie en question quitter la salle après avoir reçu sa dose d'Emocore...Well, well, well, we'll see!!!
Seven Hate est une pointure dans le monde du hardcore tendance mélodique, ça me fait penser à des vieux trucs comme MC4 ou Bad Religion par certains aspects, mais bon, c'est plus d'mon
âge et je rejoins vite la cohorte des "vieux shnocks" (les plus de 25 ans, en gros) qui
s'ennuient poliment à proximité du bar. Ca me laisse le temps de ruminer mes souvenirs du concert de Bruxelles, où les quatre Zen ne m'avaient pas semblé spécialement en forme, même si leur set fut particulièrement bon malgré tout.
Seven Hate quitte la scène et effectivement, une partie du public remballe ses skates, remonte ses baggies et vide les lieux...mais
ouf, on est encore suffisamment nombreux pour occuper l'espace, et lorsque Marcus Durant et ses collègues s'installent quelques minutes plus tard, on
est quelques-uns à pousser un soupir de soulagement : ça va pulser...y'a qu'à jeter un oeil au regard allumé de Rich Millman, et à la manière dont il ajuste nerveusement sa guitare, pour deviner que les quatre lascars sont en forme et prêts à en découdre...Premiers titres,
Slow Motion Rewind, Wee Wee Hours, Saucerships to Ragtime,
Empty Heart, bien sûr,...nom de Dieu, ils ont bouffé un réacteur atomique, ou quoi!?
Semblant fermement décidé à maintenir la pression jusqu'à ce que tout le public cède et entre dans la danse, le Zen balance la purée d'entrée de jeu et un maelstrom de décibels et de riffs fondus déferle sur les premiers rangs, de plus en plus étoffés d'ailleurs, au fur et à
mesure que les p'tits jeunes assis au fond reviennent dare-dare constater de visu la puissance de feu du phénomène.
Ouais, une grand-messe ocuménique, païenne et dionysiaque, c'est bien à ça que me fait penser le hard rockin' rhythm'n'booze de nos quatre San Franciscans quand ils se lâchent, comme ce
soir. Marcus, le chanteur, surtout, ce colosse possédé par le démon du rock'n'roll, évoque un
TV-preacher from Hell qui éructe, gémit, exsude et s'arc-boute, tendant les bras au ciel sous l'influence divine ou empoignant une
chaise pour jongler avec comme s'il s'agissait d'un vulgaire pied de micro. L'analogie avec le personnage du prédicateur cintré «habité» par une puissance hors-norme m'est apparue encore plus flagrante que lors des concerts précédents, et la passion manifeste du bonhomme pour le Gospel n'en est que plus «parlante». Tiens, y'aurait matière à réflexion, là, de l'influence du Gospel sur le Rock'n'Roll / Musique du
Diable, de Jerry Lee Lewis aux très regrettés Oblivians, y'a de quoi faire...mais bon je m'égare, et pendant ce temps là, l'ambiance devient orgiaque, la testostérone et l'adrénaline coulent à flot, et Zen G. conclue magnifiquement avec le
Moonage Daydream de Bowie et une reprise des Who (pas The Seeker, pour une fois) qui met tout le monde à genou. Praise Da Lawd, God'awmighty!! Le public semble ravi et en redemande, les quatre héros de la soirée arborent des sourires jusque là, et finissent par distribuer leurs bières aux fans des premiers
rangs...Well done, les gars, revenez dépoussiérer l'Aéro quand vous voulez!
Mokoka + Junior Merill + Turtle Ramblers, CICP, Paris, 28.04.02:
Une belle affiche r'n'r à l'occasion des 10 ans du réseau No Pasaran! Compte tenu de la triste situation politique du moment, il était d'autant plus important de soutenir ce réseau qui met depuis ses débuts la lutte contre le fascisme et les dérives autoritaristes au centre de ses actions. Après quelques films et un petit débat sur le thème du patriarcat, le premier groupe se met en place. Il s'agit des basques de Mokoka, qui se sont d'ailleurs reformés spécialement pour l'évènement. Le trio n'a rien perdu de son énergie et de son engagement! Musicalement ils jouent un punk-rock clashien qui pourrait les rapprocher un peu des stéphanois de Protex Blue, même s'il n'y a pratiquement pas d'influences ska. En tout cas un bon set, bien carré.
Junior Merill, la nouvelle sensation garage-punk lyonnaise dispose d'un chanteur exceptionnel qui n'est autre que Marc, ex-Condense. Se déplaçant beaucoup dans le public comme les chanteurs de hardcore, il donne toute sa particularité à un groupe qui par ailleurs compte une organiste, un guitariste et une batteuse (également membre des Kabu Ki Buddah). Dans ce magma harcore garage 60's, on peut noter également un petit côté 80's à la Lyres et le groupe se détache également par les mélodies qui résonnent sur l'orgue Vox Jaguar: on ne les oublie pas!! Bref, voilà un groupe en plein essor, à mon avis on va en parler de plus en plus. En tout cas ils le méritent, leur show est fun et accrocheur.
Pour finir, ce sont les Turtle Ramblers qui sont montés sur scène. Ils officient dans un genre bien différent qu'ils décrivent comme du country-folk. Il y a notamment une guitare electro-acoustique et un clavier. Et puis surtout un chanteur possédé, quelque part entre Tom Waits et Eugene Chadbourne. Il donne vraiment une âme au groupe et ses complices l'épaulent parfaitement, en particulier une bassiste des plus enthousiastes et un clavieriste très doué (certains passages sonnaient presque honky tonk). Au final un groupe assez étonnant et surprenant qui a contribué au succès de cette soirée. Nico.
Superfine + Dead Moon, Péniche Makara, Paris, 24.04.02:
Superfine est un groupe pop anglo-français dans lequel on retrouve le nouveau batteur des Holy Curse (ex-Backsliders, vous suivez?). Après un début de set plutôt enlevé, le chanteur très en verve, propose à un monsieur de l'assistance qu'il semblait connaître de chanter un morceau de blues. Pointilleux, le bonhomme met du temps à se préparer et l'intermède, pourtant fort plaisant (le solo de peigne en particulier) sera finalement écourté un peu brusquement par le chanteur de Superfine. Dès lors leur concert est devenu plutôt décousu tirant excessivement à mon goût sur la corde brit pop-folk.
Dead Moon au contraire semble avoir mis tout le monde d'accord dès leur premier titre. Leur concert très rôdé a dévoilé des enchaînements sans faille. Il faut dire que ça fait un bout de temps que ce trio américain parcourt la planète, devenant au fil des années une véritable légende dans l'underground. Et on comprend pourquoi. Dead Moon est un groupe de garage-rock très efficace, l'alternance du chant masculin (dont certaines intonations font parfois penser à Robert Plant) et du chant féminin - qu'on pourrait peut-être rapprocher de Janis Joplin - est bien au point. Ces trois là ont un talent proche de celui des Lyres ou de DMZ. Un talent évident, instantané. Même leurs reprises (par exemple "It's a long way to the top" d'AC/DC, "Ring of Fire" de Johnny Cash ou "Communication Breakdown" de Led Zeppelin) sont tellement incorporés à leur répertoire qu'on dirait qu'ils les ont écrites. Peut-être aussi parce qu'ils les font à leur manière, avec leur propre style. En tout cas leur concert a fait du bien, on en a avait besoin. Nico.
International Noise Conspiracy + Looptroop, Le CAT, Bordeaux, 17.04.02:
Par L
Van B
Looptroop...Connaissez? C'est du Hip-Hop...Nan, c'est pas mal, pas ma tasse de thé, mais l'initiative de mélanger les styles et les communautés musicales a le mérite d'être
courageuse. INC sont des fans de Looptroop depuis longtemps, ils les ont donc amené à leur public. Vu comme ça, y'a rien à dire.
INC? Ben...J'aime bien INC, ça roule super bien sur scène comme en clip, le groupe est rodé, rien que l'année dernière ils ont fait pas moins de 3 tournées aux USA. Mais
il leur manque un je-ne-sais-quoi, comme disent L7, qui elles, soit dit en passant, ne manquent de
rien. Un show super carré (trop?), une set list maitrisée (trop?), un show meilleur qu'à Angoulème quelques jours auparavant, où cependant le chanteur avait usé et abusé de la grandeur de la scène pour exprimer son envie de s'amuser. Le bassiste est un vrai singe plein d'energie, armé d'une Rickenbacker 4003 noire, sauvage!
Ah! Enfin un qui se sert d'une basse Rickenbacker ailleurs que dans les
clips. Sara passe de la rythmique au farfisa. Je trouve son attitude assez proche de celle de Leslie Hardy, de Murder City Devils, pour laquelle je garde un petit faible. Musical, s'entend. Il est surprenant de voir que la majeure partie des morceaux joués sont issus de l'avant dernier Lp. Super reprise des Stooges, "TV Eye", rarement aussi bien jouée.
Le show se déroule sans problème, si ce n'est un faux départ sur "Capitalism stole my virginity", le chanteur fait quelque flips sur scène, tentant de théatraliser la musique de son groupe. Un seul rappel, programmé, pas un morceau de plus, et c'est là mon reproche. Honnêtement, 54 minutes de live, c'est pas très très long,
hein...Je veux bien les voir comme les révolutionnaires qu'ils prétendent être, je veux bien penser vaguement aux MC5 (de loin, et dans le noir) mais qu'ils agissent comme tels...INC est un bon groupe, qu'on ne se trompe pas...Quand ils n'essaient pas de paraître pour un groupe qu'ils ne sont
pas.
Fantastic 3 + Wangs, Nouveau Casino, Paris 16.04.02:
Par Emmanuel B
La surf music ferait-elle recette à Paris? La jeunesse parisienne était-elle venue retrouver les sonorités "réverbérisantes" (du verbe "reverberer" - 1er groupe - transitif) découvertes sur le tard grâce aux talents du désormais célèbre
Tarantino ? Etait-ce l'effet de la notoriété des membres des Fantastic 3 (2 Jim Murple + 1 Wampas) qui attira une telle foule? Ou bien les WANGS ont-ils tant de copains que ça?
Va savoir! N'empêche que c'etait plein à craquer (jamais vu autant de skins à un concert de surf d'ailleurs, j'y comprend plus rien, au
r'n'r, moi!)! Tant mieux pour le Nouveau Casino (qui, soit dit en passant, n'a toujours pas revu le prix de ses demi de demi à la
baisse) et pour le r'n'r!!!
En première partie, les bien mal nommés Fantastic 3: ils nous ont refait la BO de "Pulp Fiction" dans sa quasi intégralité pendant près d'une heure (20 minutes auraient suffi surtout pour nous jouer pratiquement le même set qu'il y a un an au Blues Café!) avec quand même
quelques détournements plus ou moins réussis ("Egyptian Reggae", "My Generation", "James Bond Theme")...ce qui a eu pour effet...de me gonfler!
Pardonnez moi de faire la fine bouche mais, en matière de surf instrumental, le genre étant déjà limité, il y a intérêt à ce que le groupe fasse preuve d'une réelle inventivité en matière de son et de compos ou alors qu'il dégage une energie et une présence hors du commun pour susciter l'intérêt. Ben, là c'etait raté...Joli Wipe out (à part peut-être le jeu du batteur qui vaut vraiment le détour!)! Pour être honnête, il faut dire quand même que le petit "génie" qui était à la console n'a pas arrangé les affaires du groupe avec cet affreux son infra basse qui enveloppait tout! Y'a une place à prendre à la sono, qu'on se le dise!!!
Viennent ensuite les fantastiques Wangs. Dans le genre, pour moi, c'est du tout bon. Nos hommes cagoulés sont revenus à un style plus lent, plus garage (presque cold) avec des compos et des atmosphères super travaillées...et malgré les frasques de notre ami sonorisateur, leur show fut de haute tenue. Malheureusement, leur set était lui aussi trop long à mon goût.
Toute une soirée de musique strictement instrumentale, ça vous plombe un peu le moral quand on est un vulgaire terrien!
Fu Manchu, Le Divan du Monde, Paris, 15.04.02:
Ma seule et unique visite au Divan du Monde remontait jusqu'ici à un excellent concert que
Queens of The Stone Age donna il y a quelques années avec Fatso Jetson. C'est donc très optimiste que je m'y rendais à nouveau afin de voir
Fu Manchu pour leur 3ème venue parisienne. Le précédent show donné en 1999 au Folies Pigalle (on s'est longtemps demandé pourquoi ce lieu...) m'avait quelques peu déçu : set court, musiciens peu en forme, tracklisting bancal...Mais en ce soir de la mi-avril, le ton est donné d'entrée de jeu. Après une attente d'une heure due à l'absence de 1ère partie (c'est parfois mieux ainsi), les quatre californiens montent sur scène et on se croirait revenu au bon vieux temps de la tournée "The Action Is Go" (La Boule Noire, 1998). Le son pète le feu, exactement comme on peut l'entendre sur le EP "Eatin' Dust" :
stoner juste comme il faut, incisif et rentre-dedans, presque parfait! Scott Hill, Brad Davis et Bob Balch, soutenus par un batteur plus qu'au point venu remplacer l'irremplaçable Brant Bjork, sont déchaînés, pleins d'énergie à revendre.
Leur set commence par un "Evil Eye" d'anthologie immédiatement suivi par une large représentation du dernier album en date ("Separate Kingdom", "Hang On ", "California Crossing", "Squash That Fly"...), également de l'avant-dernier ("High on Heels", "Boogie Van", "King of the Road"...) tandis que le mythique "In Search Of... " est malheureusement laissé sur le carreau (dommage) au profit de quelques extraits du EP estampillé Man's Ruin ("Living Legend", le vrai " Mongoose"...on ne va pas s'en plaindre!) et même d'un soupçon de "Daredevil", chose rarissime, comme quoi le public est largement gagnant.
Un bon aperçu de la déjà longue carrière de Fu Manchu (plus de 10 ans), le tout dans une ambiance surchauffée, une salle plus remplie qu'à l'habitude pour un groupe stoner, des gaillards heureux de jouer et un final mythique à base de "Eatin' Dust" et "Godzilla": mais que demande le peuple? Au bout d'1h20, on a pris une bonne claque, convaincus que le Fu est bien de retour pour le meilleur. Franchement, tout ça donne furieusement envie de se remettre leurs disques entre les oreilles.
LL.
The Groovers, Nouveau Casino, Paris, 12.04.02:
Suite à l'annulation malheureuse des Come Ons, les
Groovers ont dû assurer le spectacle pour toute la soirée.
Et ils l'ont fait de bien belle façon!! Forts d'une prestation remarquée au - désormais défunt - "Rock Press Club" sur Canal Jimmy, le groupe de Bratch a montré une belle énergie entre rock'n'roll à tendance
50's et pop 60's voire même psyché. La nouvelle formation est des plus solides et permet un set plus varié que par le passé.
Bratch et Dimi se complètent à merveille, chacun ayant un style et un chant bien à lui. Le batteur est au point, le bassiste toujours classieux et l'ancien batteur passé au clavier sait rajouter le petit plus qui donne ce côté "sophistiqué" (on comprend ainsi mieux le nom de leur album,
"Sophisticated Boom Boom", ce n'est pas qu'un hommage aux Shangri-Las). Ils nous ont même offert un superbe slow et Dimi a encore frappé fort avec une reprise étonnante de Kim Salmon.
Incontestablement l'un des meilleurs groupes de la capitale au même titre que Blutt ou Les Dragueurs avec lesquels ils tournent d'ailleurs régulièrement en
province. Nico.
The Dirtbombs + Zen Guerrilla + McLusky, Le Germinal, Bourges, 11.04.02:
Photos
La soirée rock'n'roll du Printemps de Bourges (quand il y en a une) fait généralement un peu tâche dans une programmation globale souvent convenue, pas forcément mauvaise pour autant mais qui répond à des impératifs budgétaires évidents.
C'est le petit plus (d)étonnant qui permet aux programmateurs de se lâcher et quand ils se lâchent, ça donne une excellente soirée. Autant dire tout de suite que ce fut aussi réussi que deux ans plus tôt avec New Bomb Turks, Alabama Thunder Pussy et High On Fire.
Le Germinal (qui doit bien contenir 500 personnes maxi) n'est qu'à moitié plein lorsque le trio
McLusky monte sur scène à 22h pétantes. Le 1er morceau donne la couleur d'ensemble du set:
explosif, brut de brut, le parfait croisement entre noise, hardcore et rock n'
roll. Une demie heure durant, ça fuse de tous les côtés, c'est clairement furieux même si 2-3 morceaux plus mélodiques (au niveau du chant) calment un peu les esprits (les plus sensibles sont déjà au bar).
Belle prestation, on espère les revoir bientôt.
Sur le coup des 23h apparaissent les ricains de Zen Guerrilla en remplaçement de Zeke dont l'annulation m'avait fortement déçu. Je n'ai rien contre Zen Guerrilla, je suis même carrément client mais il faut bien dire que leur prestation parisienne de décembre 2001, bien que réussie, ne fut pas très surprenante. Je ne m'attendais donc à rien de spécial à part revoir ce que j'avais déjà vu. Et bien sachez qu'il ne faut jamais rester sur une impression mitigée, en tout cas pas avec ces gaillards.
Ils n'avaient que trois-quart d'heure pour séduire le public et ils ont clairement gagné la
partie. Leur set prend tout son sens lorsqu'il est dénué d'errements soul trop expérimentaux pour mieux se concentrer sur les morceaux soul rnr des deux derniers albums en date. Pas de temps mort, aucune digression, in your face, on danse, on en redemande et ils tirent leur révérence au bon
moment. Je n'irai pas jusqu'à militer pour des sets de 20 minutes (salut Manu !) mais plutôt contre des sets d'1h30 dans certains cas, notamment pour Zen Guerrilla. Excellent show, comme au bon vieux temps des 1ères parties des Hellacopters, well done!
Pour finir la soirée, cerise sur le gâteau, les Dirtbombs. Leur prestation au 4AD Club de Diksmuide (bourgade belge ultrapaumée) avait raflé la palme du show de l'année au sein du SDZ Crew. Autant dire
qu'on frémissait d'impatience rien qu'à l'idée de les
revoir. Peu après l'heure du crime, Mick Collins (vêtu d'une chemise argentée peu classique, cf photos!) débarque aux côtés de Thomas J. Potter (plus calme qu'en Belgique car accompagné!), du discret mais efficace Jim Diamond et de 2 batteurs inédits. Et là, dès la 1ère note jouée,
la magie opère à nouveau. On ne peut plus s'arrêter de danser alors que certains continuent à pogoter, z'ont pas tout capté mais on ne leur en veut pas. Incendiaire.
Une bonne partie de "Ultraglide in Black" y passe, accompagnée de quelques morceaux du 1er album et de vapeurs estampillées Gories, notamment un fabuleux morceau balancé en tout début de set. Pas de setlist comme d'hab, la complicité entre les 3 gaillards du devant de scène fonctionne à fond, les blagues persos fusent le temps d'un réglage de guitare, la top ambiance ! Le son est plus gros qu'en Belgique, les Dirtbombs prennent autant leur pied, c'est différent de ce qu'on a déjà pu voir mais tout aussi jouissif.
Au bout d'une plombe, le set parfait est achevé, Potter slamme, on a bien transpiré et on a qu'une idée en tête : être le 8 mai mais pour les revoir au Nouveau Casino. R&B n' roll lives!
LL.
The Notwist + B. Fleishmann, Le CAT, Bordeaux, 09.04.02:
Par L
Van B
B. Fleishman, Autrichien, ami electro de Notwist...ambiance electro, mix, plutôt assez proche de l'ambiance des derniers Lps de Notwist.
Parfois planant, parfois mélancolique comme une chansonnette enfantine, parfois plus dense, au final, assez riche, mais plutôt roboratif sur scène. Bien que, pour le fan, ça puisse être considéré comme un évènement. Ok.
Notwist? Un CAT bondé de chez bondé, une foule relativement jeune, surprenant pour un groupe qui a sorti son premier LP il y a douze
ans. C'est que Notwist est dejà un groupe mûr, engagé dans une évolution sans borne, avec l'électronique comme compadre. Au final, amateurs de la première heure à tendance hardcore-métal ou fans du groupe depuis "Shrink", tous ont de quoi s'éclater dans cette version live du groupe Allemand.
Après un long décollage bidouille, vient la première compo "Day 7", qui me tire presque des larmes. Sincèrement.
"Electric Bear", "Chemicals" et d'autres compos-comptines aux accents tragiques et poignant se développent. Parfois on ressent les accents primaires du
groupes, Micha et Marcus, les frères Notwist viennent de l'école Rock, et ça se ressent. Le T-Shirt "Motörhead" qu'arbore fièrement Micha en reste la preuve la plus évidente. C'est sûrement ce qui facilite mon écoute, moi qui suis si réfractaire aux conneries electro françaises pas bandantes.
Mika s'amuse parfois avec quelques vieux vinyls, jouant avec sa propre voix sur un morceau. Notwist reste authentique car il est un vrai terrain de jeu, de découvertes. Juste avant le rappel, le groupe se reforme comme à leurs début, histoire de delivrer un "Nothing like you" déchirant de sincérité, sans artifices, juste une basse, une guitare, une batterie, et la voix caractéristique de Markus.
Notwist entre dans la cour des grands, et ils le méritent, ils viennent de loin, se renouvellent, restent enthousiastes, et généreux. C'est beaucoup, l'air de rien.
Bevis Frond, Le CAT, Bordeaux, 08.04.02:
Par L Van B
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Concert unique, concert inoubliable, concert évènement. Je le dis, croyez moi!
Je vais être le plus honnête des rockers avec vous. Il y a un mois, je ne connaissais de Bevis Frond que le
nom. On ne peut pas tout connaitre. On peut juste essayer. Et comme je suis né sous une bonne étoile, je n'ai pas eu besoin d'attendre 15 ans comme certains pour voir the Bevis Frond, alias Nick Saloman, sur scène. Non. Il aura suffi que Stef, acteur de la scène rock depuis vingt ans, et Fabrice (ex-Linkers) organisent pour nous ce qui restera comme un des meilleurs concerts de l'année. Merci à eux.
La formation actuelle de Bevis Frond (une palanquée de Lp's depuis plus de vingt ans) est constituée pour la tournée de Nick Saloman, Adrian Shaw (ex-Hawkwin), Paul Simmons (The Alchemysts) anisi que le batteur de session (très très bon!!) Jools.
Prêt? feu! ça commence avec "Hole song N°2" comme sur le live à San Francisco en 98 (Woronzow records), avec plus de punch encore, et revelant la richesse mélodique de la voix de Nick.
Le concert va durer prés de deux heures! Imaginez le nombres de morceaux que l'on a pu
entendre, et la longueur des délires à la Cry Baby...J'ai du mal à faire ranger Bevis Frond sous telle ou telle etiquette...On décrit souvent le groupe comme un délire pour consommateur d'hallus en tous genres, un groupe psychedelique...Oui, ok,
ça délire du côté psyché, avec tout de même des bornes rock bien marquées. Y'a pas à avoir peur et à penser que c'est de la musique de vieux! Ahahha! Nan, c'est putain bien! Le concert finira par un morceau d'une durée totale de 27 minutes (!!) avec solos impeccables de tous, oui, tous les musiciens. Le son de la gibson sur l'ampli Orange...woaw...Concert annoncé comme un évènement? Ah bon?
On était une soixantaine pour un unique concert en France. Eh, les gars, faut pas pleurer la mort de l'art, faut veiller à sa survie, ok? A méditer, en écoutant leur nouvel Lp, té! "What did for the Dinosaurs", sur
Woronzow.
The Yeah Yeah Yeahs + The Jon Spencer Blues Explosion, Le Trabendo, Paris, 06.04.02:
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Les YYY's sont arrivés précédés d'une excellente réputation et ils n'ont pas déçu. Ce jeune trio new-yorkais
chevauche les préfixes "art", "post" et "garage" du punk avec insolence et sans la moindre basse. En un éclair dès le premier titre, on comprend qu'ils ont déjà assimilé beaucoup de groupes essentiels de Suicide à Sonic Youth en passant par Gang Of Four, Gun Club ou les Cramps. Ils ont déjà leur son. Et on
est immédiatement fasciné par le charisme de Karen O, chanteuse charmante en robe
violette, alter-ego sexy arty de PJ Harvey et Debbie Harry. Toujours le sourire aux lèvres, ses mouvements sont des convulsions, son chant est une mise à
feu. Entre des compos à la fois simples et inventives comme "Art Star" et la reprise personnelle de "Crimson & Clover" de Joan Jett, il n'y a qu'un pas, effectué avec élégance et talent. Tout comme The Gossip ou Liars, voilà encore
un nouveau groupe enthousiasmant qui prouve la vitalité actuelle de la scène indépendante américaine.
Le Blues Explosion était en pleine forme. Un set sensiblement différent de leur récent concert surprise à Main d'Oeuvres puisqu'il a duré près d'1h30 et
a couvert une bonne partie de la discographie du groupe. Avec un gros son et une agressivité retrouvée, voilà un groupe qui
pourrait jouer dans des stades mais qui ne le fera sans doute jamais. D'abord parce qu'ils ne le souhaitent probablement pas et ensuite
parce qu'il y a dans leur musique des effluves acides du blues le plus rugueux, celui que Judah Bauer injecte de quelques attaques guitaristisque
implacables. Russel Simins, tel un gorille funky, martèle ses fûts et
cherche les rythmes difficiles, les cassures sur lesquelles le groupe pourra rebondir comme un tigre.
Spencer est maître de cérémonie lignée Elvis/James Brown version trash mais avec le respect des aînés et la classe nécessaire. Pas de slams les amis, "let us do our job". Il a bien raison, il lui en
faut de la place pour haranguer la foule de ses célèbres "ladies and gentlemen, the Blues
Explosion!" et autres "The blues is number one"!! Lors d'un
long rappel en roue libre et devant un public déchaîné, Jon lâche tout, bouffe son micro, lance des regard fiévreux et devient tellement chaud bouillant sur "Magical Colors" qu'on se dit que si Christina n'est pas dans les loges, il pourrait bien se jeter sur la première pin-up de passage! Bref,
le JSBX a bien retrouvé toutes ses ardeurs et ce pour le bonheur de
tous. Nico.
T-Model Ford + Paul Jones, Espace Gargarine, La Courneuve (93), 04.04.02:
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Une soirée blues 100% roots à la Courneuve, ça change forcément des ambiances hype parisiennes parfois pesantes dans certaines salles. A peine arrivés, on sent que l'atmosphère va être détendue, tranquille, sympathique et pourtant on est au pied de plusieurs cités!
C'est T-Model Ford lui-même qui accueille les premiers
arrivants, n'hésitant pas à aller taper la discute avec quelques amateurs de blues ou des nanas qui lui auraient tapé dans l'oeil!
La soirée commence très fort avec Paul Jones, un des plus jeunes bluesmen de l'écurie Fat Possum (54 ans), ayant entre autres tapé le boeuf avec Little Milton ou BB King. La vache, il a la classe et la rage, ça se sent d'entrée de jeu, il est en feu le Paul! Il se déchaîne sur ses belles guitares, enchaînant accords standards et compos plus persos, n'hésitant pas à asséner quelques soli très agréables à l'oreille tandis que l'ami Spam se déchaîne sur sa batterie (le gaillard va devoir assurer toute la soirée!).
Ponctuant ses morceaux de "Allright!" et de "Merci!", Paul Jones respire la joie de jouer sous l'oeil bienveillant de T-Model
qui guette le show assis sur sa chaise on stage. 50 minutes plus tard, on a déjà bien dansé (tout du moins du pied puisque l'on est assis), la soirée commence dans la bonne humeur et la musique vient des tripes.
Après un entracte, T-Model Ford regagne sa chaise après avoir été sommé de la quitter, le bougre aurait préféré rester tchatcher avec le public après la première partie, like in Mississippi, comme à la maison quoi!
L'heure venue, papy arrive, canne dans une main, bouteille de Jack Daniels dans l'autre (une deuxième est planquée sous son siège en cas de panne sèche!). S'il n'est plus très en forme physiquement (80 ans, 26 enfants, un peu de taule et surtout des dizaines d'années de labeur qui lui ont ruiné le dos), notre homme l'est très certainement encore dans sa tête. Il joue le blues plus paisiblement, plus sereinement que son pote Paul. Ses interprétations sont plus longues et s'appuient surtout sur la répétition de suites d'accords. C'est tout aussi trippant et l'agilité avec laquelle ses doigts se balladent sur le manche de sa guitare est frappante (ils semblent ne même pas toucher les cordes) surtout lorsque l'on sait qu'il ne pratique l'instrument "que" depuis une vingtaine d'années.
Le son est à la fois clair, rugueux, poisseux, 100%
Delta. On est pris au jeu de T-Model Ford, accompagné par les rythmes binaires du batteur qui lâche parfois les baguettes, lui laissant alors la liberté de se lâcher sur tel ou tel standard qui lui tient à coeur. Bref, un trip incomparable d'1h15 qui aurait pu durer la nuit entière.
Une bien belle soirée comme on n'en voit plus que trop rarement et qui donne envie de s'intéresser de plus prêt au blues en commençant par la découverte sur scène comme sur disque du reste du catalogue Fat Possum. "I'm feelin' allright myself
too!". LL.
Anteenagers MC + Slackstone, Le Bee Bop, Paris, 03.04.02:
Les Anteenagers se sont adaptés aux conditions difficiles du lieu en préparant spécialement pour l'occasion
un set maison en hommage à la scène "Do It
Yourself". Déguisés en jerks avec des lunettes à gros montants noirs, tels les Deschiens parodiant "Happy Days", nos petits nageurs
ont voulu jouer les cancres jusqu'au bout en s'auto-parodiant au
maximum: Laurent, batteur-chanteur a joué debout sur un kit de batterie minimaliste et Manu avait sorti la douze cordes electro-acoustique! Entre les massacres de leurs propres chansons et les réinterprétations étonnantes et agricoles d'autres titres (refrain parlé et accent salé sur "Down in Amsterdam" de Paul Revere & The Raiders), ils ont trouvé le point d'équilibre entre fumisteries ricanisantes et bon goût rock'n'roll, soit des sortes de Devo de quartier, n°1 de l'anti-top 50.
Le pire c'est que même en voulant déconner, ils n'ont pu cacher totalement leur vrai talent musical et ont même trouvé involontairement de belles pistes à explorer du côté du
folk-punk!
Dans un registre complètement différent, le groupe californien Slackstone a enchaîné avec un set de
surf instrumental maîtrisé et mélodique. Pas trop de reverb' mais un guitariste qui ne manque pas d'idées et un batteur qui n'a pas hésité à nous faire quelques démos impressionantes. Leurs compos m'ont fait penser à des groupes que j'avais interviewé il y a plusieurs années dans sdz comme The Penetrators ou Squid Vicious. On sent que les gars connaissent leur musique sur le bout des doigts, dommage que le public n'ait pas répondu présent ce soir là. Et dommage que le bar ait coupé le courant sans prévenir vers la fin du set, refusant toute musique après 22h30.
Si les tauliers ne supportent même plus les groupes instrumentaux, je me demande ce qui reste à faire pour sauver la scène live/underground r'n'r d'un allez-simple vers le désert
musical. Nico.
The Dirtbombs + Wonky Monkees, Le Koslow, Bordeaux, 31.03.02:
Par L
Van B
Marrant, de voir Atom Rhumba et le producteur de leur nouveau disque à quelques jours d'intervalle dans la même
ville...Mick Collins is in the place....Alors, on va verifier si le groupe merite les éloges que l'on a pu lire un peu partout. Mais, d'abord, du local avec
Wonky Monkees. Comme ça fait chaud au coeur, de voir Olivier gratter avec tant de conviction! Le groupe est en place, n'a pas l'air de trop se chercher, et pourtant, en façade, j'ai du mal à trouver le batteur, un peu en retrait à mon goût, ce qui enlève pas mal de punch à l'ensemble.
Les compos tiennent serieusement la route, je l'ai déjà dit, je me répète, Bordeaux peut être fière de sa scène rock
actuelle. Les trois derniers morceaux du concert seront joués par une formation derivée des Wonky Monkees, appelée le
Wicked Movement, aux sonorités un poil plus free, plein de choeurs et un max de zicos sur scène.
Et le chanteur de finir en un délire aux cuivres, des plus
exorcisants...Les Dirtbombs ont mis un bon moment à s'installer, je crois même
qu'ils n'avaient pas fait de balance avant..Et c'est sûr, deux batteries, ça prend du temps à installer.
Cependant, l'audience reste calme et patiente, s'apprête à vivre le concert comme un rendez vous galant. Que j'ai dejà bien arrosé...Oops. Alors... Ok, j'aime bien les Dirtbombs, mais il y a plein de côtés qui me font sourire dans ce groupe. J'ai juste besoin de réponses...Pourquoi avoir deux batteurs si c'est pour leur faire jouer la même chose? Le visuel? Mouais, c'est maigre comme réponse. Le groupe est-il aussi sexy qu'on veut bien le dire? Bon, on a eu droit à "I'm through with white girls", chanté par le bassiste, "Kung Fu" pour le plus grand plaisir des fans, et d'autres super morceaux, j'en conviens, dont une reprise de Thin Lizzy.
Mais qu'est ce qui fait d'un simple concert un concert inoubliable?
Pourquoi les dix dernieres minutes du concert ont été les meilleures? Parce
qu'on voulait quelque chose de sauvage dès le début, nous!
Dommage, mais j'irai verifier ça...promis.
Atom Rhumba + The Magnetix, Le Zoobizarre, Bordeaux, 27.03.02:
Par L
Van B
D'abord il y a l'ambiance inimitable du Zoobizarre, tout de rouge et carrelage froid recouvert. Ensuite il y a
notre public sauvage, Bordel-ais et Bordel-aise amateur de garage
branlant. Pas une grande foule ce soir là, non non, environ une soixantaine de personnes.
Mais Dieu que ça a déboîté, cette soirée! Avec le duo The
Magnetix, fiers de leur LP (et on les comprend) et voodoo attitude to the
max. Quelques poignées de titres tout droit sortis d'outre tombes sixties, Aggy Sonora la batteuse et Looch vibrato le guitar-héro hurleur ravissent (quasi littéralement) nos ouïes et ma jambe gauche. Stridente dégénérescence d'une époque que l'on peut simplement s'imaginer, avatars trash des Sonics, abus de toms, de reverbs et autres fuzz.
Les Magnetix sont tout simplement à pleurer de bonheur. Supportez moi ça!
Alors est-ce ce public échauffé qui a permis à Atom Rhumba de révéler sa vraie nature, incandescente et sexy? On a vraiment eu droit à un concert de qualité, apparemment rien à voir avec le concert de Paris.
Un rock déjanté à l'influence JSBE, envolées coltranienne du sax sur une paire de titres, une présence scénique, un look creepers/chemise à pois des plus raffinés. Le son de la basse claque l'air, se fait parfois même disco. Les rythmes frénétiques s'enchainent, les deux guitaristes alternent le chant, laissant parfois quelques langoureuses mélodies Hispaniques nous pénétrer. A l'aise comme à la maison dans cette petite cave moite et rouge, dans ce ventre si confortable, Atom Rhumba nous a donné des envies de Sud. Au point de ne plus vouloir les laisser partir et de les retenir le temps d'un rappel ou de deux, entamés au son des
5 notes de Rencontre du 3ème type...En quelle année on est déjà ? 2002, ha! Déjà...
Bikini Machine + Atom Rhumba, Nouveau Casino, Paris, 26.03.02:
Bikini Machine est un groupe rennais formé sur les cendre des Skippies. Musicalement, c'est assez indescriptible, la plupart du temps instrumental et presque tous les musiciens se relaient à la batterie ou aux claviers/samplers. On pourrait situer ça entre les Ultra Orange et les Juanitos, une sorte de lounge music aux accents parfois funk. Je dois dire que j'ai trouvé leur set assez ennuyeux, ça manque un peu d'inventivité et d'énergie. Enfin le groupe est tout récent à ce que je comprends donc on verra comment ça évolue.
Les espagnols d'Atom Rhumba signés sur Munster Records étaient précédés d'une excellente réputation scénique en raison de leur prestation aux Transmusicales il y a quelques mois. Pourtant malgré les qualité indéniables des musiciens et leur set varié - blues-punk funky à la Jon Spencer, ballades à la Scientists - je n'ai pas accroché du tout. Ils ont une bonne pêche sur scène, les guitaristes sont plutôt doués mais il manque encore le petit quelque chose, le déclic pour en faire un bon groupe...Il faut tout de même signaler que le public était particulièrement froid, ce qui n'a pas dû les aider, eux ces rockers au sang bouillant. Bref, une soirée assez décevante au final. Nico.
The Bellrays, Nouveau Casino, Paris, 23.03.02:
Are you ready? Non mais je ne rigole pas, are you ready? Vraiment? Vraiment vraiment ready? Ready de chez ready j'espère! Parce qu'avec les Bellrays, il faut être tout le temps ready et pas qu'un peu! Si vous ne connaissez pas encore ce groupe de Los Angeles, disons qu'il y a d'abord une voix: celle de Lisa, la chanteuse, avec sa coupe afro gigantesque. Une voix qui fait irrémédiablement penser au meilleur des pépites Motown/Stax, vous savez ces chansons éternelles qui donnent la chair de poule à chaque écoute. Lisa est accompagnée par un groupe de rock furibard et inspiré qui a bien digéré ses MC5 et ses Black Flag. Les compos sont assez complexes et le guitariste a un style bien à lui. Le résultat est un mélange soul-punk étonnant, largement plus convaincant que ce que j'avais entendu d'eux sur disque. On sent de plus l'expérience du groupe qui enchaîne les titres avec très grande facilité, Lisa prouvant même son incroyable charisme par quelques incursions dans le public. Un très bon groupe qui mérite largement autant de succès que les Hives, leurs nouveaux collègues de label puisqu'ils viennent de signer eux aussi sur le label anglais Poptones. Ah et puis n'oublions pas la dédicace de Lisa à Vibra-Vince: il est "THE dude". Vince, ça va, toujours les pieds sur terre? Nico.
Defenestrors + Anteenagers MC + Loud Mufflers + Brain Eaters, Espace B, Paris, 17.03.02:
Très belle soirée avec des groupes locaux, organisée par les
Defenestrors. Ce furent d'ailleurs les premiers à attaquer: un trio surprenant de trash'n'roll comprenant un particulier un batteur/chanteur qui joue debout. Après un set court, percutant et ramonesque, ce dernier
a d'ailleurs quitté la salle rouge comme une écrevisse, comme s'il venait de piquer une grosse colère! Enfin un groupe qui a du piment, c'est bien!
Les Anteenagers passent ensuite et musicalement, ça change. Leur post-punk soul est de plus en plus convaincant et
les compos passent l'exercice du live avec de plus en plus de facilité. Les enchaînements sont au point et il y a également quelques reprises de choix comme d'habitude. On retiendra cette fois leur version de "Love Potion". Et puis il y a toujours les chorégraphies de Junior, Nicus et Manu, encore minimalistes mais qui avec un peu d'entraînement
quotidien pourraient devenir un de leurs nouveaux points forts!
Les concerts des Loud Mufflers sont assez rares pour ne pas être loupés. Autour de Charlie (guitare/chant), on retrouve deux Teckels (Iwan à la guitare et Marc au saxophone) et Cécilia (ex-No Talents sans Ses Ennuis) à la batterie.
Sapés comme en 50, le groupe joue justement un rock fifties de qualité, parfois minimaliste mais toujours dansant. Pas mal de reprises au programme mais aussi quelques très bonnes compos. Charlie est un leader classieux, cheveux gominés et guitare vintage, on le voit bien passer du micro au volant de sa vieille cylindrée avec la même aisance. Sous les hourrah de la foule, les Mufflers ont terminé avec "Wild Little Willie" et "Shake, Shake, Shake".
Les Brain Eaters ont terminé la soirée avec l'énergie qu'on leur connaît et un rockab'n'punk de plus en plus rôdé. Le chanteur est toujours ce showman incroyable qui multiplie les acrobaties (en l'occurence quelques belles roulades par exemple) et incursions dans le public (exemple à l'occasion: vérifier que Vibra Vince ne porte pas de perruque). Nico.
Holy Curse + The Flaming Sideburns, Péniche Makara,
Paris, 14.03.02:
Je n'avais jamais vu autant de monde à une soirée Sonic Rendez-Vous, record d'affluence battu!!
Même Philippe Manoeuvre avait fait le déplacement...C'est donc dans cette atmosphère surchauffée et malgré une pluie battante à l'extérieur que les
Holy Curse, comme dans leur jardin, ont fait un concert survolté, encore plus convaincant que leur récente prestation au Farenheit. Le batteur a sans conteste trouvé ses marques et à part une petite confusion dûe à la set-list, le groupe était vraiment bien en place.
Les chansons sont toujours aussi touchantes, sombres et rageuses. Seulement maintenant il en faudrait de nouvelles!! J'ai hâte que le groupe se mette à composer avec cette nouvelle formation.
Les finlandais des Flaming Sideburns se détachent selon moi nettement de toute la scène high energy r'n'r scandinave:
ils ont quelque chose en plus, quelques riffs Stoniens, des restes de soul et d'hymnes garages 60's qui font que leur set est varié et
accrocheur. Et puis il y a un chanteur argentin incroyable, en fûte léopard, slammant malgré la faible hauteur du plafond, faisant agenouiller une bonne partie du public ou parodiant un commentaire d'un match de foot en espagnol. Il dynamise le groupe, lui donne de l'ampleur et de l'assurance. On n'oublie les recyclages divers des Sonics à AC/DC en passant par Hendrix car l'ensemble se tient et on sent du métier et une vraie passion pour le rock'n'roll au sens large. Ils ne faudrait pas, comme les médias le font, les cataloguer comme des enièmes "sauveurs du rock" mais juste des gars qui font simplement la musique qu'ils aiment, sans talent extraordinaire mais avec sincérité et enthousiasme.
Le concert était presque trop long (près d'1h30) mais au moins les gens en ont eu pour leur argent et j'espère qu'ils reviendront régulièrement aux soirées Sonic Rendez-Vous, LE
seul rendez-vous LIVE de ROCK'N'ROLL à Paris.
Nico.
The Bellrays + Five Lives, Salajam, Bergara, Basque country, 14.03.02:
Par L
Van B
Five Lives n'est autre que la cour de récré où se retrouvent les membres de
Senor No, qu'on ne présente plus, NCC, l'autre groupe issu de la Perrera, et Mati, la chanteuse des Small Things.
Le répertoire de ce groupe à reprise est presque exlusivement constitué de reprises
70's, et durant trois bons quart d'heures, on a pu s'amuser à reconnaître dans le désordre, "Crosstown traffic" d'Hendrix, "Route 66" de Bobby Troup, et plein d'autres mélodies chères à nos oreilles. Malgré un problème de son, le groupe ne
s'en est pas trop mal sorti dans cet exercice délicat qu'est le travail de reprises. Un peu plus de volonté dans la voix de Mati aurait peut être fait s'envoler davantage les musiciens, mais c'etait néanmoins là encore une bonne manière d'apprecier le style si complexe d'Andoni, batteur du combo Senor No.
Et les Bellrays de reprendre la scène. Lisa, encore plus sauvage qu'à Bordeaux s'octroye d'entrée un public basque enthousiaste et
remuant, drive son groupe avec charisme. Elle joue avec le public et érotise la musique de son groupe, pose dans la fumée et les projecteurs, flirte avec son mari de guitariste, pousse l'energie vers le haut. Hurle et remue son corps, se jetant même au sol derrière les retours, sur la haute scène de Bergara.
On ne voit plus que ses jambes en l'air, et ça tourne à la pure folie au premier rang.
Tony nous gratifie de vifs solos enflammés, heritier d'un Deniz Tek dont il est un fan avoué, se permet parfois quelques phrases qu'ont croit issues des Rationals. Le bassiste traverse la scène comme une tornade et enroule ses melodies autour du cou de la chanteuse. D'autres cymbales volent, le show s'étend dans la nuit et tout le répertoire semble y passer.
"We are the salvation". C'est une phrase qui me reste du
show...Et elle ne parle pas que de son groupe, elle parle de toute cette scène qui se développe, de ce public qui se dédie à ce groupe comme à tant d¹autres. Alors, est ce l'effet de l'abus de soul rock ces jours ci, ou le rock brûle t-il plus que jamais en ce début de siècle? Avec des groupes comme les Bellrays et la clique issue de Sympathy, on constate qu'il est bien vivant le r'n'r, nan?
The Bellrays + The Hero-X, Le C.A.T, Bordeaux, 10.03.02:
Par L Van B
Photos
Les Hero-X, qui n'étaient soit disant pas très en forme ce soir là, ont pourtant réalisé un set assez éclatant. Ce groupe où l'on retrouve Buzz ex-TV killers, Aggy Sonora des Magnetix, le bassiste de Catchers, ainsi que Fredovitch au farfisa est
un des plus prometteurs de la scène garage Bordelaise. On attendra donc de pouvoir s'appuyer sur le deuxième volet de la compilation "Get the guitar off your ass" qui est en cours de réalisation et à paraître dans un mois, pour commencer à juger des réelles qualités évidentes de ce rassemblement de "superhéros"...
Nous étions là à attendre beaucoup, mais réellement beaucoup des Bellrays et:
ils l'ont fait. Lisa moulée dans une robe noire, toutes griffes dehors, n'attend même pas la fin du premier morceau pour se mettre la totalité de la salle dans la
poche. Le groupe est d'une efficacité incroyable, d'une puissance inouïe, le batteur fera même décoller son ride lors d'un morceau. Toute en break et en riffs surpuissants, leur musique semble intemporelle, comme un disque Motown boosté à la nitro. On évoque les plus grandes chanteuse soul pour définir Lisa, on n'est franchement pas loin de la vérité. Et son mascara coule, des larmes? de la sueur? L'émotion est telle que les deux sont possibles.
Dans la lumière d'un projecteur elle se saisit de la main d'un gars dans le public, transmet son émotion à toute une salle, pleine de rage et
d'envie.
Les titres s'enchainent, "Changing colors" , "Black honey" issus du génial, et autoproduit de A à Z, premier LP "Let it blast". Des titres qui nous rendaient deja électrique sur vinyl nous atomisent quasiment sur scène, comme cette version live de "Blues for Godzilla". "Have a little faith in me" qu'avaient repris leur potes des B-movie rats, et "Testify" en guise de rappel.
Are you ready? Heu, là, oui, je crois...
The White Stripes + Whirlwind Heat + Di Maggio, Elysée Montmartre, Paris, 05.03.02:
Photos
Le retour des Stripes à Paris et enfin ils sont en têtes
d'affiche! Mais ils se produisent, une fois de plus dans le cadre d'un
festival, cette fois-ci c'est celui d'Aden, le supplément culturel hebdomadaire du Monde qui - à l'instar d'autres publications grand public comme
Magic ou Telerama - ne fait pas beaucoup d'efforts pour se détacher de l'élitisme et du conservatisme
musical des Inrockuptibles...On a donc été obligé de se taper un premier groupe complètement
HS, la formation chanson-electro marseillaise Di Maggio, pas mauvaise en soi mais tout de même bien bien mal
venue dans une telle soirée. Les programmateurs ont peut-être voulu être éclectiques (+ vraisemblablement, ils ont voulu ratisser large) mais là c'est raté. Fort heureusement comme ils l'avaient fait sur leur tournée de cet automne (avec les excellents Von Bondies) les White Stripes ont emmené sur
cette nouvelle virée, un jeune groupe de la région de Detroit, les Whirlwind
Heat. Je ne connaissais d'eux qu'un titre sur la compile "Sympathetic Sounds of Detroit" et j'avais entendu parler d'un 45T sur le très
recommandable label local Italy Records. Leur set fût une surprise incroyable. Pour les premiers titres, il n'y avait qu'un batteur, un bassiste et un
chanteur épileptique et contorsionniste fricotant avec un Moog et un sampleur. Peu de temps après ces
débuts fracassants, il prend sa guitare pour parfaire l'attaque sonore de ce trio des plus barrés qu'on pourrait vaguement situer entre la noise de Shellac, le post-punk de Gang Of Four et les bricolos electro-bruitistes de Suicide avec en sus un chant haut perché d'aliéné à la Pixies. Un mix détonant, qui n'a pourtant pas fait
bouger un public parisien une fois de plus froid et peu curieux par rapport aux artistes de première partie. Dommage pour eux, en tout cas le
set était excellent et s'est terminé comme un pied de nez avec un sample de 15 secondes du "ABC" des Jackson
Five.
Les White Stripes ont ensuite fait une nouvelle fois la démonstration de leur indéniable talent pendant un show d'environ 1h. Nous avons eu droit à une set-list complètement remaniée par rapport à la dernière tournée et des
chansons mieux rôdées, ce qui s'explique probablement par l'incroyable nombre de concerts qu'ils ont fait depuis l'été dernier. Le public était aussi plus
chaleureux que pendant les premières parties. On peut regretter que les gens ne bougent que sur les singles ("Hotel Yorba" et "Fell in Love with a Girl") mais c'était
quand même hallucinant de voir des gens danser sur "Death Letter" de Son
House...D'ailleurs le passage blues du concert était particulièrement réussi. On notera également d'autres reprises de qualité comme "Lovesick" de Dylan et "I just don't know what to do with myself" de Burt Bacharach. Sans oublier une pléiade de chansons de leurs deux premiers albums dont "Screwdriver" qui est vraiment l'une de leurs
meilleures sur scène. Le seul regret viendra de l'absence de "Rated X" (nous n'avons donc pas entendu la jolie voix de Meg) et de "Lafayette Blues" - leur meilleur single - Jack ayant toujours un peu peur qu'on se moque de son accent français qui est pourtant fort sympa.
En tout cas avec ce groupe il n'y a pas de doute possible, ils sont sacrément doués!
Nico.
The Stardumb Records Winter Rumble, T'Hoeske, Gierle, Belgique, 02.03.02:
Par L Van B
Photos
La réputation des groupes réunis, le travail accompli par Stardumb Records, m'ont poussé à rejoindre la Belgique pour assister à
une véritable messe punk rock dans un charmant petit village tout droit sorti d'un roman de Stephen King:
Gierle. T'Hoeske est un club de taille moyenne, lieu de rassemblement idéal pour une petite communauté chaleureuse de punk rockers, freaks, teen-agers, et nighttrippers...c'est bon pour SDZ!!!
Les Granny's Hemroids (poétique, nan?), entament le bifteck avec le bon côté du couteau et balance une purée bien punk rock, histoire de faire suinter un peu les murs du club. un p'tit côté Dwarves, donc, et surtout une bonhomie assurément transmissible. En avant,les mecs!
The Lulabelles, tiens, comme on se retrouve! Quatre mois après leur tournée
française, les voilà sur scène avec un nouveau batteur en remplacement de la pourtant trés agréable et amicale Joke; Simon, donc, le batteur des Ragin' Hormones. Avec une set list de 11 morceaux, elles m'ont encore mis à genoux dès la première note.
Je suis sous le joug de leurs mélodies! On a besoin de leur musique à la radio, on a besoin de les voir à la TV!
Donc, ouais, 11 titres, et pas un en deçà du niveau des autres. "El Camino" , "Punkrockshow", "Lovesong", "Get out of my way" ne sont pas autres choses que des tubes! Elles peuvent sortir un LP, y'a que du bon. En attendant ça, elles prévoient une session en studio très prochainement. Pour un single que je ne louperais pas! Elles ont le meilleur des atouts pour un groupe de rock: elles sont incomparables. Elles ont déjà forgé leur propre style, et sont impossibles à arrêter. Avec leur nouveau batteur métronomique, on peut s'attendre à une bonne galette.
Imaginez simplement les drôles de dames qui jouent du R'n'R.. Ca laisse songeur, hein? C'est pourtant vrai. CE N'EST PAS DU
BLAH-BLAH. A vérifier en France cet automne.
Wiseguy, c'est le groupe le plus heavy du lot. Moins punk et un peu plus hard, on pourrait visualiser leur musique comme un pendant hémisphere Nord de groupes comme Powder Monkeys ou Brother Brick. Les gars semble étonnement
jeunes, surtout l'un des deux guitaristes, et...woaw...ils fourmillent d'idées et d'energie aussi, ceux là. On sent bien l'envie de tricoter du solo déjanté, le bassiste a une sacrée attitude sur scène, bref :
eux aussi je-vais-te-me-les-surveiller-tu-vas-voir-ça!! Un single est prêt sur Stardumb, pardi, et ça s'appelle "Pull the cup".
Olivier des Jakes m'avait bien averti Les Dirtshakes, ça déboîte...Ben il avait bien raison le bougre.
De sacré gigoteurs, surtout le bassiste, un fou furieux en chemise hawaïenne. Celui là même qui a manqué m'arracher la moitié du crâne avec sa basse et a joué sur mon dos! ?!?! Au secours! Le guitariste arbore fièrement un tatoo du Radio Birdman sur le biceps, c'est donc sans surprise que le groupe a repris "Do the Pop". Peu avant ils avaient également repris le "When the birdmen fly" des Fun things. Difficile de les suivre,
ils sont tellement agités du bocal que j'ai l'impression d'assister à un match de tennis. Ahaha! J'adore!
Après une telle débauche d'energie, j'ai même commencer à penser que la soirée avait peut être atteint son apogée. Que nenni...Voilà les suivants,
The Apers...Les nouvelles stars néerlandaises, fort d'un nouveau LP et d'une vidéo en heavy rotation à la Dutch TV, 'Eyes open Wide', emmène tout ce public un peu plus haut dans la stratosphère.
Énorme influence Ramones dans le genre, The Apers sont un putain de groupe, mais s'ils pouvaient se dégager de cette influence un petit peu trop marquée, alors on aurait encore un groupe européen, en l'occurence Hollandais, prêt à casser la baraque. C'est sur le point d'arriver, plus je me repasse ce concert dans la tête, plus je dois avouer qu'ils m'ont bluffé. Une rumeur sur la présence des Apers au prochain festival SXSW ne ferait que confirmer mes dires.
A suivre aussi, assurément. "Hey, Ho, Let's go" bien entendu.
Et les Travoltas et Darlingtons alors??
Oups...Il me semblait bien qu'il y avait deux groupes de plus. Sorry, j'ai pas pu résister à la tentation d'aller
visiter ce fameux Tiki bar de l'autre côté de la place de Gierle...Et...Je crois bien que j'ai passé une bonne partie de la soirée là
bas...Quoi? Au moins j'ai une bonne excuse, nan? Vous savez comme elle est bonne la bière, là bas?
Je m'autoproclamme correspondant SDZ chez nos amis Hollandais à partir de ce
jour, alors, si quelqu'un veut plus d'infos sur les Apers ou les Lulabelles, y'a qu'à suivre les chroniques...On ne va pas tout vous mâcher, non plus!
The White Stripes + Whirlwind Heat, L'Aéronef, Lille, 01.03.02:
Par Bruno
RKT
C'est vendredi soir dans un Aéronef pas bondé au point de réduire le public (agréablement hétérogène) à l'état de sardines suantes, mais rempli quand même, et
Bee Pee le DJ nous régale de pépites 100% Motor City...Bonne vibes, bon feeling et le set mi-figue mi-raisin de
Whirlwind Heat, trio de jeunes chiens fous sous perfusion Sonic Youth / Jon Spencer lâché dans South West Detroit, ne suffit pas à plomber la chaude ambiance. Ces derniers ont d'ailleurs l'extrême bon goût d'annoncer la fin de leur set et l'arrivée des héros de la soirée en
envoyant un "The Big Three Killed My Baby" carré, convaincu et convaincant, et il y a de l'électricité dans l'air lorsque Meg s'installe derrière ses fûts et que Jack, jeans et T-shirt rouges comme il se doit, se plante devant son micro, et balançe quelques riffs sur l'une de ses nombreuses et chouettes guitares vintage.
Et là, comment vous dire?
Soit on n'accroche pas, soit on accroche à 200%, et pour ma part I got
hooked!! Toutes les (petites) craintes concernant éventuellement la capacité de Jack (Meg, visage de Madone et couettes mutines, restant bien-sûr collée à son drumkit) à occuper l'espace entre micro central, piano électrique à droite et micro supplémentaire à gauche prés de la batterie, sont balayées en deux minutes.
La set-list, qui ressemble déjà à un best-of, est déroulée au cordeau, trois titres cartons alternants avec trois titres plus "atmosphériques" et toutes les facettes du son White Stripes sont dévoilées pour le plus grand bonheur de l'assemblée (gentil pogo devant pour les plus jeunes et vigoureux hochements de têtes appréciateurs ailleurs) : balades poignantes, country-folk revisité et dépoussiéré, blues dépouillé du moindre excès de graisse et éjaculations garage-punk minimalistes, Jack White ayant cette capacité inouïe à "habiter" une chanson et à donner corps à un personnage. Cerise sur le gâteau,
les titres les moins connus, reprises en b-side de 45trs par exemple, sont aussi privilégiés et on a donc eu droit à Jolene (Dolly Parton), Rated X (Loretta Lynn), Party of Special Things to Do (Captain Beefheart), I just don't know what to do with myself
(Tommy Hunt via Burt Bacharach, la b-side inédite de leur tout nouveau single) et leur fabuleuse version du "Look Me Over Closely" de Marlène
Dietrich en guise d'ultime titre pour le dernier rappel. Ajoutez à cette liste les incontournables ("Lafayette Blues" - "a song in your own
language" says Jack, on veut bien le croire sur parole mais avé l'assent on pige pas une virgule.. - le déjà fameux mini-medley Astro/Jack The Ripper, Hotel Yorba, We're going to be Friends, Hello Operator...) et on est pas loin, en ce qui me concerne, du concert idéal.
En tous cas, ce gig fera parti de mon best-of perso de cette saison (avec celui des Dirtbombs, tiens Detroit rocks !) et vu la réaction de la plus grosse partie du public, on peut affirmer sans rougir (ah ah) que la prestation du duo fut à la hauteur de leur déjà flatteuse (et justifiée) réputation.
Meg & Jack, vous revenez quand vous voulez!
The Mighty Moguls, Le Bee-Bop, Paris, 25.02.02:
J'étais bien content de rencontrer Miffy, Chucky, Masoto et Mr. Yama, soit les Mighty Moguls de Tokyo après une interview enthousiaste par e-mail. J'aurais aimé bien entendu qu'ils puissent jouer dans de meilleurs conditions mais Paris n'étant toujours pas une ville rock'n'roll, il a fallu faire avec les moyens du bord. Et grâce à l'incontournable Seb, le show a bien eu lieu. Au niveau son, c'était sans doute le pire possible: pas de micros, pas de pieds de micros. Il a fallu improviser, Miffy utilisant finalement le petit micro du saxo de Yama. Larsens à go-go et son pourri, voilà qui n'a pas aidé la pétillante Miffy qui après toute une tournée européenne (c'était leur dernière date) avait forcément la voie cassée. Heureusement de temps à autre, leur sympathique chauffeur belge, Freddy, a tenu le micro et tenté tant bien que mal d'obtenir quelque chose du système de son de ce rade grotesque. Mais peu importe, le groupe japonais a réussi à faire passer l'essentiel: leur sens de la fête, leur plaisir de jouer et leur énergie, le tout au service d'un rock'n'roll aux intonations 50's (avec sax donc) dont quelques reprises hilarantes ("Ring Dang Doo", "Wild Little Willie", "Keep a knockin"...) sachant qu'ils ne parlent presque pas anglais. Le public a dansé, crié et bien sué dans un bar devenu sauna. Certes, quelques mauvaises langues étaient encore là pour se plaindre toutes les 2mn mais le principal est que le groupe ait conquis de nouveaux fans qui n'ont pas hésité à se faire dédicacer le nouveau 45t du groupe à la fin du set. Nico.
The Dogs + Señor No + Jerry Spider Gang, Orthez, 23.02.02:
Par L Van B
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C'est finalement dans un gymnase d'Orthez qu'aura eu lieu ce concert initialement prévu à la Moutéte.
Jerry Spider Gang, tristement désigné d'office pour ouvrir le bal en lieu et place d'un groupe de reprises local que l'on ne souhaite même pas mentionner (un doigt chacun, donc) nous font une
démonstration de punk-rock sauvage rondement menée. Lunettes de soleil arrogantes pour Lo Spider qui y va de la vanne pour le public Orthezien, terré au fond du gymnase, solidement arrimé au bar. Ah Ah.
"The beast" pourrait rester comme le titre du Gang qui illustrerait le mieux la soirée, tant la bête a effrayé les locaux. Mais nos chères saucisses de Toulouse ont carrément assuré tout du long pour la poignée de fans accrochés à la barrière. Une bonne reprise de Turbonegro, un extrait de leur nouveau single chez Pitshark : "This is my life". Ca donne envie de les revoir dans des conditions un peu plus rock, té!
Pourquoi ne pas se déplacer pour voir un des meilleurs groupe de high energy r'n'r français, huh, pourquoi? Ils sont en tournée en Avril. J'y serai, moi!
Señor No, de puta madre! Ils sont là, enfin, ils ont passé la frontière, ça y est! L'invasion Basque est en route. Et autant vous dire que je vais tout faire pour les aider à remonter aussi haut qu'on trouve de la terre en Europe. Après des années de concerts en Espagne et au pays Basque, fort de leur experience, ils ont carrément ravi le public. Un vrai kidnapping. Un certain Mighty Yo me glissera même son opinion après le show: "Soudain, j'ai cru qu'il y avait 2000 personnes dans la salle". Sans timidité, ils ont exposé leur vision du R'n'R aux frenchies, et malgré la barrière du langage, ils ont fait mouche. Les classiques du groupe passent à la moulinette, Xabi eructe ses accents Basques,
le bel Imanol fait crier ces dames et fait des sauts de cabrit, la section rythmique martèle avec vélocité la scène improvisée. "Mira mi dedo" ou "Masacrante", en version originale comme toujours, et quelques nouveaux titres de qualité, me semble t-il bien. Leur nouvel LP doit être sorti, à ce jour, sur Loli Jackson. Un bel album comprenant une reprise de Rory Gallagher, dont ils sont des fans absolus.
A suivre.
Et les Dogs, alors? Hein? Montés sur scène à plus de deux heures du mat', un peu cabots (facile) et si sûrs d'eux, Laboubée & co ont quand même réussi à revigorer nos oreilles. Et le son clair de la fender de Domi fut plus que bien accueilli après la tornade Señor No qui ne leur aura laissé que peu de chance de faire de ce concert un concert vraiment inoubliable. Bien sûr,
voir les Dogs en concert, c'est approcher le Mythe, celui du plus célèbre des groupes de rock Français. Bien sûr, le groupe a des qualité indéniables. Le show commence en un instrumental auw accents surf-rock. Le bassiste est tout simplement époustouflant. Le premier bassiste à vraiment me bluffer depuis longtemps. C'est.. c'est à voir, il n'y a pas d'autre mot. Quelques morceaux issus de leur dernier Lp, quelques vieux "tubes" de l'epoque épique, dont "Shadow of Light", c'est comme écouter une compilation du groupe, et on entendra même une version parfaite du 1,2,5.
Le concert finira en un clin d'oeil sympa, "I wanna be your dog"
joué à l'unisson par Speedie et Lo Spider du Gang, trois Dogs dont Domi et Olivier ex TV Killers, nouveau The Jakes, et membre d'honneur du Jerry Spider Gang.
Finalement, cette fraîcheur si eighties qui émane du groupe, aura eu le mérite de nous ramener en arrière avec mélancolie, et de nous changer des assauts soniques actuels. Il y a peut être une leçon à tirer de cela. Le premier groupe à comprendre et à mettre en application le fait que notre punk rock a besoin d'un sérieux coup de hanche, et qu'un peu de richesse sonore pourrait réellement emmener tout ça dans les étoiles, celui-ci, donc, aura gagner son entrée au sacro-saint paradis des groupes mythiques. A eux de jouer.
Gasolheads + Holy Curse, Farenheit, Issy-les-Moulineaux (92), 22.02.02:
Nos chers Holy Curse ont entamé les hostilités, nous présentant au passage leur nouveau batteur qui n'a rien d'un débutant puisqu'il a de longues années de services et des tonnes de shows derrière lui avec les Backsliders. Malgré d'ennuyeux problèmes de son, les parisiens ont démontré que ce batteur avait trouvé sa place bien rapidement faisant preuve à la fois de subtilité et d'entrain devant des compos montagnes russes à l'australienne - crescendos et decrescendos à go-go - et des solos courts mais ô combien inspirés. Le clou du spectacle sera la fin du set avec leur reprise tonitruante du "City Kids" des Pink Fairies et surtout "Descent into the maelström" des Radio Birdman. Pour cette dernière chanson, le chanteur Eric, plus habité que jamais, ne tenait littéralement plus debout, s'effondrant toutes les secondes à mesure qu'il descendait avec brio dans cette reprise d'un des morceaux les plus sompteux et les plus difficile de Deniz Tek. Voilà de quoi terminer un set en beauté et faire oublier les rôdages inévitables d'une formation qui finira bien par exploser à la face du grand public un jour ou l'autre.
Les marseillais des Gasolheads faisaient leur première scène en région parisienne. Très au point le groupe en rouge et noir, a fait preuve d'une hargne rare chez les formations garage punk'n'roll de l'hexagone. Un croisement teigneux entre les Angry Samoans et Motorhead avec une bonne pinçée de Zeke pour le côté heavy speedé rentre-dedans. Un ensemble compact et convaincant, parfois un peu linéaire mais comprenant quelques hymnes imparables qui devraient séduire de plus en plus d'oreilles si l'on en croit par la sortie d'un nouveau disque sur le label américain Deadbeat. Bref, un bien bon groupe scénique, énergique et bruyant. Nico.
Tomahawk + Dälek, Elysée Montmartre, Paris, 18.02.02:
Tomhawk est un des nouveaux groupes de Mike Patton (Faith No More, Mr Bungle, Fantômas) composé de Duane Denison (ex-guitariste de Jesus Lizard), Kevin Rutmanis (ex-bassiste des regrettés Cows) et l'ancien batteur d'Helmet. Bref un gang de rescapés du rock "alternatif" US des années 90, plus ou moins frappadingue. Mais ne brûlons pas les étapes. La lourde tâche de chauffer la salle devant un parterre de fanatiques de Patton (dont quelques chevelus hollandais sérieusement lourdingues) est revenu au groupe hip hop américain Dälek. Signé sur un petit label rock (Gernd Blansten), le groupe se compose de 2 DJs-bidouilleurs et d'un rappeur de la corpulence d'un Notorious Big ou d'un Terminator X, particulièrement convaincant. Dälek dévoile une sorte d'electro hip-hop dans la lignée des excellents Anti-Pop Consortium, des beats bien gras avec les basses écrasées, des boucles de drums parfois accélérées, deux ou trois samples de guitares, des scratches grinçants, quelques breaks bien pensés et climax chaotiques. Un set solide et prometteur d'un groupe amateur de bières qui ne souhaite s'enfermer dans aucun clichés et ils ont bien raison.
Le set de Tomahawk était également bien rôdé. Des compos et quelques reprises sur lesquels la voix de Mike Patton, modulable par divers effets et naturellement caméléon en diable fait souvent des merveilles. Quelques bricolos sur un MKII flambant neuf sont également les bienvenus. Quant au reste du groupe, ils ne semblent tout de même pas forcer leur talent. La guitare de Denison manque sérieusement du tranchant qu'elle avait dans Jesus Lizard. Là on dirait un vain effort de subtilité qui se réduit à un minimalisme presque soft-rock (terme désignant la soupe qui passe sur le Mouv' ou sur Ouï fm). Le bassiste semble absorbé mais reste discret, il pourrait jouer dans un groupe 60's avec ce jeu là. Le batteur, besogneux fait son bouleau correctement mais compte tenu de son équipement aurait pu nous faire un truc plus interessant au lieu de reproduire un jeu à la Helmet. Bref, au niveau des compos, Tomahawk fait quand même du neuf avec du vieux, pêchant allègrement dans un rock des années 90 en le mettant au goût du jour avec quelques bidouillages et montées en puissance. Heureusement que Patton est là, sinon.... Nico.
SDZ Party w/ The Rebel + The Jakes + Wonky Monkees, Nouveau Casino, Paris, 17.02.02:
Liars, Nouveau Casino, Paris, 16.02.02:
Un concert sur invitation, le plus souvent, ça sent la chemise fraîchement repassée du gars qui ne sort jamais ou le dollar puant d'un directeur artistique en manque d'inspiration (pléonasme?). Mais les Liars de New-York n'ont rien à foutre de ces considérations d'autant qu'en l'occurence la salle semblait être remplie de quelques véritables amateurs de rock'n'roll malgré une majorité de poseurs qui ne viennent là que pour parader avec leur nouvelle veste en cuir (genre les gars je suis in, j'écoute du rock'n'roll). Non, Liars était prêt à foutre une bonne leçon à tout le monde y compris moi bien entendu. Ils s'installent avec nonchalance. Le chanteur est un vrai géant, on dirait le frère aîné de Gummo, le héros du film d' H. Korine. Le guitariste fait dos à la scène et, vouté, commence à malmener sa guitare. Il la triture la malmène, le son rapeux et trachant me fait immédiatement penser à Gang of Four!! Le chanteur? Un putain d'allumé, le bougre monte partout, saute de la scène, se balade dans le public. Bref, il fait son numéro de gorille du rock pour hisser cet enchevêtrement sonore de Gang of Four, Big Black, Suicide et Parliament (pour la basse très funk) vers des sommets. Ils sont signés aux US sur Gernd Blansten, petit label de quality et en Europe, ils vont sortir leur disque sur Mute, le chanteur va pourvoir se payer un nouveau T-shirt sans manches et exhiber encore longtemps ses dessous de bras (tiens, une pensée pour Patti Smith). En tout cas ils sont la confirmation éclatante de la vitalité actuelle de la scène rock'n'roll new-yorkaise entre le retour aux sources du JSBX et la montée de nouveaux surdoués comme The Seconds, the Yeah Yeah Yeahs ou Les Savy Fav. Nico.
The Monroes + Black Moses, Péniche Makara, Paris, 14.02.02:
Les Monroes sont un des secrets r'n'r les mieux gardés de la capitale. On avait pu les apprécier en première partie des Vipères l'été dernier, ils sont de retour avec un disque sous le bras. Un set toujours aussi fumant et toujours
des étoiles dans les yeux quand on constate le talent du lead guitariste, véritablement
fulgurant. Reprises et compos se mélangent allègrement pour sortir le meilleur du NY punk crasseux lignée NY Dolls, l'énergie de Dr. Feelgood,
quelques incursions power pop et de la classe à la Chesterfield Kings.
Le trio anglais Black Moses m'a ensuite complètement hypnotisé: ils réussissent de manière vraiment brillante à produire une musique à la fois
heavy et groovy (une basse monstrueuse), invoquant le Grand Funk Railroad, Kyuss ou Fu Manchu mais avec une approche bien à eux. Les compos tournoient, guitariste et chanteur se relaient dans les incantations avec hargne et énergie et le résultat est là: le public est accroc, le public danse, le public en demande encore!! Une excellente découverte, on tient là
un très grand groupe qui mérite un large succès!!
Nico.
Dimi Dero & The Cremated Remains + The Jerry Spider Gang, Péniche Blues Café, Paris, 13.02.02:
Pluies torrentielles et match de foot n'ont pas aidé à remplir la Péniche qui n'a accueilli qu'une cinquantaine de personnes pour cette belle affiche réunissant deux des meilleurs groupes r'n'r de l'hexagone. Pas vraiment perturbés par les fuites de la péniche,
Dimi Dero et sa troupe ont confirmé sur une courte durée et dans conditions moyennes, la bonne opinion que j'ai d'eux depuis leur excellent set en première partie des Dum
Dum (cf ci-dessous). Vraiment un groupe à suivre, ne les manquez
pas.
Les Jerry étaient sans doute déçus de voir si peu de monde mais, et c'est là une très grande qualité,
ils ont joué à fond sans se poser de question. Ce groupe se détache vraiment du lot dans la scène high energy r'n'r frenchie et je me demande encore pourquoi ils n'ont pas été
invités à faire une petite démo outre-Atlantique, en Scandinavie ou chez les kangourous, histoire de montrer qu'ils ont largement de quoi se frotter aux Dictators, Hydromatics, Onyas, Hellacopters et autres Gluecifer.
Les compos sont rôdées, le chant très rentre-dedans, les choeurs rageurs et les courts solos sont
trippants: ils sont sans conteste très au point. Quelques problèmes techniques ont malheureusement empêché de saisir le groupe sous son meilleur son mais on ne peut qu'espérer qu'ils reviennent bientôt, histoire de se prendre la claque en pleine face et avec encore plus de punch.
Nico.
Jon Spencer Blues Explosion, Mains d'Oeuvres, St-Ouen, 12.02.02:
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Concert suprise et gratuit du JSBX à l'occasion d'une tournée promo pour leur nouvel album. Ils ont d'ailleurs dans plusieurs grandes villes européennes (Cologne, Madrid, etc.) procédé de la même manière en conviant
en dernière minute quelques happy few à découvrir les chansons de ce nouveau disque....et surtout constater le retour en force du groupe!!
Quelle explosion!! Le groupe semble se la jouer profil bas, trio compact, prêt à en découdre et à récupérer son trône.
On sent la niak, les enchaînements sont parfaits, aucun temps mort, les nouvelles chansons malaxent magnifiquement le blues originel, tout est passé au mixeur crasseux et suant, fini les paillettes de l'electro-fonk-ponk, c'est un
retour aux sources du torrent JSBX. Spencer semble avoir gagné en humilité et ses deux comparses restent des musicos hors-pairs qui ont tout donné pendant plus d'une heure. Rappel avec un
"Bellbottoms" de folie: tout est dit, JSBX strikes back!
Nico.
Dimi Dero & The Cremated Remains + Dum Dum Boys, Nouveau Casino, Paris, 30.01.02:
Carte blanche aux Dum Dum, quelle bonne idée!! Les niçois l'ont bien préparé cette soirée, ils les méritent leurs lunettes noires! En ouverture, c'est leur ami
Dimi Dero qui a présenté son nouveau groupe composé entre autres d'une clavieriste et du bassiste des Holy Curse. J'ai beaucoup aimé leur concert.
Une ambiance à la Scientists/Gun Club mais surtout une tension, des gorges serrées, des coeurs qui battent vite, des cris, des
chuchotements. Dimi est un chanteur de grand talent, ses compositions dévoilent une forte personnalité. La présence d'un clavier agace certains tout comme la lenteur de certains rythmes mais il s'agit pourtant de composantes indispensables au charme de ce groupe qui,
à l'instar des Von Bondies, sait magnifier avec lyrisme la noirceur du rock'n'roll, celui qui a toujours le blues dans le bide.
Après cette excellente mise en oreilles, les Dum Dum nous ont fait une éclatante démonstration de rétro-futurisme rocknrollesque, arty, séduisant, chaud,
humide. D'abord ils ont eu la bonne idée d'inviter leurs amis de Taupe Films qui ont projeté pendant toute la soirée des images en couleur, grincantes, coquettes, des couvertures de
pulp, des articles à sensation, des photos de bikinis, des privés, des revolvers. Le groupe a pris son temps pour développer une bonne sélection de ses morceaux fiévreux, pyschédéliques, dansants avec des bons coups de fuzz qui couvrent toutes les discussions des poteaux du bar.
Comment ne pas tomber avec eux dans leur "Vicious Circle", prier avec leur "Never Give Up", suer sur leur mythique "Let's twist" et j'en passe beaucoup. Il y avait un petit groupe de filles au premier rang qui sont rentrées dans le trip tout de suite. Je les remercie, c'est bien de voir des gens bouger et apprécier cette musique qui fait danser la tête et tourner les yeux. Alors les points à améliorer? Aucun, chef, c'était
une bonne soirée du début à la fin!
Nico.
Blutt + Les Dragueurs +
Les Groovers,
La Malterie, Lille, 19.01.02:
Par Bruno RKT
Assistance relativement réduite mais plutôt bienveillante pour cette triplette parisienne de visite cheu nous zot dinch' Nord. A peine le temps d'échanger quelques mots avec Sid Vishnou à propos du passage des Dragueurs au Rock Press Club de Manouvre, et hop,
Blutt entame les hostilités ; 21h30, un peu tôt peut-être pour une bonne partie du public en train d'arriver ou de digérer. Un peu tendu, le quatuor nous gratifie quand-même d'un
excellent set, avec quelques grands moments (dont leur « Kaputt » qui figure sur le dernier 45t donné avec le Larsen zine # 18). Z'ont pas l'air très content de leur perf, les lascars, mais la mission « chauffage du public », forcément ingrate et frustrante, à tout de même été brillamment remplie. Un gig en tous cas bien plus carré que celui d'il y a 2-3 ans à Villeneuve d'Ascq, même si
leur côté bordélique casseurs de cordes pas toujours en place ne me gêne pas du tout ; ça fait partie de leur charme!
Les Dragueurs profitent du warm-up et occupent très vite le terrain, Jon Von en forme nous la fait Un Américain Largué à Paris en visite dans l'Nord ouahow qu'elles sont mignonnes les Lilloises, Grégoire et Sid assurent comme des bêtes, Jon se lance dans ses inimitables pas de danse, et tout le monde rigole.. c'est dans la poche, très tight aussi les trois compères, et
leur Dutronic Punk Rock ultrabasique et gonzessophile séduit, même si parfois à la longue ça peut sembler répétitif. Bon, personnellement ça ne me dérange pas, et on a été quelques-uns à jerker et twister sans arrière-pensées sur leurs reprises (Soapy/Sylvie, Kara-Lin/Valérie, ..) tout comme sur leurs «tubes » (Lunettes de Soleil, Aspirateur à gonzesses, ..).
Keep on Draggin', boys!
Les Groovers, enfin, .. chouette premier album sous influence
Velvet/Shangri-Las/Scientists, chouette pedigree, de quoi s'attendre à une
bonne claque, quoi ! Ouais, une sacrée claque, même : honnêtement, je ne m'attendais pas à un gig d'une telle classe! Parfaitement à l'aise et parfaitement carré, le nouveau combo du Bratch assure à tous les niveaux. Look classieux (costards et guitares vintage), son millésimé mais sans excès revivalistes, et surtout compos qui tiennent debout toutes seules (même s'ils ne jouent en live que quatre titres extraits de l'album). Les reprises sont judicieusement choisies et reflètent bien les influences du quintet : In Our Time (Kool ! Une de mes Nancy Sinatra favorites !!), Fix Me Up (un Kim Salmon très groovy) et un Crazy Date (Crazy Teens) dantesque en guise de rappel à rallonge, Jon Von empoigne une guitare et les rejoint, countrybilly hooks de première bourre et audience en transe, le sourire jusqu'aux oreilles..they just stood there oh so neat while they played their swingin' beat..Realah Koolah Sophisticated Boom Boom, indeed!
The Chadbournes 2002, Eglise St Saturnin (Gentilly), 17.01.02:
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C'est dans une église (!!!) que nous retrouvons le Dr. Chadbourne (guitare/banjo) notre destructeur de country-rock favori, pour une création originale avec des musiciens hors-pair: les américains
Barry Mitterhof (mandoline) et
Walter Daniels (harmoniciste d'Austin, collaborateur régulier des Oblivians et des Hard Feelings) ainsi que l'incroyable trompettiste italien
Roy Paci. Sur le papier, on est plus que surpris par une telle formation mais en même temps on fait confiance presque aveuglément à Chadbourne pour en tirer quelque chose
d'hallucinant, de prenant, d'enjoué, de
novateur. Et c'est bien ce qui s'est passé après une première chanson en forme de rôdage dans laquelle il n'y a avait pas encore de son de groupe mais plus une somme de sons individuels. Très rapidement tout se met en place sous le patronage de Chadbourne, tel un shérif bricoleur de sons, jamais effrayé par les expérimentations les plus osés, les improvisations les plus improbables et les finals de chansons les plus chaotiques. Utilisant parfois une trompette bouchée,
Roy Paci, se révèle être un jazzman atypique et
exceptionnel. Mitterhof apporte un son original avec sa mandoline entre western-spaghetti et musique romantique. Et Daniels y va des quelques interventions bien roots à l'harmonica qui se complètent parfaitement avec l'approche folk de Chadbourne, son chant si sympathique et sa virtuosité au banjo et à la guitare. Un concert vraiment ahurissant qui
confirme Eugene Chadbourne comme l'un des musiciens les plus aventureux et les plus talentueux du moment. Nico.
Bang! + Men in the Moon + Les Terribles, Péniche Blues Café, Paris, 08.01.02:
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Dès l'arrivée sur la péniche, je me suis dit que ce ne serait pas un concert comme les autres: il y avait un
light-show des plus psychédéliques déjà en place et le public était largement présent en costumes sixties d'époque.
Les yeux bariolés et la tête dans la
sono, on n'oublie vite les tracas du bar pour vous rendre la monnaie sans hésiter et sans roter (Euh! Rot!). Les
Bang! qui viennent de sortir un 45T sur le label australien Corduroy (il me semble bien que c'est une première pour un groupe de l'Hexagone) attaquent les premiers la soirée.
Tout le monde se lève pour Bang!
Pas besoin d'avoir l'hiver dans sa cuillère! Il ont débuté leur set avec une reprise des Seeds si je me souviens bien. Par la suite on n'aurait pu croire à un groupe mod mais ils m'ont fait plutôt pensé à
Love, version psyché minimaliste avec en particulier un guitariste pas avare d'expérimentations. Il y a quelques bonnes chansons mais l'ensemble n'est pas encore très rôdé, les cercles ne tournent pas assez vite et on reste les pieds sur terre. Par contre le groupe suivant, les
Men in the Moon, dans une nouvelle formation, en a étonné plus d'un. Le nouveau chanteur semble droit sorti des 60's et leur set hyper carré et lyrique les a
hissé sans problème au niveau des repectés Music
Machine! Rien de moins! Et pour un groupe frenchie, c'est assez rare pour être souligné. Ils n'en sont pas à leur premiers pas sur la prairie sixties si on n'en juge pas les prouesses d'un guitariste vêtu d'une peau de mouton (berger peut-être mais Michel sans doute pas!) ou du chanteur survolté, se contorsionnant comme un beau diable ligoté par des chaînes subliminales. Surmotivés par cette prestation ravageuse, bien qu'un peu déçus par le départ précipité d'une bonne partie du public,
les Terribles ont ensuite délivré l'un de leurs meilleurs concerts. Energie débordante,
yéyé limite crust, twist limite hardcore, l'attitude était là et le résultat sonore à la
hauteur. C'était une bonne soirée pour se retourner la tête en musique. Nico.
IMPORTANT: N'hésitez pas à m'envoyer vos chroniques de concert!!